CARRIÈRE D’UN MILITAIRE : Jean-Marie Désiré Olory revient sur ses souvenirs de l’armée béninoise

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CARRIÈRE D’UN MILITAIRE

Jean-Marie Désiré Olory revient sur ses souvenirs de l’armée béninoise

Les militaires jouent un rôle prépondérant dans le maintien de la paix et la défense du pays contre les attaques extérieures. De nuit comme de jour, livrés à la mort, ces vaillants soldats font le serment de servir leur pays partout où besoin sera. Pour vous plongez dans les réalités de ce métier, votre quotidien est allé à la rencontre de Jean-Marie Désiré Olory, militaire à la retraite. Lisez plutôt.

Samiratou ZAKARI

DAABAARU : Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à opter pour l’armé ?

Jean-Marie Désirée : Je suis entré dans l’armée par le coup du hasard. Avant cette carrière, je faisais autre chose, j’étais dans la mécanographie. Mais comme je n’avais pas toujours ce que je voulais, ma rémunération n’était pas comme je le voulais, aussi le traitement qu’on m’accordait en ce temps ne me motivait pas, alors j’ai saisi l’opportunité du concours d’entrée dans l’armée lancé par l’Etat en décembre 1982. Vu que j’étais également un athlète, je me suis dis alors que le métier de militaire m’irait bien. Heureusement, j’ai été sélectionné et c’est comme ça tout a commencé.

Parlez-nous alors de vos débuts

Apres la sélection, on a été envoyé au camp de Ouidah, pour la formation commune de base où on était tous réuni tout corps confondu. C’est là-bas on était envoyé pour appendre les B-a-Ba de l’armée, c’est-à-dire le sport, le parcours d’obstacle et le maniement de l’arme pendant 6 mois. Franchement, ce n’était pas facile cette formation, seuls les courageux ont supporté la pression et sont arrivés jusqu’à la fin. La formation était très dense, et on subissait toute sorte de traitement de nos supérieurs, mais on ne pouvait pas se plaindre à qui que ce soit. Vous savez que chez nous dans l’armée c’est exécution avant réclamation. Mais entre nous collègues l’ambiance était bonne. C’est après cela que chaque corps a été envoyé vers son camp pour le complément de formation commune de base qui dure 18 mois. Apres cette formation enfin, on a été reconnu comme agent de l’Etat et moi comme ma spécialité était le génie civil j’ai été envoyé en 1983 au génie militaire du camp Séro Kpéra n°1 de Parakou pour prendre fonction.

Quels sont les avantages liés à ce métier ?

Tout d’abord je dirai que n’est pas militaire qui veut mais qui peut, car le militaire est celui qui se sacrifie pour le bien-être des autres. Si ce n’est pas que notre pays est un pays de paix, qui ne connait pas la guerre, ailleurs dans les pays à tension, le militaire joue un grand rôle pour le maintien de la paix et ça c’est un grand avantage, tout le peuple lui est reconnaissant pour cela, et ça n’a pas de prix. Aussi, étant militaire on bénéficie des primes, du salaire comme tout fonctionnaire. Surtout quand tu as la chance d’être envoyé en mission, on gagne bien des primes qui varient en fonction des titres.

Qu’en est-il donc des difficultés ?

Comme je l’avais déjà dit plus haut, le plus dur commence depuis la formation, ce n’est pas vraiment facile la formation militaire. Si tu n’as pas la patience et le courage, tu ne peux pas résister car le règlement est très serré dans l’armée. On a des camarades qui n’ont pas pu supporter et sont partis pendant la formation. On t’inflige des traitements pas possibles qu’ailleurs tu n’aurais pas acceptés, mais tu es obligé d’exécuter avant de réclamer tant que tu es là car c’est la règle. Aussi le militaire ne gagne pas véritablement ce qu’il faut pour le poste qu’il occupe, c’est quand tu es au sommet tu peux bien bénéficier. Dans ce métier la vie des autres passent avant la tienne, ce qui fait que les militaires meurent vite laissant leur famille dans la tristesse. Mais on ne peut rien car on l’a choisi, et ça fait partie de notre devoir.

Vous avez participez à combien de mission hors du Bénin ?

Bon moi je n’ai pas eu la chance de participer à des missions à l’extérieur du pays. Je suis allé à la retraite le 1er avril 2006, et c’est 3 mois après mon départ qu’une mission pour l’extérieur est sortie.

Quel a été le jour le plus heureux de votre carrière ?

Le jour le plus heureux de ma carrière, je parlerai surtout du fait que j’ai quitté mon métier de mécanographie pour embrasser l’armée et qu’après mes 18 mois de formation, j’ai été reconnu comme agent de l’Etat. Quand j’étais dans la mécanographie c’est le problème que j’avais, je travaillais sans être reconnu par l’Etat, normalement après 6 mois on devait être réengagé par l’Etat mais j’ai passé banalement 12 mois comme agent occasionnel. Mais je suis rentré dans l’armée directement après mes 18 mois de formation et j’ai été directement réengagé, et ça m’a beaucoup marqué.

Qu’en est-t-il du jour malheureux ?

Comme jour qui m’a marqué négativement, c’est que j’ai perdu ma maman au moment où j’ai reçu mon premier salaire. Ma maman est tout pour moi, car elle m’a toujours soutenu dans ce que je faisais. Quand j’ai reçu mon salaire, elle est la première personne à qui j’ai pensé, je m’apprêtais à aller la voir tout content pour avoir ses bénédictions quand malheureusement on m’a contacté pour m’annoncer sa mort. Ça m’a vraiment touché.

Quel est alors votre message à l’endroit de la jeunesse ?

Aux jeunes, je leur dirai de se mettre résolument au travail car seul le travail paye. Aujourd’hui l’armée paye bien ce n’est pas comme en notre temps, tout est facile aujourd’hui, donc je leur conseille de beaucoup économiser tant qu’ils sont encore en fonction, et de penser à réaliser, construire tant qu’ils sont jeunes, ce n’est pas après la retraite on va chercher à rattraper ce qu’on n’avait pas fait jeune.

Votre mot de la fin ?

Je vous remercie pour m’avoir accordé cette interview, merci pour la considération. Je vous souhaite plein succès.

Propos recueillis et transcrits par Samiratou ZAKARI

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