CHRONIQUE DES US ET COUTUMES : Dans les ténèbres du Kaléta!

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CHRONIQUE DES US ET COUTUMES

Dans les ténèbres du Kaléta!

Au Bénin, les masques font partie du quotidien des populations surtout celles de la partie méridionale. Ainsi, nos ancêtres ont institué un certain nombres de masques qui sont considérés comme des divinités et sont vénérés comme telles.

Même dans le rang des enfants, nous sommes nombreux à avoir été formés dans les couvents des masques qui sillonnent les rues de nos villes et nos villages pendant la période des fêtes de fin d’année. Il s’agit du Kaléta, le masque pour enfants. Ce masque autour duquel se rassemble des groupuscules d’enfants qui déjà dès le bas âge développent la vie associative avec des principes très rigides qui tendent même vers le sacré.
Le Kaléta, il est un masque particulier qui forge dans l’esprit des petits garçons de nos villes et campagnes, la discrétion et la solidarité. Quand la période de Kaléta vient, les garçons rivalisent d’ardeur pour démonter tous leurs talents artistiques devant les adultes qui n’hésitent pas à leur jeter quelques jetons en guise d’encouragement. Le Kaléta se présente jusqu’à présent comme l’une des meilleures écoles de la rue loin des regards des adultes, où les petits garçons apprennent à chanter, à danser, bref l’animation culturelle dans tous ses sens.
Les moments de Kaléta me sont inoubliables, car ils sont les meilleurs de mon enfance. Aujourd’hui, Kaléta a laissé une forte empreinte dans ma personnalité tout comme les garçons de mon époque qui ont eu la chance de participer à ce festival qu’organisaient chaque année les enfants sans aucune directive venant des adultes. Mais que ce passait-il dans les ténèbres de Kaléta ?
Bien que ce masque n’ait qu’une valeur culturelle et que même nous essayons de lui attribuer quelques velléités cultuelles, il présente parfois des risques très graves qui pourraient influencer négativement la vie des jeunes garçons qui y participent.

Certes, ma plume ne pourra jamais dévoiler ce qui reste cacher sous le masque. Mais, elle se veut mettre la lumière sur certaines déviances du Kaléta, qui entachent souvent la vie des passionnés du masque fétiche pour enfants. Les groupes de kaléta étant des creusets de rencontre des enfants venus d’horizons divers, chacun y vient avec son éducation. Alors, les enfants copient facilement au cours de ces rencontres les vices de leurs amis et ainsi commencent à résister aux parents sans le vouloir. Aujourd’hui, plusieurs sont devenus délinquants à partir des sorties de Kaléta loin des regards des parents. Puisque nombreuses des chansons qu’exécutent ces enfants véhiculent souvent des insanités qu’ils ne pourront jamais avoir l’audace d’exécuter devant leurs géniteurs. De même, entre jeunes garçons, certaines découvertes à caractère sexuel se font lors des causeries loin des regards, incitant les moins doués aux relations sexuelles précoces avec toutes les conséquences qui pourront y découler.

Alors, face à cette face cachée du masque Kaléta, il est important que les autorités en charge de l’éducation puissent repenser la chose en essayant de réglementer la pratique de ce pan très important de notre culture. C’est en cela qu’il urge d’encourager les personnes de bonne volonté qui ont déjà des initiatives d’organisation des festivals de Kaléta dans des cadres plus appropriés sous le regard vigilant des adultes qui s’y connaissent dans le domaine. Ainsi donc, il va falloir que les autorités décentralisées réorganisent autrement la chose d’une manière plus digne au lieu de laisser les enfants errer à longueur de journée derrière leur masque Kaléta courant de gros risques qui pourraient détruire leur personnalité à l’avenir.
Sauvons donc le Kaléta !

Edouard ADODE

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