4E ANNIVERSAIRE DU POUVOIR DE LA RUPTURE
Talon à un an du triomphe ou du fiasco ?
Il y a de cela quatre ans, le Bénin s’engageait dans un nouveau mode de gestion avec l’arrivée au pouvoir du quatrième président de la République à l’ère du renouveau démocratique. Patrice Talon est ainsi devenu le successeur de Boni Yayi. Mettant son mandat sous le signe de la rupture et du nouveau départ sur fond de réformes conséquentes, le nouveau Chef d’Etat rassurait les béninois de ce qu’il sera porté en triomphe à la fin de son mandat. Alors, après quatre années de gestion, il convient de se demander si Patrice Talon est déjà à un an de son triomphe ou à un doigt du fiasco.
Edouard ADODE
Dans douze mois, Patrice Talon sera à la fin de son premier mandat conformément à la constitution du 11 décembre 1990. En ce jour où la rupture fête son quatrième anniversaire dans une ambiance caractérisée par l’interdiction de toute manifestation à cause de la Covid-19 qui fait ravage partout. Cependant, il est important de revenir sur le chemin parcouru en quatre années de rupture afin de voir si effectivement dans les douze prochains mois le triomphe que promettait le Chef de l’Etat serait au rendez-vous.
Quelques prémices du triomphe
Sans prétendre dresser un bilan exhaustif de ces quatre années, il y a déjà certains résultats qui présagent du triomphe pour le Chef de l’Etat Patrice Talon. Alors, considérant le bilan du régime défunt qui a été caractérisé par nombreux scandales financiers dont les traces sont encore visibles jusqu’à présent, Patrice Talon est en voie de mériter les lauriers de son peuple sur le terrain de la lutte contre l’impunité. Ce qui a effectivement drastiquement agi sur la régression de la corruption et des détournements des deniers publics au Bénin. La création de la Cour de Répression des Infractions Economiques et du Terrorisme (Criet) est l’une des réformes judiciaires qui ont contribué à l’atteinte de ce résultat qui réconforte le Bénin dans les différents classements de Transparency International.
Il est de même des réformes engagées dans le secteur de la fonction publique où le droit de grève a été cadré afin de permettre la continuité du service public. Une réforme qui permet actuellement de sauver les hôpitaux publics qui pour des revendications corporatistes sont entre temps transformés en des mouroirs. Les apprenants dans les écoles, collèges, lycées et même dans les universités du Bénin ont du coup cessé d’être utilisés comme des victimes expiatoires des grèves perlées qui mettaient à genou le système éducatif déjà agonisant à cause de sa politisation à outrance.
Dans le domaine des infrastructures et d’urbanisation, un réel effort a été consenti par le Président de la République qui à travers le projet Asphaltage est en train de changer le visage de plusieurs villes du Bénin.
Hormis ces quelques actions phares, on peut déjà ajouter les exploits enregistrés dans l’agriculture avec le boom que connaît chaque année la production du coton, la digitalisation des services publics qui facilite la création d’entreprises au Bénin et les mesures sociales au niveau de l’état civil avec les différentes opérations d’identification des populations et l’amélioration de la qualité de la fourniture de l’électricité et de l’eau potable. Ces résultats s’affichent aujourd’hui comme une marque spéciale de la rupture.
Les couacs de la rupture
Malgré ses exploits en peu de temps, Patrice Talon a encore du chemin à faire pour réellement tutoyer le triomphe au terme de son mandat. Alors, le Chef de l’Etat doit chercher à corriger les quelques couacs notés dans certains secteurs qui continuent de battre de l’aile jusqu’à présent.
Ainsi, la question des libertés individuelles restent encore posées avec acuité au Bénin. Puisqu’il est clair que le Bénin se porte très mal dans les classements à l’international en ce qui concerne la liberté de presse. Le secteur de l’éducation se présente toujours comme le talon d’Achille du Chef de l’Etat qui peine à trouver le vrai remède à la baisse drastique du niveau des apprenants au Bénin et l’école béninoise ne cesse de former pour le chômage à cause de la qualité de l’enseignement.
Dans le domaine du social, plusieurs projets sont annoncés mais jusque-là, les béninois sont loin de sentir les vrais impacts de ces projets. La généralisation donc du projet Arch est attendue pour impacter les béninois. La microfinance est l’autre promesse qui est restée sans résultat pendant les quatre années alors qu’avec le régime défunt les femmes étaient déjà habituées à l’accès rapide aux finances décentralisées.
Dans le secteur de la sécurité publique, un grand pas a été franchi avec la création de la police républicaine. Mais cette réforme continue de laisser un goût amer aux agents des deux corps qui ont été fusionnés pour avoir cet instrument puissant au service des populations. Le goût reste également le même au niveau des acteurs politiques qui ont du mal à s’accommoder aux exigences des nouvelles lois qui régissent l’animation de la vie politique au Bénin.
Au demeurant, Patrice Talon semble être à un doigt de son triomphe mais doit appuyer sur l’accélérateur pour finir en beauté son premier ou unique mandat comme promis en œuvrant surtout pour la décrispation totale du climat politique.