APRES 34 ANS DE SERVICE A L’OBSS : Zeynabou Kouri Soumanou donne sa vie aux orphelins

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APRES 34 ANS DE SERVICE A L’OBSS

Zeynabou Kouri Soumanou donne sa vie aux orphelins

Chaque être humain au cours de son séjour sur terre, a une mission spécifique qui lui est destinée et qu’il doit accomplir avant son départ. Zénabou Kouri épouse Soumanou, depuis sa jeunesse avait un amour particulier pour les enfants pour avoir grandi avec les religieuses. Ainsi, par concours de circonstance, en 1965 elle devint auxiliaire de santé à l’Office Béninois de Sécurité Sociale. Pendant ses 34 ans de service au cours desquelles elle est restée en contact avec les enfants malnutris, Zeynabou Kouri Soumanou retrouve, dans sa retraite, une passion et une compassion pour les orphelins. Cette vieille au cœur d’or revient ici sur son parcours et sa vie de retraitée. Lisez plutôt.

Daabaaru : Pourquoi avoir choisi faire carrière à l’Obss ?

Zeynabou Kouri : Je dirai juste que j’ai intégré l’Obss par la chance. A l’époque je travaillais à la mairie de Parakou. Mais j’étais juste un agent occasionnel, je n’étais pas permanente. J’étais là en attendant de trouver mieux quand un concours fut lancé par l’Etat.

Dites-nous comment avez-vous intégré l’Obss ?

J’ai pris part au concours qu’avait lancé l’Etat en 1965 au profit de l’Obss. On était une cinquantaine à avoir composé mais à l’arrivée 2 personnes ont été sélectionnées et heureusement je faisais partie de ces deux retenus.

Parlez nous de vos débuts dans cette fonction

Apres la sélection, on a été appelé à Cotonou pour notre formation. C’est après cela que je suis revenue pour prendre service à Parakou. L’ambiance de travail n’était pas mal, tout a bien démarré. On était les premiers agents à avoir inauguré la maison là. En tant qu’auxiliaires médico sociales, on s’occupait du suivi des femmes enceinte jusqu’à l’accouchement. Aussi, on s’occupait des enfants malnutris qui venaient vers nous. C’était bien quand même.

Alors quels sont les avantages liés à votre métier ?

Le premier avantage c’est d’abord la reconnaissance des patients quand tu fais bien ton travail. Quand tu suis une femme enceinte qui arrive à bien s’en sortir pendant l’accouchement, cette dernière ne fera recours qu’à toi pour une prochaine fois. C’est pareil aussi pour les enfants qui après le suivi dans nos mains, retrouve la forme normale, récupère c’est une fierté pour soi-même mais aussi pour le parent de l’enfant qui te le reconnaitra toute la vie. Moi par exemple aujourd’hui quand je vais au marché, je reviens avec le panier plein sans rien payer à cause du service que j’ai eu à rendre à ces femmes pendant que je travaillais. Elles ne cessent pas de me remercier pour çà, car je faisais mon travail avec amour, sans forcément attendre que mes patrons me le demandent. Il y a des femmes que je ne reconnais même plus à cause des années qui se sont écroulées mais ce sont ces dernières qui parfois me reconnaissent et me montrent fièrement leur enfant que j’ai eu à suivre pendant que je travaillais et qui a grandi maintenant. Ça fait beaucoup plaisir car il y a des endroits où je vais pour un service mais je ne paye rien en retour. Il faut dire aussi que moi je faisais mon travail sans attendre les félicitations de quelqu’un puisque bizarrement je me disais que c’est ce qui me revient de faire et on ne devait pas me remercier pour ça. C’était pour moi un plaisir d’aider mon prochain en difficulté même si je dois oublier mes propres intérêts

Qu’en est-il alors des difficultés ?

Bon des difficultés liées au travail, il n’y en avait pas vraiment. Tout allait bien, mais des obstacles j’en ai connu. C’était surtout des problèmes de rivalité entre collègues. Du fait de ma proximité avec les gens de cette région puisque je parle la plupart des langues d’ici, aussi à cause de mon dévouement dans le travail, toutes les femmes qui venaient pour le suivi voulaient forcément que ça soit moi qui les suive. A chaque fois elles exigeaient que je sois là, ce qui ne plaisait pas à mes collègues et patrons. Ils m’en voulaient beaucoup pour ça mais ce n’était pas de ma faute. C’est allé au point où on me changeait de secteur à chaque fois pour que je ne sois pas trop en contact avec les patientes, mais ça n’a rien donné. J’ai toujours fait fi des provocations pour continuer. On me responsabilisait pour le suivi des enfants dont les symptômes des maladies étaient poussés pensant que je n’allais pas pouvoir les relever cherchant en tout cas des moyens pour me déstabiliser mais j’arrivais toujours à m’en sortir. Ce qui me faisait gagner davantage la confiance des parents car pour eux il n’y avait plus d’espoir pour leur enfants mais je leur prouvais le contraire.

Quels ont été alors les moments heureux de votre carrière ?

Chez moi, chaque instant au cours de ma carrière était un moment de joie puisque j’avais une passion pour ce que je faisais et je l’ai toujours fait avec plaisir et amour. Comme moment heureux, je parlerai aussi de mon départ à la retraite. Ce fut un moment mémorable, j’ai reçu plein de cadeaux de part et d’autre. Les gens ne voulaient même pas mon départ et c’était trop bon.

Qu’en est-il alors des moments malheureux ?

Moment malheureux dans le cadre du travail je n’en ai pas connu, tout s’est bien passé à part quelques obstacles dont j’ai fait cas plus haut. Mais au cours de ma carrière j’ai connu une période triste qui n’était rien d’autre qu’un accident que j’ai eu avec ma sœur. On a décidé ma sœur et moi de voyager sur Kandi pour une affaire de famille. On a pris le car ici à Parakou pour Kandi quand à 25 km de notre destination, on a connu un accident. Notre car est parti percuté un véhicule qui était mal garé, et c’était vraiment grave car près de 60 personnes ont perdu la vie. J’avais un Bébé en main et j’étais assise sur le siège tout juste après le chauffeur. Quand le drame est survenu j’ai eu de choque à la bouche et j’étais évanouie. Mon enfant est sorti avec les membres cassés et ma sœur a eu de problème à la hanche. Moi, personne ne savais que j’allais survivre, c’est un miracle de Dieu. Tout le monde pleurait déjà ma mort à Parakou, au service le drapeau était mis en benne car pour eux, il n’y avait plus d’espoir. C’était vraiment tragique je porte toujours les séquelles de cet accident même si Dieu a évité le pire pour nous.

Quel est votre message alors à l’endroit de la jeunesse

Aux jeunes, je leur dirai de travailler vraiment et ils seront récompensés après. Après ma retraite j’ai pensé que je pourrai enfin me reposer mais c’est en ce moment le plus dur à commencer pour moi. A part mes enfants que j’ai eues à concevoir je m’occupe depuis des années déjà des orphelins. Près d’une dizaine d’enfants sont ici chez moi et sous ma responsabilité. C’est quelque chose que je n’ai jamais souhaité mais qui m’est tombé déçu comme ça. Même si je veux tout abandonner je n’arrive pas car je me dis que ces enfants n’ont jamais souhaité être orphelins et s’ils sont à ma charge aujourd’hui c’est Dieu qui l’a voulu. Les abandonner à mon tour serait un péché, car ce que je fais aujourd’hui est comme ma mission sur terre. J’encourage donc la jeunesse à faire pareil, à avoir l’amour du prochain, l’amour des enfants même si ce n’est pas facile.

Votre mot de la fin

Je vous remercie pour le travail que vous accomplissez et cultivez l’amour autour de vous.

Propos recueillis et transcrits par Samiratou ZAKARI

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Daabaaru