APRES AVOIR PASSE 30 ANS DANS LA FORMATION DES AMES INNOCENTES, Saka Bougnon Madeleine revient sur sa carrière d’institutrice

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APRES AVOIR PASSE 30 ANS DANS LA FORMATION DES AMES INNOCENTES,

Saka Bougnon Madeleine revient sur sa carrière d’institutrice

La réussite d’un enfant qui devient plus tard une fierté pour sa Nation passe forcément par des personnes dont l’éducation est une mission sacerdotale. Ainsi, les enseignants jouent un rôle capital dans la vie de chaque enfant. Cependant, le métier d’enseignant se présente comme le plus fastidieux et à la fois le plus passionnant de tous les métiers d’homme. Pour mieux se rendre compte de la complexité et des méandres de ce métier noble, votre quotidien est allé à la rencontre de Sacca Bougnon Madeleine, institutrice à la retraite qui revient ici sur certains détails de sa vie à l’école. Lisez plutôt.

Samiratou ZAKARI (Stg)

Daabaaru : Pourquoi avez-vous choisi faire carrière dans le domaine de l’enseignement ?

Sacca Bougnon Madeleine : j’ai choisi l’enseignement d’abord par vocation. Depuis toute petite j’ai toujours voulu partager mon savoir avec les autres. Aussi, quand je fréquentais encore au village, il n’y avait pas de femme parmi nos enseignants. C’est au cours de mon cursus scolaire j’ai été appelé à continuer mes études à Dassa c’est là-bas j’ai vu les femmes enseigner et elles s’habillaient très bien. C’est cela qui m’a donc encore plus motivée.

Comment êtes vous devenu enseignante ?

Bon pour devenir enseignante, je suis passé par l’école normale des instituteurs (Eni) au cours de l’année scolaire 1984-1985 où je suis sortie avec le Cap. Après cela j’ai fait quatre ans de pratique sur le terrain, puisque c’est ce qui était exigé en notre temps. Donc c’est après ça qu’a commencé ma carrière proprement dite dans l’enseignement.

Parlez nous un peu de vos débuts ?

Après ma sortie de l’école normale, j’ai commencé ma carrière à l’école Dépôt, donc mes premiers élèves étaient de l’école Dépôt et c’était au cours de l’année scolaire 1985-1986. On n’a pas eu de difficulté d’insertion, à la fin de notre formation on a eu la chance d’être recruté immédiatement par l’Etat.

Quels sont les avantages liés au métier d’enseignant ?

Comme avantage, il y en a assez. D’abord l’enseignement est un métier très noble. L’enseignant est celui qui forme les cadres de demain, encore c’est plus bon quand on est du primaire car l’école est la seconde maison de l’enfant après son cadre familial. Donc l’instituteur est appelé après le savoir qu’il transmet aux enfants, à les éduquer pour la vie active. Aussi, encadrer un enfant qui grandit et devient un cadre du pays, c’est la fierté de son enseignant, et cet enfant est même fier de dire que tu es celui grâce à qui il est ce qu’il est devenu. Il y a rien de plus beau que cela. Aussi quand tu vas dans une administration et tu vois que c’est ton élève qui est à un poste de responsabilité donné, tes dossiers passe facilement. Il y en a assez les avantages.

Les inconvénients?

Bon pour les inconvénients, je parlerai du châtiment corporel. En notre temps c’est vrai que ce n’était pas interdit en tant que tel. Mais il arrive que certains parents menacent souvent les enseignants quand ceux-ci posent la main sur l’enfant. C’était un sérieux problème. Il faut dire aussi qu’avant les enfants ne sont pas trop éveillés comme maintenant, donc il faut beaucoup d’énergie pour les amener à saisir le message que fait passer l’enseignant. L’autre chose est que avant, être femme au foyer et être institutrice n’est pas facile surtout quand tu as un homme pas du tout compréhensif. C’est compliqué.
Racontez-nous le jour le plus heureux de votre carrière.

Le jour le plus heureux de ma carrière c’est surtout le jour où je suis admise pour mon Cap mais aussi ma pratique. J’ai composé ma pratique seule sans soutien. J’ai du travailler dur pour réussir et la chance ma sourit. Quand je suis allé à la retraite en 2015, c’est l’un de mes premiers élèves encadrés qui est venu prendre mes dossiers, amené à Cotonou et s’est chargé personnellement de suivre cela de près. Quand le jour de prendre ma pension avec le rappel est arrivé, il m’a invité, je suis descendue à Cotonou. Il a fait tout ça avec plaisir sans rien attendre en retour. Ça m’a beaucoup touchée.

Qu’en est t-il du jour le plus malheureux ?

Bon là je vais un peu sortir du cadre professionnel. Etant femme, quand on a un mari qui n’est pas de notre domaine, c’est un peu compliqué. Quand j’étais admise à l’écrit pour mon Cap, je devais donc plancher pour la pratique. C’est un jour qui m’a beaucoup marquée. J’avais un bébé en ce moment qui restait souvent avec ma domestique. Donc pour ma pratique, j’ai confié l’enfant à la domestique comme d’habitude. Mon mari est venu à la maison et a vu l’enfant mais m’a manquée. Tout révolté, il a pris l’enfant et la bonne qu’il a amener à mon centre de composition tout en furie devant tout le monde. Ça m’a déconcentrée de mon travail, j’étais bouleversée, j’ai reçu comme un coup de poignard car c’était une grosse humiliation qui venait en plus de quelqu’un qui est censé me soutenir dans ce moment. Mes examinateurs lui ont fait comprendre que je composais mais il n’a pas voulu comprendre.

Un mot à l’endroit de la jeunesse qui veut faire carrière dans le domaine de l’enseignement mais qui hésite encore

Je leur dirai tout simplement qu’il n’y a pas plus bon métier que l’enseignement. Il faut surtout le faire parce qu’on a la vocation, la passion mais pas parce qu’on n’a pas trouvé mieux. Parce que c’est qui ce passe avec nombre de jeunes aujourd’hui. Ils sont dans l’enseignement parce qu’ils n’ont pas trouvé mieux à faire. Je leur demande d’avoir le goût du métier, de ne pas forcément attendre l’argent et ils seront récompensés après. L’enseignant doit être fier de son métier parce qu’il est celui là qui forme les cadres de tout un pays. Et quand il fait bien son job il n’a rien à se reprocher et on lui reconnaitra cela.

Votre mot de la fin

J’encourage les instituteurs encore en service et je leur demande beaucoup de patience, car ce n’est pas facile le métier qu’ils ont choisi. Je remercie votre organe pour la confiance placée en ma personne et plein succès à vous.

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Daabaaru