JEÛNE PENDANT LA COMPOSITION DE L’EXAMEN
Quelle réflexion attendre d’un ventre affamé?
La composition du Brevet d’Étude du Premier Cycle (Bepc) au Bénin coïncide cette année avec le carême musulman. Au moment où l’on voit des candidats qui ont mal à bien réfléchir malgré le fait qu’ils sont rassasiés, dans le même temps, l’on rencontre des candidats qui jeûnent ne serait ce pour rester coller à ce quatrième pilier de l’islam. Face à l’observation scrupuleuse de cette exigence religieuse par certains candidats, on se demande qu’elle sera la qualité de la réflexion de ces derniers face aux différentes épreuves de l’examen.
Wilfried AGNINNIN
Se nourrir avec soin, pendant les temps de compositions est fortement conseillé par les spécialistes en nutrition aux candidats. Malheureusement, cette recommandation n’est pas souvent observée par certains candidats pour cause d’une obligation religieuse. De ce fait, ils se soumettent à des sacrifices malgré eux. Selon ces derniers, c’est une habitude, mais cette période n’est pas facile à réconcilier avec les compositions. Zamkaouth Mora Chabi une candidate rencontrée au centre du Lycée Mathieu Bouké de Parakou voilée dans une tenue descente, croit bien que c’est une question d’habitude et d’obéissance à Allah. « Moi j’ai décidé de jeûner pendant ces compositions parce que je suis habituée, même pendant la composition des devoirs surveillés j’avais jeûné, c’est aussi pour respecter le principe musulman », a confié Zamkaouth Mora.
Même option choisie par le candidat Djima Dabo qui a décidé d’observer le jeûne musulman pendant cette période de composition et qui voit une bénédiction dans cet acte. « Je sais que je serai béni pendant cette période de la dernière décade, mais sans vous mentir c’est pas facile d’être en carême et de pouvoir bien réfléchir pour réviser ses cours et autres », a-t-il expliqué.
Bien manger, pour bien réfléchir
« Le ventre affamé n’a point d’oreille », dit l’adage. C’est pourquoi, en s’inscrivant dans cette logique de Guy Maga certains candidats ont décidé de sacrifier et de s’abstenir pour ces trois jours de compositions. Parmi le lot, on a surpris Mariame Hinsa au réfectoire du centre de Lycée Mathieu Bouké de Parakou en pleine dégustation d’un pain. A la question de savoir pourquoi elle n’observe pas le jeûne, tout souriante elle s’explique en ces termes, « je n’ai pas décidé de jeûner, parce que déjà à midi l’homme ne se sent plus capable de tenir, tu ressents déjà la faim et ce n’est pas possible de travailler avec la faim ». Selon Mariam Hinsa, c’est un conseil reçu par son enseignant de français qui lui a recommandé de ne pas concilier ces temps de compositions avec le carême.
De son côté, Rachidatou Alagbé pense combler les trois jours de jeûne manqués après l’examen. « Moi après la composition je vais essayer de rattraper les jours perdus, c’est même ce que mon papa m’a dit », a-t-elle fait savoir.
Sur la question de la gestion du temps des carêmes par les candidats, le parent d’élève Faossiath Boukari pense qu’il vaut mieux prévenir que de guérir. « Moi personnellement j’ai dit à mon enfant de ne pas jeûner durant cette période. Parce que au cours de la composition il peut avoir le vertige, les maux de tête et même s’évanouir en salle. C’est à cause de tout ça j’ai refusé », a-t-elle notifié.
Observer le quatrième pilier de l’Islam c’est bon, s’abstenir lorsque les conditions ne sont pas favorables, c’est encore mieux. C’est d’ailleurs, ce que recommandent les islamologues afin de pouvoir passer les temps de jeûne en toute quiétude.
Quotidien Daabaaru, leader de la presse écrite dans le septentrion
