BÉNIN/PROMOTION DES PRODUITS LOCAUX : À la découverte de l’igname pilée, un mets local qui défie toute concurrence étrangère

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L’igname pilée est une pâte étirable et élastique préparée traditionnellement en pilant dans un mortier ou dans une machine et en pétrissant l’igname bouillie. Cet mets traditionnel à base d’igname est suffisamment consommé au Bénin. Au regard de cette place de choix, les autorités béninoises doivent promouvoir sa consommation à tous les niveaux. Cela permettra de valoriser les produits locaux. En attendant, allons à la découverte de l’igname pilée, un mets local qui défie toute concurrence étrangère.

Wilfried AGNINNIN

Appelée “Agou” en langue Nagot et “Sokuru” en Bariba, l’igname pilée occupe aujourd’hui une place de choix dans les plats au niveau des ménages béninois et dans les restaurants.

Préparation de l’igname pilée

L’igname est un tubercule cultivé dans toutes les zones tropicales de la planète. Il diffère selon les espèces mais il est généralement tendre et sucré, un peu farineux, avec un goût de châtaigne. Cependant, l’obtention traditionnelle de la pâte de l’igname est un parcours de combattant au regard du périlleux et long processus qu’elle nécessite.

Pour le cultivateur Issifou Worou Mora, c’est tout un processus qu’il faut suivre avant d’obtenir le tubercule d’igname. « Tout commence lors de la récolte de l’igname. En ce moment, après avoir déterré les tubercules, on met de côté ceux qui seront utilisés pour la prochaine plantation. Au moment propice, les semenceaux seront fragmentés pour s’aérer. Ainsi, ils sont mis en terre dans les buttes et on veille à l’entretien du champ avant la récolte qui consiste à déterrer les tubercules », a-t-il fait expliqué.

De son côté, Marie Ondsou, une vendeuse d’igname pilée rencontrée à Parakou, a fait savoir qu’il faut d’abord éplucher le tubercule, puis le découper en tranches cylindriques ou en morceaux. Ces morceaux sont ensuite cuits dans l’eau. Après le cuisson, l’igname est pilée à l’aide d’un mortier et d’un pilon. Après cette étape, l’igname pilée est malaxée à la main avec de l’eau chaude avant d’être servie aux consommateurs. Cependant, avec l’aide de la technologie, des machines sont aujourd’hui disponibles pour transformer l’igname en une pâte consommable. « Moi j’aime igname pilée. Si je mange l’igname pilée le matin, cela fait le soir avant que je ne mange. On a grandi au village, c’est avec cela ils nous ont élevé. Je vais toujours manger l’igname pilée quel que soit le coût », a témoigné Henri Koudi, un consommateur de l’igname pilée rencontré dans un restaurant à Parakou. D’autres trouvent également que l’igname pilée est un aliment très résistant dans le ventre. « C’est un repas, quand je le mange, je n’ai pas de problème avec ma digestion. C’est vraiment doux à manger », a apprécié le Burkinabè Nouhoum Traoré.

Selon le Professeur Mohamed Nasser Baco, agronome et sociologue des ressources naturelles, l’homme est le reflet de ce qu’il mange. D’ailleurs, les peuples Baatombu ont bâti leur civilisation sur l’igname. À l’en croire, « L’igname fait partie des cultures rares qui sont d’origine africaine. Les peuples soudano-guinéens tel que les Baatombu ont bâti leur civilisation autour de l’igname. Contrairement à certains peuples pour qui la consommation alimentaire est céréalière, les Baatombu depuis l’origine jusqu’à ce jour, ont consommé et continuent de consommer l’igname. En termes de consommation alimentaire, le sociologue des ressources naturelles, énumère deux. Il s’agit de la consommation permanente de l’igname pilée et la consommation saisonnière de l’igname grillée pendant la saison sèche. Pour le Professeur Mohamed Nasser Baco, la forme de consommation de l’igname pilée est la plus démocratisée. « Aujourd’hui, la consommation de l’igname pilée va au-delà du peuple Baatonu. À travers l’igname pilée, les Baatombu sont en train de coloniser d’autres peuples sur le plan alimentaire », a-t-il fait savoir. Il a fait remarquer que « Vous aller constater aujourd’hui que la consommation de l’igname pilée a quitté les villages pour être totalement dans les villes. On consomme plus l’igname pilée dans les villes que même dans les villages ».

Selon les chercheurs, l’igname remplace de façon originale la pomme de terre ou la patate douce, en préparation salée ou sucrée. Naturellement diurétique, source de fibres et de glucides complexes, l’igname contribue à équilibrer le menu tout en fournissant de l’énergie. Elle contient des propriétés antioxydantes, des vitamines et minéraux importants de même que des protéines.

Dans le milieu Baatonu, Nagot et bien d’autres, l’igname pilée est souvent préparée aux étrangers pour la réception et la restauration. Mieux, une fête spéciale est dédiée à l’igname pilée dans certaines régions du pays.

Il faut souligner que la pâte de cossettes d’igname, le “Wassa Wassa”, le ragoût et le “Toubani”, sont entre autres des mets dérivés de l’igname. Au regard de l’engouement autour de cet aliment, les autorités doivent prendre des décisions allant dans le sens de la promotion de l’igname pilée au Bénin. C’est aussi, un apport à l’économie locale et nationale.

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