CHRONIQUE DES US ET COUTUMES : Le charme des peuples Nagot et Baatoonu !

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Entre les peuples Baatoonu et Nagot, il existe des traits d’union dont l’origine réelle est presque effacée par l’usure causée par le temps. Ainsi, bien que ces deux groupes ethniques n’aient aucune ressemblance linguistique, leur cohabitation reste aussi fraternelle qu’on ne saurait expliquer. Alors, on vous dira qu’entre Nagot et Baatoonu, ce n’est qu’une histoire de cousins ou de cousines.
Selon certaines bribes de l’histoire transmises de génération en génération sous les arbres à palabre ou au clair de la lune de bouche à oreille, Nagot et Baatoonu ou Bariba seraient des cousins : le père du premier étant l’oncle du second ; et la mère de ce dernier la tante du premier. Ainsi, le Nagot serait le fils de la femme et le Baatoonu le fils de l’homme. Pour d’autres langues qui tentent d’expliquer le lien légendaire entre les deux peuples qui ont une conscience collective d’être liés par l’histoire, Nagot aurait été, il y a longtemps, esclave de Bariba ou encore le contraire.
Mais cette complexité qui caractérise l’origine du lien qui existe entre les deux peuples n’entache aucunement la cohésion légendaire qui existe entre ces deux ethnies depuis la nuit des temps malgré la différence des deux langues. Ainsi, qu’un Bariba appelle un Nagot son esclave ou encore le contraire, n’a jamais été considéré comme une insulte pour qui que ce soit. Au contraire, quand les deux peuples se croisent, c’est de véritables moments de plaisanteries et de taquineries qui pour les profanes pourraient être comprises comme des attaques humiliantes. Une véritable symbiose légendaire, laissée par les ancêtres des deux peuples et qui est perpétuée de génération en génération.
De cette cohabitation pacifique entre ces peuples du Bénin, nous apprenons aisément l’esprit de la tolérance et de l’acceptation de l’autre malgré sa différence pour le meilleur des mondes. Ainsi, les conflits entre Nagot et Baatoonu se règlent avec une grande facilité qui traduit tout simplement la complicité qui a régné entre les deux peuples depuis des temps immémoriaux. Ce qui fait jusqu’à ce jour la beauté de la culture de paix observée chez ces deux peuples.
Si tous les peuples africains pouvaient vivre comme les Nagot et les Baatombu du Bénin, l’Afrique serait le meilleur endroit au monde. Ainsi, ni la langue, ni les traits négatifs de l’histoire des peuples ne pourront constituer une barrière pour le vivre ensemble. Par conséquent, même si hier un peuple a été esclave d’un autre ou aurait été moins civilisé qu’un autre, cela serait tout simplement vu comme une erreur de l’histoire. Et en aucun cas personne ne pourrait se baser sur ces préjugés erronés du passé pour conclure la supériorité d’une race ou d’une ethnie par rapport à une autre.
Notre monde étant dans une dynamique sans précédent, nous devons donc apprendre à transcender ces rivalités ethniques en gardant à l’esprit qu’aucun peuple n’est supérieur à un autre. Ainsi donc, nos différences linguistiques ou culturelles doivent être au service du développement dans la tolérance et dans l’acceptation de l’autre.
Au Bénin, que nous soyons Foulani, Toffin, Aïzô, Somba, Fon, Danhomènou, Adja, Idasha, Goun, Mahi, Kotokoli, Dendi, Yoruba, Yom ou quoi d’autres, nous sommes condamnés à vivre ensemble ; et c’est dans notre cohabitation pacifique que réside notre force.
Ainsi donc, c’est fait preuve d’idiotie et de faiblesse d’esprit que de croire que sa race est supérieure ou authentique par rapport à une autre et qu’il y a des ethnies qui ont le droit de régner en maître dans certaines zones du pays.

Edouard ADODE

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