CHRONIQUE DES US ET COUTUMES : Chagrins de mère

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Le dimanche 7 juin dernier, les mamans étaient à l’honneur comme il est de coutume dans le monde entier. Un jour choisi pour rendre hommage à nos mères qui sont généralement des êtres très chers à tout Homme. Alors, au vue de la grandeur des rôles qu’une mère joue dans la vie de son enfant, célébrer les mères au quotidien est même insuffisant puisqu’elles sont les premières complices de la nature dans le processus de la conception d’un enfant, ce qui demeure mystère.
Ainsi, dans un élan de reconnaissance ce jour-là, les réseaux sociaux étaient inondés de messages, les uns plus émouvants que les autres. Ces messages sont pour la plupart suivis d’image de mère soit recevant un baiser de son enfant sur la joue, ou embrassant son bout de chou qui reste enfant malgré son âge. Les photos de profil ont été changées et celles des vieilles aux cheveux roux mises en avant. Quel beau spectacle ! Toute chose qui donne envie aux stériles à se maudire pour n’avoir peut-être jamais connu les douleurs de l’enfantement.
Mais au-delà de cette célébration virtuelle, la fête des mères se présente comme un trompe-œil pour la société puisque ordinairement peu sont les mères qui sont réellement honorées de leur vivant par leurs progénitures. Elles sont nombreuses ces mères qui au quotidien coulent les larmes pour tout le calvaire qu’elles subissent de la part de leurs enfants qui sont généralement aveuglés par des raisonnements d’insensés. Ainsi, au moment où par hypocrisie, tout le monde se met à chanter des ‘’maman je t’aime’’, elles sont nombreuses à travers le monde à être traitées de sorcières par ceux-là qu’elles ont eu à garder dans leur ventre durant des mois de douleur et d’énormes sacrifices.
Sont-elles aussi célébrées ces mères qui sont battues par leurs enfants ou par leurs brus ? Au milieu de ce folklore annuel de célébration faite de subterfuges, je pense à celles qui sont livrées à la faim et frappées par toutes sortes d’intempéries dans des cases au toit déchiré et presque sans portes, abandonnées dans une brousse en attendant de passer de vie à trépas avant de jouir du bonheur de leurs enfants dans des cercueils en or et sous le poids du sable au fond d’une tombe carrelée jonchée de fleurs de leurs petits fils qu’elles n’auront jamais la chance de voir de peur que leur sorcellerie qui n’a pas pu tuer leurs progénitures, ne détruise ces gamins et gamines qui dorment dans le luxe loin de la source qui a donné cette fontaine.
Farde de célébration pour ces mères qui essuient au quotidien la honte de cet enfant qui ayant foulé aux pieds l’éducation des parents, mène une vie de patachon dans les grandes métropoles et d’autres dans les bidonvilles. Ces mères qui passent des nuits blanches à couler des larmes pour le déshonneur qu’elles subissent après avoir tout donné pour rendre heureux les fruits de leurs entrailles.
Que de malheurs qui s’abattent sur ces enfants inconscients qui se la coulent douce dans les bars, restaurants et maquis tandis que celle qui a sacrifié sa beauté et sa dignité pour leur bonheur, manque de tout et oubliée dans un trou rat !
Alors, je me rends donc compte que sous cette célébration folklorique se cache un torrent de misère et de chagrins faits aux mères qui méritent d’être célébrées au quotidien. Capricieuses, oui, elles ont désormais le droit de l’être ; et nous l’obligation de les supporter ! Car c’est une dette que nous avons à payer jusqu’à ce qu’elles ne nous tournent le dos pour la félicité céleste.

Edouard ADODE

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