ANNONCE DE CONTRUCTION DE 100 ECOLES PROFESSIONNELLES AU BENIN : Abdou-Wahab Garba Say fait des propositions au président Talon

3 ans ago | Written by
13 983 vues
0 0

Dans son discours d’investiture de son second mandat, le président Patrice Talon a annoncé la construction de 100 écoles professionnelles au Bénin. Selon les arguments avancés par le Chef de l’Etat, ces lycées devront palier le problème criard dans lequel végète la couche juvénile, en formant des jeunes pour l’auto-emploi. Cette proposition du président Talon pour trouver une potion au chômage ambiant, souffre de quelques insuffisances selon le conseiller communal de Kalalé, Abdou-Wahab Say Garba et spécialiste du développement local. Ainsi, Abdou-Wahab Garba a fait des propositions au chef de l’Etat, pour la concrétisation de ce noble projet afin de diminuer le taux de chômage des jeunes diplômés. Pour lui, en lieu et place de ce chantier de cent écoles professionnelles à travers tout le pays, il est plus rassurant de penser plutôt à l’identification des marchés comme étant la priorité pour l’environnement de l’emploi dans le Bénin. A l’en croire, il faut nécessairement réorienter les investissements vers des secteurs créateurs de richesses nationales et générateurs d’emplois à revenus consistants et durable. Lisez l’intégralité de sa réflexion.

Daniel KOUAGOU

Inadéquation formation/emploi : des propositions au Président de la République !

Des décennies passent mais la même chanson est toujours fredonnée ! « Il y a inadéquation entre formation/emploi ». « Nos écoles, lycées et universités ne forment pas pour les besoins du marché ». Le présent article dont les arguments datent de plusieurs années voit enfin le jour à cause de l’urgence dicté par l’actualité de l’heure. En effet, dans son discours d’investiture pour son deuxième mandat le Président de République, Son Excellence Monsieur Patrice TALON a annoncé un chantier colossal de construction de cent (100) écoles professionnelles pour que désormais sept (07) jeunes béninois sur dix (10) qui vont à l’école en sortent avec des connaissances utiles pour le marché et pour l’auto emploi.

Cette annonce du Chef de l’Etat, dont le pragmatisme dans des investissements structurants n’est plus à douter, a suscité ce réveil dont le but est d’apporter quelques idées pour l’accompagnement des réformes salvatrices de l’administration béninoise en cours depuis avril 2016.

A propos de ce que nous appelons la chanson, il nous plait de faire observer que s’il s’agit d’écoles professionnelles, notre système actuel en compte un certain nombre et dont les domaines ne sont pas des moins pertinents. Il est certain qu’une bonne analyse des raisons du chômage grandissant qui s’observe dans les rangs de celles et ceux diplômés desdites écoles est faite ; des diplômés qu’on retrouve dans tous les secteurs de débrouille aujourd’hui. Pour certains une reconversion dans le général a été la voie du salut. Pour s’en convaincre, un répertoire des diplômés des écoles professionnelles depuis 20 années peut être établi avec indication de leurs occupations professionnelles finales. Les quelques individus ayant réussis dans leurs domaines de formation ne suffisent pas pour convaincre de l’atteinte des objectifs de départ. C’est dire que les analyses de l’Etat, dans le domaine de l’emploi, ne doivent pas se baser sur le micro mais plutôt sur le macro. Sinon on prendrait des exemples dans les rangs de celles et ceux qui ont réussis dans la vie et qui n’ont pas passé par le chemin de l’école pour expliquer l’inutilité de l’école.

Aussi a-t-on comptabilisé le nombre de diplômés des métiers de couture, soudure, mécanique auto comme moto, maçonnerie, menuiserie, etc. dont leurs métiers ne les nourrissent pas convenablement ?

En toute connaissance du bilan mitigé, en termes de ‘‘gens formés pour des emplois sûrs et adaptés aux besoins’’, nous nous interrogeons sur les innovations des nouvelles formations projetées. C’est qui les futurs clients des désormais élèves et étudiants formés pour se consommer eux-mêmes ou être consommés sans modération par les entreprises de la place et dont les métiers leurs feront vivre au moins au même niveau que le fonctionnaire moyen actuel ? C’est la question que nous nous posons.

Sous réserve d’en savoir plus sur les conclusions prometteuses de l’étude de faisabilité du projet, nous avons des réserves sur leur réalisme. Sauf s’il s’agit de solution « Bon-débarra » en vue ; c’est-à-dire pour qu’après leurs formations, l’Etat ne les comptabilise plus comme demandeurs d’emplois dont l’Etat à a se préoccuper.

Pour nous, ce qui manque et qui ne fait pas encore objet de préoccupation c’est le fameux MARCHE dont-on parle assez. Il n’existe pas assez, pour le moment dans notre pays, de marchés pour lesquels on n’a pas trouvé de béninois pour les animer. Nous ne parlons pas une fois encore des cas isolés.

Pour ne pas continuer à nous tromper, disons-le clairement, le problème immédiat n’est pas dans l’inadéquation de nos formations aux besoins de l’emploi MAIS, dans la MAUVAISE GESTION voire le GASPILLAGE des ressources publiques. Et c’est là nous saluons avec RESPECT la dynamique des réformes dans l’administration publique engagée depuis l’avènement du Président TALON.

C’est pourquoi, en lieu et place de ce chantier de cent écoles professionnelles à travers tout le pays, nous proposons plutôt l’identification des MARCHES comme étant la priorité pour l’environnement de l’emploi dans notre pays. Des orientations du développement sur des secteurs porteurs dans lesquels notre pays a des avantages comparatifs seront vitales ; tout comme dans des secteurs à marchés internationaux non saturés.

Pour créer des MARCHES et faire les investissements conséquents pour la résorption du problème d’emplois des jeunes au Bénin, il faut nécessairement beaucoup ressources. La mobilisation de ces ressources passe par plusieurs chemins.

D’abord il faut repenser les investissements prévus pour cette création d’une centaine d’écoles professionnelles et revoir les ambitions à la baisse.

Ensuite la POURSUITE DES REFORMES DE L’ADMINISTRATION PUBLIQUE qu’il faut rendre adaptée aux réalités d’un pays qui s’administre lui-même et pour lui-même s’avère impérieuse. « Il faut donc aller plus loin dans les réformes entamées !» En effet le mode de fonctionnement de l’administration publique s’assimile à une fonction publique coloniale mais animée par des nationaux. Sinon comment comprendre des attributions de salaires et des avantages aux travailleurs ainsi que des pratiques qui soutiennent le chômage des enfants des mêmes travailleurs et du reste de la population. D’abord pour entrer dans la fonction publique c’est comme obtenir un privilège qui n’est pas destiné à tous ; et quand on y est, il faut travailler et gérer pour que les autres n’aient pas la possibilité d’entrer également ; alors que le travail à faire reste et demeure très abondant.

L’administration publique telle qu’elle est gérée dans nos Etats africains en général et dans notre pays en particulier, nous fait penser à ce ménage imaginaire dans lequel le Chef de famille agirait vis-à-vis de ses six (06) enfants à charge comme suit : « Quand nous vivions à deux avec votre maman et avec vos deux premiers grands frères, lorsque nous nous trouvons à table nos plats étaient d’une quantité et qualité données à chaque menu. Donc vous les derniers, souffrez que pendant que le coût de vie actuel ne nous permet pas d’avoir une cuisine plus importante, que nous, vos parents et vos deux premiers grands frères, nous nous garantissions les quantités et qualités habituelles. Vous, vous n’en avez droit que s’il y a un surplus dans notre pouvoir d’achat ». Conséquence, voici un ménage où le repas régulièrement préparé n’est servi qu’à une partie des membres de la famille. A cause de ce genre de comportement, on se trouve dans une situation où on est nombreux dans la maison mais on peut vivre sans parvenir à balayer la cours tous les matins parce que ceux qui ont droit à travailler n’ont pas le temps pour cela et que faute de partager le repas disponible avec tous les membres de la famille, on ne saurait demander aux autres qui ne mangent pas de s’occuper des autres tâches ménagères.

Tout se passe comme si nous étions en face d’une entreprise dont le PDG n’est pas béninois et ne vit pas au Bénin mais dont tous les employés, depuis le premier responsable au balayeur, sont tous locaux et donc en l’absence du suivi rapproché du PDG lointain, c’est la PAGAILLE qui règne.

En d’autres termes, ce qu’il faut revoir fondamentalement, c’est le principe de droits acquis des travailleurs. Pendant que les ressources de l’Etat sont mobilisées auprès d’agents économiques aux activités caractérisées par l’incertitude et l’instabilité, on assure des salaires acquis et CROISSANTS aux agents de l’Etat ; et ce pendant qu’on manque de donner le nombre d’enseignants qu’il faut aux enfants et aux populations en général, le nombre d’agents de santé suffisant pour favoriser l’accessibilité aux soins de santé à toutes et à tous.

Pour cela, il est important de penser à un mécanisme d’ajustement des salaires dans l’administration publique en fonction des ressources mobilisées et des besoins incompressibles d’agents pour le bon fonctionnement de l’administration.

C’est vrai qu’il est devenu courant de considérer qu’on fait du social lorsqu’on recrute pour pourvoir des postes où même les besoins sont d’acuités. Est-ce parce que les postes à pourvoir relèvent du domaine social qu’on qualifie ces recrutements comme tel ? Nous croyons que ce n’est pas le bon qualificatif. Un recrutement peut être qualifié de social lorsqu’il intervient dans un contexte de plein emploi et d’absence d’emplois nouveaux mais justifié par la nécessité de combattre l’oisiveté chez les jeunes diplômés ; prévenant ainsi des crises sociales.

Nous affirmons donc par-là que dans notre pays, il n’y a pas encore de place pour des recrutements à caractère social. Il y a plutôt des milliers de besoins de recrutements normaux.

On a souvent entendu critiquer l’approche des colonies françaises sur le mythe des diplômes comparativement aux pratiques dans les pays anglophones. Il faut alors changer aussi. Changer signifie revoir de fond-en-comble les règles de fixation et surtout les taux des salaires et autres avantages dans tous les corps et dans toutes les catégories de l’administration publique. C’est là l’un des moyens pour encourager les initiatives privées.

Ce faisant, c’est donner de l’oxygène pour le développement des initiatives privées. La comparaison étant le stimulus de quiconque a des ambitions, les jeunes ne pourront pas être motivés pour l’auto emploi, si le traitement et les pratiques des agents de l’Etat continuent d’être ce qu’ils sont.

TANT QUE LES TRAITEMENTS DANS L’ADMINISTRATION RESTERONT CE QU’ILS SONT, IL N’Y AURA PAS DE VERITABLES CANDIDATS A L’AUTO-EMPLOI. MAIS ON Y TROUVERA DES CITOYENS DEÇUS, FRUSTRES, CONTRAINTS SANS CONVICTION !

Pour conclure, nous voulons respectueusement inviter son Excellence le Président de République à :

revoir la taille du projet écoles professionnelles ;

poursuivre les réformes de l’administration publique pour économiser davantage les ressources publiques ;

en vue de :

réorienter les investissements vers des secteurs créateurs de richesses nationales et générateurs d’emplois à revenus consistants et durable ;

procéder au recrutement massif des jeunes au profit des services publics indispensables.

GARBA SAY Abdou-Wahab, 

Conseiller communale Kalalé,

Spécialiste du développement local

Article Categories:
A la une · Éducation · Nationale

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Daabaaru