Bénin/Bavures policières et affrontements entre policiers et populations: « la coproduction de la sécurité », un concept toujours incompris ?

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Au Bénin, des cas d’affrontements entre Forces de Défense et de Sécurité (Fds) et populations sont de plus en plus enregistrés dans plusieurs localités. Le dernier en date, est celui de Bouca dans la commune de Kalalé ayant occasionné la mort d’un civil, d’un policier et plusieurs blessés dans le rang des populations. Des cas de bavures policières ont été également enregistrés ces dernières années. Une situation qui prend de l’ampleur et met à rude épreuve « la coproduction de la sécurité » entre les populations et les Fds. Pourtant, le concept est très innovateur et sa mise en œuvre devrait remédier ces situations qui n’honorent aucune des parties.

Samira ZAKARI

Violence physique parfois mortelle, usage d’armes à feu à volonté sont entre autres comportements observés dans le rang des forces de l’ordre. La police républicaine dont le rôle est de veiller à la sécurité publique semble pour certains, s’ériger en semeur de trouble au sein des citoyens qu’elle est censée protéger.

La population de Parakou n’est pas encore prête à oublier cette triste scène de bavure policière sur un jeune étudiant du nom de Faysal Ouorou dont le corps sans vie, a été retrouvé dans une broussaille au quartier Nima. Les investigations menées ont permis de découvrir qu’il a été battu par des éléments de la police lors d’une patrouille du commissariat du 2ème arrondissement de la ville. Pire, les policiers ont maquillé leur acte pour laisser croire à un braquage. En avril 2024, un jeune a été bastonné violemment à Natitingou par des éléments de la police républicaine. C’était dans le cadre d’une opération de répression aux infractions au code de la route qui avait mal tourné. Après l’audience, la Cour Constitutionnelle (Cc) a reconnu coupable la police républicaine de violation de la constitution. Ainsi, des policiers ont été condamnés.

Et ce n’est pas tout. Le 17 mars 2025, deux personnes dont un civil ont trouvé la mort dans un affrontement entre les policiers et les populations dans le cadre de la répression contre la sortie frauduleuse des produits tropicaux. En effet, la police a ouvert le feu sur les populations qui se sont opposées à une opération de saisie de produits tropicaux dans un magasin. Ce qui a engendré la mort d’un jeune de la trentaine, dans le rang des populations et un policier. Il s’agit là, de quelques cas de ce que l’on peut appeler « gaffe » de la police dans un contexte où l’on parle de coproduction de la sécurité pour prévenir l’extrémisme violent.

‘’La coproduction de la sécurité’’, un concept toujours incompris ?

‘’La coproduction de la sécurité’’ est une dynamique promue depuis quelques années par différentes initiatives au Bénin. Face à l’insécurité grandissante et la montée de l’extrémisme violent dans certaines régions du pays, la collaboration entre les forces de l’ordre et les populations se présente comme un impératif pour gagner le combat contre les fouteurs de trouble.

Mais cette approche quand bien même importante, est mise à rude épreuve avec cette difficile cohabitation entre les deux acteurs. Une certaine méfiance semble s’installer au sein des populations qui au lieu de voir la police comme un allié, la considèrent plutôt comme un adversaire ou pire encore comme un « bourreau ».

La friction des relations entre la population et la police favorisée par les récurrentes altercations entre elles, n’est plus un secret. Une situation qui n’est pas de nature à faciliter la coproduction de la sécurité. D’ailleurs, certains citoyens détenant des informations capitales indispensables pour la police sur le plan sécuritaire préfèreront ne pas en parler aux policiers compte tenu de la méfiance.

Cependant, il convient de saluer les efforts de la Police Républicaine qui en dehors de ces cas joue un rôle très important qui a d’ailleurs permis de baisser considérablement le taux d’insécurité au Bénin. Il faut également que les citoyens reconnaissent leur rôle d’informateur ou de lanceur d’alerte pour garantir la paix et la cohésion sociale dans le pays.

La situation mérite une attention particulière. La hiérarchie policière doit travailler à extirper de ses rangs les indélicats dont les actions ternissent leur image. Il faut regagner la confiance de la population. La sécurisation du territoire national en dépend.

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