MARIAGE TRADITIONNEL AU BENIN
La réticence des jeunes béninois face à la dot
.Une pratique en voie de disparition
Autrefois avant de se marier, il faut d’abord franchir létape de la dot. Cette étape marquée par un don généreux de la part du futur marié à l’ endroit de la famille de sa fiancée. La dot avait un sens symbolique et se faisait dans la simplicité et sobriété totale. Cependant, cet acte symbolique prend aujourd’hui une tournure dangereuse rendant les jeunes réticents face à cette tradition.
Athalie GBAGUIDI (stg)
Le code des personnes et de la famille en république du bénin en son article 142 dispose que «Le mariage civil ne saurait être célébré sans la remise de la dot au préalable ». Cependant, nombreux sont ces jeunes qui se marient sans penser à la dot. Ils délaissent sans le moindre souci cette phase de l’avant mariage qui est un patrimoine culturel. Entre temps, la dot était un acte qui reflète la valeur de la femme, prouvée par la virginité. Parlant de la virginité d’ailleurs c’est ce que l’homme faisait l’effort d’acheter auprès de sa belle famille. En plus, la dot un acte de reconnaissance de la bonne éducation que la fille a reçue de ses parents. Brigitte Houdonougbo la cinquantaine affirme, « Une fille dotée est très respectée par ses proches et fait l’honneur de sa famille. La grandeur de la dot incarne La valeur qu’elle porte au yeux de son homme». En son temps, de tel geste est pour féliciter la fille pour sa dignité et pour consoler sa famille en occurrence les parents du fait de la séparation que le mariage occasionne entre la future mariée qui doit rejoindre son époux après cette cérémonie. La dot traduit aussi la capacité qu’a l’homme de prendre soin de sa femme, un signe d’assurance pour la belle famille. C’est ce qui justifie la somme d’argent et les différents articles dans la dot.
Quels est le sens de la dot selon la jeune génération?
La jeunesse actuelle ayant méconnaissance du sens réel la balaie du revers de la main. Faut-il donner la dot ou pas ? Cette question suscite beaucoup de polémiques dans le rang des jeunes à cause du contraste entre la tradition et la modernité. La jeunesse est partagée en raison de la conception de part et d’autre. Pour les uns, il s’agit d’une pratique rétrograde ruineuse réservée uniquement aux riches. « Maintenant pour doter une fille nécessite assez d’argent, parce que sa famille exige une liste kilométrique des choses à acheter et une somme colossale à verser, hors moi je n’ai pas ce pouvoir», déclare Jérôme étudiant. Pour d’autres les temps ont évolué et s’explique par la rareté des filles vierges de nos jours. Donc, plus question alors de continuer avec cette pratique. Ariel Nassounon dit a ce propos, «Doter une fille qui a connu plusieurs hommes avant moi, c’est jeter de l’argent par La fenêtre». A son avis, cet argent investit peut servir à d’autres fins utiles. Lidée de la dot n’est pas seulement rejetée par les jeunes hommes mais aussi par certaines filles. Seulement qu’à ce niveau elles se disent éviter la conséquence qui peut en découler. Ainsi Monique Ayana dixit, «Je ne veux pas être esclave d’un homme à cause de son investissement pour ma dot ». Il faut donc noter à partir de cette affirmation l’évolution de la mentalité des filles à l’heure actuelle. L’idéologie de la parité entre l’homme et la femme est une entrave pour la dot. C’est d’ailleurs ce que pense dame Samirath, « une femme émancipée ne doit pas attendre la dot de son fiancé, si nous voulons la parité nous devons remédier a certaines pratiques comme la dot».
Ainsi, il est bien clair que la question de la dot ne reçoit pas l’assentiment de tous les jeunes qui est pourtant une valeur culturelle à préserver. Pour ce faire, il est important que la dot redevienne un acte purement symbolique selon les capacités des fiancés pour pérenniser cette pratique qui fait partie des éléments identitaires de l’Afrique.
