CHRONIQUE DES US ET COUTUMES : Une nouvelle sorcellerie pour l’Afrique…

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CHRONIQUE DES US ET COUTUMES

Une nouvelle sorcellerie pour l’Afrique…

L’une des marques fortes du Dahomey d’hier et Bénin d’aujourd’hui, et notamment de l’Afrique en général est la maîtrise de certaines forces surnaturelles voire mystiques sous la forme d’une kyrielle de divinités. Mais si longtemps ces divinités dont je tais ici les noms de peur d’en oublier, sont craintes et respectées non seulement par leurs adeptes mais également par les non initiés, c’est à cause du pouvoir redoutable dont elles faisaient montre grâce à la force de ce qui a été appelé sorcellerie et peint de magie noire par les étrangers civilisateurs.

Difficile de rester insensible à la vue d’un revenant qui apparaît du néant sous les paroles incantatoires d’un vieil homme bien ordinaire.
Impossible de se maîtriser face à un homme qui se fait poignarder sans se faire blesser même par l’arme la plus tranchante qui aurait existé.

Qui n’a pas été effrayé par cet oiseau, cet insecte, ce reptile qui est à même de servir de moyens de locomotion à des femmes et des hommes pour des réunions de grande envergure spirituelle dans des nuits où le silence qui y règne peut faire courir même le plus grand courageux d’Hollywood? D’ailleurs, les voyages sur de longues distances au temps du roi Béhanzin, n’étaient pas un souci. Car, il y existait des paroles sacrées pour ”casser le trajet”, c’est-à-dire réduire le chemin.
Qui ne serait pas surpris de voir un homme parler avec des morts ou avec l’âme d’un vivant, en suivant audiblement cette conversation entre les deux mondes ? Et c’est ça l’Afrique, le continent des mystères.

D’ailleurs, je me souviens de ce jour où je surpris mon feu grand-père en pleine discussion houleuse avec un être que moi de mes yeux d’enfant, je n’eus pu observer tout ébahis. Il me fit savoir après cette étrange conversation que c’était un ami qui lui aurait rendu visite depuis Djèbou dans le Nigeria. A la question de savoir comment cet ami ait pu entrer sans que je l’aie vu. Le père de ma mère me répondit par un regard et un sourire expressifs que je compris plus tard après sa mort.

Ce sont-là quelques hauts faits propres à la science noire qui faisait de remarquables exploits avant l’arrivée de la nouvelle philosophie importée par des religions révélées qui y voient uniquement une œuvre diabolique à bannir à tout prix.

Sorcellerie diabolique, cette sorcellerie qui enlève à son possesseur tout esprit de discernement et le rend anthropophage des nuits dans les baobabs ou dans les grandes forêts. Elle est diabolique, cette sorcellerie capable de rendre malade une personne par pure jalousie. Diabolique, cette sorcellerie là qui rend captif et criminel le sorcier.

Sinon, à y voir de près, selon la philosophie du feu Adigbè Togbédji de Dangbo, l’Afrique avant la colonisation était sur le chemin de son développement conformément à ses réalités. Ainsi, l’intrusion du blanc en Afrique vient changer le cours de la marche du continent noir vers son essor qui ne saurait être comparé à ce que l’Occident tente de nous miroiter aujourd’hui. Alors, l’Afrique se voit dans une stagnation historique en attendant de retrouver le bout du fil que tissaient les ancêtres et sans lequel elle ne pourra y arriver, car « l’Afrique noire est mal partie », d’après l’écrivain français René Dumont.

Les prémices des merveilles des nouvelles technologies de l’information et de la communication se sentaient déjà dans cette Afrique d’avant la colonisation grâce à cette sorcellerie-là. Il aurait suffi de laisser l’Afrique dans sa marche et elle apportera ce qu’elle sait faire sur le marché de la mondialisation pour l’équilibre.

Donc, pour un réel développement de l’Afrique, il va falloir réinventer la sorcellerie africaine en lui donnant plus de crédibilité comme à la science du blanc qui échoue parfois là où celle d’Afrique réussit facilement.

Edouard ADODE

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