C’est une maladie qui retient de plus en plus les attentions tant au niveau national qu’international à cause des dégâts qu’elle occasionne. L’endométriose puisque c’est d’elle qu’il s’agit est une maladie propre à la femme qui touche l’utérus. Elle survient depuis l’âge des premières règles jusqu’à la ménopause. Les statistiques indiquent que 12 à 15% de femmes souffrent d’endométriose dans le monde. Des chiffres qui font froid dans le dos et méritent qu’on s’y intéresse. Que comprendre réellement de l’endométriose, ses causes et conséquences ? À ces questions, la gynécologue obstétricienne Dr Vanessa-Marie Hessou apporte des réponses pour éclairer la lanterne des uns et des autres. C’est à travers une publication sur sa page Facebook. Lisez plutôt.
Samira ZAKARI
L’endométriose est une maladie chronique pouvant toucher toutes les femmes en âge de procréer c’est-à-dire depuis l’apparition des premières règles jusqu’à la ménopause. Au Bénin, il n’y a pas encore de données dans la population, mais des études sont en cours. Le nombre de femmes touchées est sous-estimé, car il existe des formes asymptomatiques.
Pour comprendre l’endométriose, il faut connaître l’utérus. L’utérus est un organe qui se situe dans la cavité pelvienne c’est-à-dire au niveau du bas ventre. C’est l’organe qui porte la grossesse et dans lequel le produit de conception grandit. Cet organe a plusieurs couches dont la plus interne est appelée endomètre. Cet endomètre est stimulé par les hormones produites par les ovaires. Au début du cycle, l’endomètre pousse jusqu’à atteindre une certaine taille normale pour pouvoir accueillir l’œuf fécondé et s’il n’y a pas de fécondation, il s’élimine sous forme de règles.
Ainsi, l’endométriose est la localisation inhabituelle des cellules de l’endomètre : au niveau des trompes, des ovaires, du rectum, de la vessie, du vagin, des reins, des poumons, du cœur, du cerveau… Les mécanismes de survenue sont essentiellement par reflux des règles à travers les trompes et/ou par passage des cellules de l’endomètre dans le sang.
Les facteurs de risque de l’endométriose
– L’âge notamment la période reproductive : pas d’endométriose avant la survenue des premières règles ni après la ménopause
– Les facteurs génétiques
– Les cycles menstruels courts
– Les premières règles précoces avant 12 ans
– Les femmes jamais enceintes
– Les anomalies de l’appareil génital
– La consommation de viande rouge
– La baisse de l’immunité
– Les facteurs liés aux soins
Par contre les facteurs protecteurs sont essentiellement l’allaitement maternel et la consommation de fruits et légumes verts.
Le principal symptôme de l’endométriose est la douleur. Il s’agit de douleurs du bas ventre rythmées par les règles douloureuses (dysménorrhées). Ces douleurs peuvent se localiser également au niveau du vagin, au niveau du bas du dos et au niveau des épaules. On note également des douleurs pendant et/ou après les rapports sexuels (dyspareunie) responsables d’une phobie de toute pénétration et d’un dégout du rapport sexuel. Ces douleurs peuvent être aussi présentes au cours de la défécation avec des difficultés à aller à la selle, une constipation ou au contraire une diarrhée, un ballonnement abdominal, des nausées, une envie fréquente d’uriner. Pendant les règles, les saignements peuvent être très abondants entraînant une anémie avec nécessité de transfusion sanguine dans les cas les plus graves. Les complications liées à certaines localisations de l’endométriose sont l’insuffisance rénale avec nécessité de dialyse (localisation rénale) et la production de liquide semblable à du sang des règles autour des poumons.
Localisation
Cette maladie peut se localiser au niveau de la peau se manifestant par une tuméfaction à la peau douloureuse et saignant au moment des règles.
Plus récemment un cas d’endométriose naso-lacrymale a été décrit en France. Cette endométriose se manifeste par des larmes sanglantes pendant les règles…
Conséquences
L’endométriose est un problème de santé qui nous concerne tous, car elle est responsable d’absentéisme, baisse de rendement scolaire, baisse de productivité et a un impact sur la vie sexuelle (éviction des rapports sexuels). Cette maladie est aussi responsable d’infertilité par absence de rapports sexuels (fausse infertilité), dégradation des trompes, absence d’ovulation (troubles de l’ovulation), dégradation de l’environnement de la fécondation, limitation des possibilités de l’implantation de l’œuf (nidation) dans l’utérus.
Traitement
Il existe un traitement médicamenteux et un traitement chirurgical. Le but du traitement médicamenteux est d’abord de soulager la douleur. Il s’agit donc des antalgiques, des anti-inflammatoires donnés pour calmer la douleur. Un traitement hormonal dans le but de mettre les ovaires au repos et par répercussion d’arrêter les règles sera instauré. La chirurgie intervient pour retirer les lésions au niveau des organes dans la mesure du possible. Une alternative à la chirurgie est l’utilisation des ultrasons qui n’est pas encore disponible au Bénin. Le traitement de l’infertilité passe par les médicaments, la chirurgie et les techniques d’Aide Médicale à la Procréation.
Les traitements disponibles peuvent soulager les patientes, mais les récidives sont fréquentes. La guérison se fait avec la ménopause qui peut être naturelle ou provoquée par la castration chirurgicale (ablation des ovaires).
