CHRONIQUE DES US ET COUTUMES : Une carte d’identité de la honte?

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CHRONIQUE DES US ET COUTUMES

Une carte d’identité de la honte?

L’Afrique était sur le chemin de son propre développement avant sa rencontre fortuite avec les autres. Une rencontre à partir de laquelle, l’Afrique a été rattrapée et dépassée. Aujourd’hui, elle tourne sur elle même cherchant à nouveau la direction de son chemin de développement qu’elle avait laissé depuis quelques siècles.

Ainsi, bien avant de rencontrer l’Occident, l’Afrique avait déjà conçu des mécanismes propres à ses réalités pour organiser ses fils. Alors, dans ces temps immémoriaux, conformément à l’esprit de la solidarité des africains, la langue n’était pas le seul signe distinctif des races et ethnies. L’individu n’étant pas isolé, chaque homme, chaque femme ou chaque enfant est associé à un groupe ethnique et il est facilement repérable grâce à des signes extérieurs très clairs.

Les cicatrices raciales étaient ce moyen formidable provenant du génie des africains et qui servaient de carte d’identité. Une carte d’identité particulière qui n’expirait jamais et qui ne renseigne par sur l’individu mais sur le groupe ethnique ou racial auquel il est attaché.

Les cicatrices raciales, au delà de l’aspect identitaire qu’on leur reconnaît jusqu’à ce jour pour les peuples qui ne les ont pas abandonnées, étaient également des moyens à travers lesquels la solidarité et le sentiment d’appartenance à la même tribu se renforcent. Que ce soit chez les Yoruba de Sakété, Kétou, Pobè, les Adjovi de Ouidah et les Pédah avec leurs 2 fois cinq, les Tori de l’Ouémé avec l’unité sur chaque jour, ou encore chez les peuples de l’Atacora qui magnifiquement laissent, comme des traits de balai dans tout le visage, la signature de leurs aïeux, sans oublier les Manin qui préfèrent s’estamper merveilleusement de la tempe au menton, c’est toujours une fierté pour ces peuples de porter ces marques originaux de leur identité culturelle.

Ces cicatrices raciales constituaient par ailleurs des marques qui obligent son porteur à se comporter dignement partout où il se trouve selon les valeurs du peuple auquel il appartient. Car chacun de ses actes en bien comme en mal se répercute directement sur sa communauté d’appartenance. Par ces traits, chacun se sentait ambassadeur de sa race et de son ethnie partout il se trouve. Alors point besoin de lui rappeler, la conduite digne de sa lignée dont il porte visiblement les marques.

Mais aujourd’hui, cette invention culturelle a tellement été peinte de diabolique et de barbare que les quelques personnes qui continuent de la garder, ont parfois de la peine à s’afficher. Car le regard des acculturés constitue désormais un poids que ceux-ci supportent au quotidien. Par conséquent, les plus nantis vont jusqu’à opter pour une chirurgie faciale pour ressembler à tout le monde. De même, la plupart des porteurs des cicatrices raciales n’arrive pas à transmettre le témoin à leurs progénitures tout simplement à cause de la honte ou sous l’effet de la mauvaise compréhension de la civilisation.

S’il m’était permis de dire un mot à ceux qui continuent de porter fièrement ces cicatrices raciales ou même cultuelles à l’instar de mon cher frère Stanislas Gbènoukpo Amoua, je vous dirai simplement que vous êtes beaux et vaillants détenteurs d’un pan de nos riches valeurs culturelles. Soyez en fiers!

Edouard ADODE

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