30 H DE COURS POUR LES ENSEIGNANTS : Promoteurs d’écoles privées et enseignants mécontents

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La rentrée scolaire 2020-2021 a démarré le lundi 28 septembre dernier sur toute l’étendue du territoire national. Enseignants et élèves ont donc repris le chemin des classes pour le bonheur de l’école béninoise. Cependant, à quelques jours de cette rentrée, le gouvernement a annoncé le réaménagement du quota horaire des enseignants appelés pré-insérés ou encore aspirants dans les établissements publics. Ainsi, de 20 heures de cours par le passé, ces pré-insérés sont désormais appelés à effectuer 30 h de cours par semaine dans ces établissements. Une situation qui aura d’impact sur le fonctionnement des écoles privées qui utilisent le même personnel enseignant. Alors, depuis l’annonce de la nouvelle qui est venue au moment où ils s’attendaient le moins, les idées sont partagées entre consternation et désolation aussi bien dans le rang des aspirants que des promoteurs d’établissements privés.

Samira ZAKARI

30h, c’est la nouvelle masse horaire à exécuter par les pré-insérés dans les établissements publics d’enseignement général. La décision a été confirmée le 25 septembre dernier par le Directeur Adjoint de Cabinet (Dac) du Ministère des Enseignements Secondaires, Technique et de la Formation Professionnelle Marcellin Hounwanou sur la radio Capp Fm a fait savoir laméteo sur son site internet. Selon le Dac, cette décision vise à régler le problème de manque d’enseignant dans les établissements publics. Il faut préciser que la nouvelle mesure parle aussi d’un système de bivalence qui consistera pour ces pré-insérés à enseigner deux matières en cas de besoin. « C’est une expérience que devront faire ces enseignants pré-insérés à compter de cette année, toujours dans le but de faire face au manque d’enseignants dans certaines matières notamment en français et en mathématiques », a fait savoir Marcellin Hounwanou. Alors pour motiver ces pré-insérés à s’engager dans cette tâche qui n’est pas facile, une augmentation a été faite sur leurs salaires en fonction de la catégorie.

Cependant 30 h de cours uniquement pour les établissements publics, cela implique que ces enseignants n’auront plus le temps pour remplir leurs engagements pris au niveau des autres collèges privés. C’est connu de tous, face au manque de ressources humaines, les établissements publics et privés au Bénin utilisent pratiquement le même personnel enseignant. Mais avec cette augmentation de la masse horaire des pré-insérés dans le public, ceux-ci ne pourront plus se rendre disponible pour le privé. Une situation qui créée de la désolation dans le rang des promoteurs des établissements privés et des aspirants eux mêmes.

Tel un requiem ?

Dans une interview accordée à la radio Fraternité, Claude Ticou président du patronat des écoles privés du Borgou a manifesté son mécontentement face à cette décision qui selon lui aura un impact sur le fonctionnement de ces établissements privés. « Après avoir traversé la période de pré-rentrée, nous avons constaté avec regret qu’au niveau des établissements publics l’Etat a exigé que les aspirants passent de 20h à 30h de cours. Or, ne l’oublions pas, les établissements privés comme publics utilisent les mêmes enseignants. Les emplois du temps ont déjà été établis, et voilà avant hier il est annoncé qu’on donne 30 h aux enseignants aspirants dans le public. Et il y aura forcément un blocage au début au niveau des écoles privés », a déploré Claude Ticou, coordonnateur du patronat des établissements privés du Borgou.
Sylvain Kponou, promoteur d’établissement privé à Parakou va dans le même sens que son prédécesseur et précise que cette décision viendra chambouler le programme déjà établi avec les pré-insérés avant la rentrée. « Avec 30 h de cours dans les établissements publics par les pré-insérés, nous auront comme impact le manque d’enseignants au niveau du privé puisque ces enseignants n’auront plus de temps pour encadrer nos élèves. Et même s’ils s’entêtaient à prendre des heures au niveau du privé, ils seront inefficaces parce qu’exécuter 30 h de cours au public, préparer les fiches, dispenser les cours, apprécier les cahiers de notes des apprenants, ils ne pourront plus rien donner au niveau du privé. Il faut préciser que nos emplois du temps étaient préparés en tenant compte de ces aspirants qui étaient avec nous. Et c’est seulement ce week-end nous avons appris la nouvelle », a-t-il laissé entendre.
Dans le rang des aspirants eux-mêmes, c’est de l’indignation et la consternation. « Avec 30h de cours pour un seul pré-inséré, c’est plusieurs autres qui sont envoyés au chômage. Et cela ne sera pas facile à gérer pour nous. Aussi avec la bivalence dont parle la décision, des enseignants se verront en train de faire des matières dans lesquelles ils ne sont pas spécialistes, ce qui agira sur la qualité de l’enseignement. Pourtant en procédant au recrutement des pré-insérés, l’Etat à précisé que peuvent postuler uniquement les personnes ayant des diplômes dans les matières enseignées dans les écoles et ceux ayant fait les écoles. Mais s’ils amènent aujourd’hui le système de bivalence, c’est dire qu’ils sont en contradiction avec leurs propres idées. On surcharge certains enseignants et au même moment, d’autres sont assis à la maison. Il faut préciser que par devoir, chaque enseignant aura désormais au moins 500 copies à corriger en plus de la préparation des fiches qui est quotidienne », a confié un pré-inséré en précisant qu’il y a rien de pire que la fatigue intellectuelle.
Issa Soumaïla, un autre pré-inséré se désole que cette décision tombe seulement quelques jours avant la rentrée alors qu’il avait pris des engagements avec deux autres collèges privés.

Alors même si la décision de réaménagement du quota horaire des aspirants touche beaucoup plus les établissements privés qui perdront plusieurs de leurs enseignants, ils tiennent à rassurer tout de même les parents d’élèves de faire le nécessaire pour avoir leur confiance et donner toujours de bons résultats. « Les établissements privés anticipent toujours pour contrecarrer ces difficultés. Je tiens à rassurer donc les parents d’élèves qu’ils n’ont pas à s’en faire », indique Claude Ticou.

Ils invitent également l’Etat à revoir les choses et à, pour les fois à venir, demander l’avis de tous les acteurs avant la prise des décisions les concernant.

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