La toile aura été bien animée le week-end écoulé avec des publications contradictoires entre le président Patrice Talon et son prédécesseur, Thomas Boni Yayi. Tout est parti de la rencontre d’échanges qui a eu lieu le vendredi 16 octobre 2020 entre le chef de l’Etat Talon et les partenaires sociaux, c’est-à-dire 7 confédérations des syndicats des travailleurs du Bénin. Ainsi, à l’issue de cette rencontre, le gouvernement a annoncé le payement de 15 milliards avec effet immédiat de dettes engagées avant 2016 aux travailleurs.
C’est après cette séance que le président Patrice Talon a fait une publication sur sa page Facebook expliquant avoir payé 52 milliards de Francs Cfa de dettes héritées envers les travailleurs sur un total de 94 milliards de Fcfa, depuis 2016. « De même, pour 49 milliards Fcfa de dettes envers les retraités, nous avons déjà pu payer 26,7 milliards Fcfa. A cela s’ajoutent 6,9 milliards Fcfa de prime exceptionnelle de motivation aux agents de la santé et 1 milliard Fcfa de prime de risque », a-t-il ajouté en précisant que le tout faisait de façon global 87 milliards Fcfa sur un total global de 173 milliards Fcfa dus aux travailleurs et retraités avant 2016, soit plus de 50% de niveau de paiement.
Mais, contre toute attente, c’est l’ancien président Boni Yayi qui sort de son gong en passant par le même canal pour apporter un démenti aux propos de son successeur. Boni Yayi dit qu’il ne se reconnait pas sur une quelconque dette ou arriérés validés en conseil des ministres à l’endroit des travailleurs sur la base des informations qui lui avaient été communiquées par ses ministères de tutelle d’alors. Mais il pense que « si ceci se confirmait, les engagements pris de manière consensuelle avec les travailleurs sont soumis aux principes de la continuité de l’État. Ce qui a conduit, et le Président Talon le sait, mon régime à apurer les arriérés salariaux de 180 milliards laissés par les régimes précédents à celui de 2006 au nom de la continuité de l’État ». Il est allé jusqu’à prendre les travailleurs et les enseignants en particulier de la maternelle jusqu’au supérieur à témoin. Il s’est alors dit surpris d’apprendre que son régime a laissé une telle dette à l’endroit des travailleurs.
On en était là, quand l’ancien préfet du Littoral, Modeste Toboula, toujours par le même canal, vient contredire le président Boni Yayi sous lequel il était syndicaliste. « En prenant seulement les dettes issues de la revalorisation du point indiciaire de 25 pour cent au profit des travailleurs du ministère des finances à la suite de l’affaire Dangnivo ce qui nous avait conduit à la création de la Coalition des Organisations Syndicales de l’Administration Publique (Cosynap) dont j’étais membre fondateur et secrétaire administratif, je peux affirmer que son régime avait bel et bien laissé des dettes », a-t-il martelé en faisant cas d’une grande injustice dans l’octroie des primes de motivation allant d’un ministère d’alors à un autre », s’est-il expliqué. Pour lui, les incidences financières découlant de cette revalorisation ont été planifiées pour être apurées en fin de mandat en 2016 mais malheureusement elles n’ont pas été apurées.
Face à cette guerre digitale, le peuple béninois se retrouve dans un flou à nul autre pareil. Il se demande finalement, qui détient la vérité et qui faut-il croire ?
Les béninoises et béninois ont besoin de connaitre la vérité. A cet effet, l’idéal serait qu’un débat contradictoire soit fait, comme l’a également souhaité l’ancien ministre des finances Komi Koutché, pour éclairer la lanterne de tous.
En tant que journaliste, nous sommes prêts à diriger le débat.
Wahabou ISSIFOU