BENIN/HOMOLOGATION DES PRODUITS DE LA MÉDECINE TRADITIONNELLE : Tout sur un processus à la fois stressant et méconnu

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Au Bénin, 70% des populations ont recours aux produits de la médecine traditionnelle pour soulager leurs peines de santé selon le document sur les lignes directrices de l’Organisation Mondiale de la Santé (Oms) pour l’enregistrement des médicaments traditionnels en Afrique. Mais malgré leur forte présence sur le marché africain, ces produits ne sont soumis à aucun examen clinique en laboratoire, renseigne le journaliste Aziz Badarou du journal “Matin Libre” suite à une enquête. À l’en croire, certains tradi-thérapeutes sont sous-informés sur le processus d’homologation tandis que d’autres le trouvent « stressant ». Pourtant, la procédure de certification de ces produits se limite généralement aux analyses au niveau du Centre Béninois de la Recherche Scientifique et Technique (Cbrst) placé sous la tutelle du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique.

Pour Augustin Houtongnon Kouglo président de l’union des associations de santé en médecine traditionnelle qui a connaissance du processus d’homologation, « faire homologuer un produit de la médecine traditionnelle n’est pas facile au Bénin ». La procédure se révèle être coûteuse outre sa complexité, confie le tradi-thérapeute dont la demande d’une Autorisation de Mise sur le Marché (Amm) d’un phyto-médicament n’a toujours pas abouti. De son côté, un ancien cadre du ministère de la santé lâche avec regret, « des guérisseurs ont bien la volonté de faire certifier leur produit. Convaincus de l’efficacité de leurs produits contre telle ou telle maladie, certains nous donnent des échantillons et nous demandent de les tester nous-mêmes pour nous assurer de leur efficacité. Mais comment allons-nous les tester ? Dans quels labos ? Qui va financer les analyses ? C’est toujours difficile pour un guérisseur. Nous n’avons pas les conditions réunies pour accompagner les guérisseurs dans le processus d’homologation. Et ce n’est pas qu’au Bénin ».

La peur d’un investissement vain 

Si pour nombre de tradipraticiens le processus pour l’obtention de l’Amm n’est pas une mince affaire, ils se contentent des analyses de toxicité en laboratoire. D’après les explications de Dah Kouglo, pour une analyse de toxicité, il faut transmettre à un laboratoire homologué par le ministère de la santé, cinq échantillons de médicament de traitement amélioré préparé suivant des normes. Ensuite, payer la somme de 300 000 F cfa à la banque et ramener le reçu pour la constitution du dossier. Une fois au laboratoire, le produit est soumis à plusieurs analyses notamment de toxicité et de screening afin de déterminer les principes actifs de microbiologie. Mais, « des gens ont peur de réaliser ces investissements et que le laboratoire leur révèle une toxicité par exemple de leur produit. Bien que celui-ci soit efficace, votre investissement tombe à l’eau », a fait constater le président de l’union des associations de santé en médecine traditionnelle.

Pour Gabriel Salavi, président de l’Association Nationale des Praticiens de la Médecine Traditionnelle du Bénin (Anaprametrab), les analyses y compris celle des résidus et des métaux lourds, malgré leur importance ne représente qu’une simple formalité. Le plus grand travail consiste à recourir à l’expertise d’un consultant pour déclencher le processus d’obtention de l’Amm.

Samira ZAKARI

Lisez l’intégralité de l’enquête réalisée par “Matin Libre” sur le lien https://matinlibre.com/2022/03/03/homologation-des-produits-de-la-medecine-traditionnelle-dans-les-meandres-dun-processus-stressant-et-meconnu/

NB : Cet article est réalisé dans le cadre du projet “Enquêtes sur les droits sociaux au Bénin en 2021: cas de l’eau et la santé”, qui bénéficie de l’appui technique et financier de la Fondation Friedrich Ebert (FES) au Bénin et piloté par Banouto, dans un partenariat avec Matin Libre, La Météo, Daabaaru et ODD TV.

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