CHRONIQUE DES US ET COUTUMES : La malédiction de la nudité des parents

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CHRONIQUE DES US ET COUTUMES

La malédiction de la nudité des parents

Sur le continent des rites et croyances, chaque chose à sa place. Ainsi, la société africaine depuis la nuit des temps a fixé certaines limites dans le rapport entre géniteurs et progénitures. Lesquelles limites sont restées inchangées jusqu’à nos jours, même si on estime que les choses ont évolué et qu’il faut s’adapter aux changements dus à l’évolution des mœurs. Alors, autant que l’inceste reste proscrit, autant la vue de la nudité des parents par leur progéniture dans certaines conditions reste une abomination.

En Afrique, ce principe est plus que sacré avec des conséquences irréversibles lorsqu’il est délibérément violé. Ainsi, à partir de l’âge où l’enfant commence par distinguer le bien du mal, les parents ont cette obligation de prendre toutes les précautions possibles pour lui éviter de poser ses regards sur la partie intime de ces derniers. Cette exigence pèse d’ailleurs plus sur la mère que sur le père. Puisque selon nos coutumes, la partie intime de la mère comporte certains effets sur les enfants. Raison pour laquelle dans nos cultures, si une mère désire maudit un fils, le meilleur moment indiqué est l’aube où elle se met à faire sa toilette intime. Une toilette qui garde un caractère sacré chez certains peuples du sud Bénin. Selon la tradition de ces peuples, il n’est même pas permis à la femme d’adresser la parole à quiconque sans avoir faire cette toilette intime matinale. Au cas où sans avoir fait cette toilette, elle adresse la parole à quelqu’un, ce dernier a de forte chance de voir sa journée gâchée. Ça ressemble à de la superstition, mais c’est un principe sacro-saint du sud Bénin, qui de temps en temps est moins observé.

Alors, si la partie intime d’une femme est si puissante d’après nos croyances, lorsqu’une mère fâchée contre son fils, décide délibérément de faire découvrir à ce dernier le ”portail” par lequel il est entré dans ce monde, la malédiction restera irréversible dans la vie de cet enfant, même si revenant à de meilleurs sentiments, cette mère multiplie de bonnes prières à l’endroit de cet enfant. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle une femme mariée chez moi, est tenue de mettre plusieurs pagnes pour que par erreur, elle ne mette pas ses progénitures sous le joug d’une quelconque malédiction.
Mais aujourd’hui, compte tenu de certains facteurs nouveaux notés dans nos sociétés, on se demande encore si la nudité des parents continue de garder son caractère sacré. Puisqu’aujourd’hui, plusieurs familles vivent dans des cadres de vie exigus où parents et enfants partagent presque tout ensemble surtout dans les grandes villes. De même, face aux abominations d’inceste qui deviennent légion, combien de personnes traînent ces malédictions dans nos villes où il est loisible pour certains pères d’avoir des relations intimes avec leurs filles?

Face à cette réalité sociale, un fils gynéco-obstétricien pourra-t-il examiner sa mère malade sans courir les risques de malédiction ?

Edouard ADODE

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