CHRONIQUE DES US ET COUTUMES : Quel malheur sur le peuple Mahi!

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CHRONIQUE DES US ET COUTUMES

Quel malheur sur le peuple Mahi!

Dans l’espace de moins d’une décennie, le peuple Mahi de la cité du roi Soha au Bénin est plongé par deux fois dans l’obscurité de la tombée de la nuit sur leur royaume. La nouvelle est tombée le mercredi 29 janvier 2020. Le 14e roi de Savalou a tristement déposé les armes après avoir longuement lutté contre une maladie. Le roi Gandjègni Awoyo Gbaguidi XIV a donc cassé la pipe créant pour une deuxième fois dans l’histoire de ce royaume une vacance de pouvoir après celle de 2002 à 2006.

Ainsi donc, après quatre années de règne, le successeur du feu Tossoh Gbaguidi XIII est à la fin de la mission à lui confiée par ses ancêtres. Une nouvelle qui attriste le peuple Mahi et au delà toute la nation béninoise.

Si cette fin est inéluctable dans la vie de chaque homme, fut-il esclave ou roi, la fréquence de sa survenance au niveau du trône de Soha, est ce qui inquiète plus d’un. Puisque depuis le règne du dixième roi de Savalou, sa Majesté Bahinou Gbaguidi X qui a régné de 1928 à 1937 soit 9 ans au pouvoir, les deux derniers règnes se présentent comme les plus courts dans l’histoire de ce royaume. Tossoh Gbaguidi XIII a régné de 2006-2014 soit un règne de 8 ans puis Gandjègni Awoyo Gbaguidi XIV garda la couronne du roi Soha de 2015-2020 soit pour environ cinq ans seulement.

Alors, au vue de ce que coûtent les rituels d’intronisation d’un monarques en pays Fon et Mahi, et ses implications aux plans spirituel et cultuel; on est en droit de craindre pour une vacance ou une régence interminables à la tête de ce royaume qui fut puissant dans le passé. Les circonstances du départ des deux derniers rois de Savalou viennent renforcer cette peur qui, longtemps, laissait croire aux béninois influencés par les religions importées que nos royautés sont faites de pratiques diaboliques. Ainsi, le roi est vu chez nous comme un grand sorcier qui passe tout son temps à mener des luttes spirituelles à n’en point finir, même si aujourd’hui certains rois essaient de démystifier leur trône par des actes plus humanitaires et plus humains, cette perception souvent erronée continue de demeurer dans les esprits et se renforce par ces départs tragiques de rois.

Alors, pour qu’on n’en viennent pas à une fuite des trônes de nos ancêtres par peur de luttes spirituelles avec des forces occultes, il est important que la chefferie traditionnelle soit repensée pour que le roi finit par sortie de l’extraordinaire pour une vie ordinaire sans pour autant devenir vulgaire. Et sur ce point, les rois Signon de la vallée de l’Ouémé et Yawa Kina II alias Touko Sari de Sinendé font un effort considérable dans leur différent royaume pour la démystification de la royauté.

De même, il est important qu’en ce moment où le droit positif béninois commence par reconnaître la chefferie traditionnelle, que le pouvoir des rois soit redéfini afin qu’ils soient de véritables administrateurs traditionnels et et non des chefs de culte obligés d’être nantis de hauts pouvoirs mystiques pour un long règne.

En entendant cette réorganisation du pouvoir traditionnel, le peuple Mahi continue de pleurer ses deux derniers célèbres monarques, vestiges d’un passé glorieux qui s’éteint à petit coup.

Edouard ADODE

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