Depuis quelques jours, des boulangers ont, de façon unilatérale, décidé de l’augmentation du prix de la baguette de pain de 160g au Bénin. Une augmentation qui est en défaveur des revendeurs qui sont en réalité les véritables perdants. Face à cette décision, la ministre de l’industrie et du commerce Alimatou Assouman a réagi en appelant ces derniers à revoir le prix à la baisse. La rédaction de votre quotidien est descendue sur le terrain à Parakou pour toucher du doigt la situation. Voici ce qu’il en est réellement.
Florent YAMA & Laurence AMOUSSOU (Stgs)
Augmentation du prix du pain oui, mais pas au niveau des revendeurs. Autrefois cédée à 90 F cfa aux revendeurs, la baguette de pain est actuellement vendue à 112 voire 115 F cfa dans les boulangeries à Parakou. La situation est réelle sur le terrain et touche toute la chaine de la production du pain.
Les revendeurs, véritables perdants
Selon l’enquête faite, les bonnes dames revendeuses de cet aliment, ont reçu l’ordre de leurs fournisseurs de ne pas augmenter le prix de cession à leur niveau. Ainsi, le prix a connu une hausse seulement au niveau de l’achat à la boulangerie. Des explications d’une revendeuse, il ressort que « le pain qu’on prenait l’unité à 90 F Cfa est devenu aujourd’hui 112f et c’est ça on nous oblige à continuer de vendre à 125f. Vraiment on ne comprend rien ». Dépassée par la situation, dame Anatou préfère vendre les pains sucrés qu’elle trouve bénéfiques. « Je vends le pain à 125f, l’unité, mais ce prix ne m’arrange guère, puisque, j’achète le pain à 115f à la boulangerie, et je dois acheter des sachets pour pouvoir les vendre. Du coup, je préfère plus vendre les pains sucrés. Il y a au moins un peu plus de bénéfices à ce niveau », préfère-t-elle. La revendeuse Abibath, vend également la baguette de pain à 125 F par contrainte. « Je vends le pain à 125 F, par contrainte, sinon c’est normalement à 150f que je devrais le vendre », a-t-elle fait savoir.
Qu’est-ce qui a changé ?
Conscients du fait qu’il n’y a plus de bénéfice dans la vente du pain et qu’ils sont contraints de puiser dans ce même bénéfice pour l’achat des emballages, les revendeurs ont décidé de céder la baguette de pain à 125f Cfa comme demandé par les boulangers, mais ce sera désormais sans emballage. Ainsi, chaque client qui a besoin du pain apporte son emballage ou se voit obligé d’acheter le pain et l’emballage à 150 F. « C’est même difficile de trouver le pain même dans les boulangeries. Avant, on allait à 5 heures ou 6 heures mais depuis une semaine, c’est à 4 heures nous allons avant de trouver, et c’est un peu on trouve encore » s’est lamentée une revendeuse au quartier Albarika dans le premier arrondissement.
De leur côté, les boulangers justifient cette hausse du prix par le fait que la matière première a connu une augmentation de coût. « Avant début février 2023, on achetait la farine de blé à 28 000 F Cfa le sac, mais aujourd’hui nous sommes à plus de 30 000f. Par exemple, le sucre qui était aussi vendu à 600 F Cfa le kilogramme est aujourd’hui à 700F cfa », a fait remarquer Aziz T. un boulanger tout confiant au moment de son intervention. Tous ces facteurs seraient à la base de la hausse du prix que connait le pain en ce moment. Craignant la faillite, ces hommes n’ont eu d’autres choix que de s’opposer à la décision ministérielle.
Les mises en garde de la ministre Alimatou Assouman
Au regard de cette situation, la ministre de l’industrie et du commerce Alimatou Assouman a invité les boulangers à dialoguer avec les revendeurs afin de revoir les termes du contrat. Elle l’a fait savoir au détour d’une sortie médiatique le mercredi 22 février 2023. Par ailleurs, la ministre a affirmé que pour le gouvernement aucune raison ne pourra justifier l’augmentation du prix d’une baguette de pain qui est à 125f. « Il est hors de question que le prix du pain aux consommateurs soit au-delà de 125f. Cette subvention est encore là, il n’y a donc pas de raison que ce prix augmente. Le prix du pain au Bénin reste à 125 F pas un franc de plus », a laissé entendre Alimatou Assouman.
En attendant que les choses ne reviennent à la normal, les revendeurs sont les grands perdants, avec un manque à gagner non moins négligeable sur la baguette de pain.
