CHRONIQUE DES US ET COUTUMES : Le béninois et la courtoisie

4 ans ago | Written by
21 834 vues
0 0

CHRONIQUE DES US ET COUTUMES

Le béninois et la courtoisie

Les traditions dans les sociétés africaines sont pour la plupart faites de moments de communion fraternelle qui s’érigent pratiquement en rituels. Ainsi, même les salutations chez nous se font dans une ambiance festive faite d’échange de propos courtois qui permettent d’agrémenter la journée. C’est l’une des marque de cette Afrique qui respire l’insouciance et le bonheur de vivre ensemble. La courtoisie est donc perçue par tous comme la clé qui ouvre toutes les portes.
Mais aujourd’hui, cette valeur qui faisait des peuples africains des peuples au sein desquels on sentait la chaleur de l’humanité au quotidien, est en train de déserter le forum. Un tour dans nos grandes villes du Bénin, et le constat est désolant, on s’insulte à tout bout champ pour un rien du tout. C’est à croire que tous les béninois sont sur les nerfs à tout moment. Ce comportement désagréable est surtout noté dans le rang des conducteurs de taxi motos qui apparemment sont à tout moment à la recherche des victimes expiatoires sur qui ils vomiront toute la rage de leur souffrance.
Sur les réseaux sociaux, la situation prend de plus en plus une proportion horrible. Les injures sont ce qui vous assaille au quotidien. Le béninois n’a même plus d’égard pour les autorités. Peu des usagers de ces réseaux ont encore le sens de l’humour et de la courtoisie. Le moindre geste est dramatisé ou interprété dans tous les sens avec des commentaires désobligeants. Ainsi, la toile est faite la plupart du temps de querelles inutiles agrémentées par des grossièretés qui salissent le pays. Et même entre des personnalités d’une certaine catégorie sociale chez qui on espère souvent voir la sagesse pour de vrais débats d’idées, elles se versent dans des argumentations ad ‘hominem qui en réalité n’apportent rien à l’édification de la Nation. Or, Georges Sand ne nous apprend-il pas que « la polémique doit être pleine de courtoisie, même avec ses ennemis les plus acharnés » ?
Et même dans des services, où des individus partagent à longueur du temps les mêmes locaux, ils ont parfois de la peine à réellement échanger entre eux. Par conséquent, chacun reste cloitré dans son coin vivant tout le temps stressé dans un enfer qui ne devrait jamais exister si le principe de la courtoisie n’avait été pas enterré dans la société. Alors, on cherche à s’imposer aux autres par une répugnante arrogance tout en oubliant que « la courtoisie porte en elle-même sa récompense tant sa pratique rend heureux », selon Claire Martin.
Parfois même sur le terrain de l’amour où la tendresse est le meilleur langage, certains se laissent aller par une violence verbale qui fait saigner le cœur de leur vis-à-vis qui souffre le martyr à tout moment. Ce qui transforme du coup bon nombre de relations amoureuses en enfer malgré la sincérité de l’un et de l’autre. Or, dans les couples de nos grands parents qui sont restés ensemble jusqu’à leur vieillesse, cette valeur reste préservée sans faille. Dans ces vieux couples, il est vraiment agréable et beau de voir les deux tourtereaux se complimenter ou se faire des reproches avec grande courtoisie. Aujourd’hui plusieurs vivent en célibataire malgré tous leurs atouts, tout simplement parce qu’ils n’ont plus en eux cette valeur qu’est la courtoisie. Pour un rien on est prêt à prendre une mouche en se cachant derrière ce que nous appelons honteusement ‘’principe’’ ou ‘’caractère’’.
Par ailleurs, ceux qui veulent vivre selon cette norme sociétale sont vus comme des comédiens ou des clochards. D’autres vont jusqu’à leur prêter des idées, une situation qui met en mal la vie en société et dépouille l’Afrique de son humanité légendaire.

Edouard ADODE

Article Categories:
A la une · Chronique des us et coutumes

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Daabaaru