COMMERCE ILLICITE AU BÉNIN : Les consommateurs d’essence frelatée grugés avec plaisir . Modes opératoires des vendeurs indélicats

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L’activité de la vente d’essence frelatée communément appelée “ kpayo” a pris une nouvelle tournure surtout dans les grandes villes du Bénin. À Parakou, certains vendeurs bien organisés dans la vente de ce liquide inflammable et installés dans les coins stratégiques de la ville trompent la vigilance des clients avec plusieurs techniques. Ainsi, les clients dans leur ignorance, envahissent ces stations informelles souvent attirés par le prix affiché par ces vendeurs indélicats qui grugent la clientèle en douceur. Leurs modes opératoires varient d’un vendeur à un autre avec pour seul objectif de séduire la clientèle en l’induisant dans un vol qui ne profite qu’à eux et laissant le client dans son ignorance.

Wilfried AGNINNIN

C’est un système de vente frauduleuse contre les consommateurs de ce produit. Des publicités agressives avec à la clé l’inscription des prix irréels défiant toute concurrence sur les tableaux de ventes. Ces tableaux exposés aux bords de la voie imposent leur regard aux passagers notamment les consommateurs de l’essence frelatée. Grâce à cette duperie, ces vendeurs parviennent à faire un chiffre d’affaire journalier non moins important. Cependant, cette méthode est parfois objet de dispute voire de bagarre entre clients et vendeurs de l’essence frelatée.

Des faux prix, objet d’altercations

Le non respect des prix inscrits sur les tableaux de vente de l’essence frelatée par les vendeurs crée souvent de mécontentement entre les consommateurs et ces derniers. Osseni Issiaka conducteur de taxi moto rencontré à Parakou en a été une fois victime. Il raconte, « ce qu’ils font ce n’est pas bon. Un jour je me suis arrêté pour prendre d’essence au niveau du château d’eau de Parakou chez un vendeur, il a bel et bien écrit 300 F sur le tableau, j’ai pris deux litres ça fait normalement 600 F et je lui ai remis 1000F, mais il me remet 300 F comme reliquat. Et il me dit c’est à partir de 5 litres qu’il vend à 300f. Tout ça là c’est du vol, si ce n’était pas qu’ils nous ont séparés, j’allais le frapper ».
Le représentant des vendeurs détaillants de l’essence frelatée à Parakou Alassane Bah Imorou est bien informé de la situation. Il qualifie d’ailleurs cet acte de “ banditisme ”. « Pour ceux qui écrivent et ne respectent pas le prix qui est affiché sur le tableau, c’est des bandits. Et après le client réclame sa monnaie et tu le dis que c’est à partir de tel litre que tu vends à tel prix, ça c’est du vol et on est en train de se préparer pour eux », a-t-il dénoncé. Le président de l’association pour la défense des consommateurs du septentrion August Nougbodjinhi, en a été même victime une fois et pense que ce système de vente est une forme d’escroquerie des consommateurs. « Je crois que c’est une fantaisie et c’est un abus de confiance contre les consommateurs et cela moi même j’ai été victime de ça tout juste derrière le camp militaire Séro Kpéra de Parakou », a-t-il confié.

Leurs modes opératoires

Selon le représentant des vendeurs détaillants de l’essence frelatée à Parakou Alassane Bah Imorou, ces jeunes qui s’adonnent à ce système de vente ont plusieurs méthodes. Bon nombre de ces vendeurs indélicats compressent les bidons dans le but de diminuer la quantité du contenu. D’autres par contre font le couper-coller de ces bidons. Il explique en ces termes, « dès que toi un client tu vas chez un revendeur et tu vois deux jeunes sur une même table, il faut faire très attention, il faut commencer par les contrôler. Contrôle correctement l’entonnoir qu’ils gardent, dis-lui d’enlever le filtre, tu verras qu’il y a un tuyau d’électricien qu’ils ont poussé jusqu’au bord de l’entonnoir et quand ils vont te servir l’essence toi tu prendras 1/4 de la quantité achetée et 3/4 restant dans l’entonnoir. Ces entonnoirs sont fabriqués par les soudeurs afin de tromper la vigilance des clients ». Pour Alassane Bah Imorou plusieurs bidons d’essence et entonnoirs ont été saisis et déposés à la police républicaine. D’autres utilisent des bouteilles de 1,5L pour servir 2L aux clients. Parmi ces vendeurs d’autres préfèrent opérer la nuit, ainsi profitant de l’obscurité, remplissent les bouteilles à moitié pour servir les clients.

Des mesures

Le représentant des vendeurs de l’essence frelatée a fait savoir que des dispositions sont prises pour mettre la main sur ces faussaires. « Après le carême musulman, on va descendre sur le terrain pour sanctionner ces jeunes », a-t-il fait savoir. Même son de cloche du côté d’August Nougbodjihi qui pense prendre langue avec les acteurs de ce secteur d’activité. « Je crois qu’à partir de maintenant, je suis en train de prendre des dispositions pour rencontrer les responsables de vendeurs de l’essence frelatée afin de discuter avec eux ».
Le président de l’association pour la défense des consommateurs du septentrion August Nougbodjihi, invite les consommateurs à se renseigner au préalable sur le prix avant tout paiement. C’est un système de vente pour attirer la clientèle, mais il n’est pas recommandé. « Les revendeurs doivent écrire correctement, en vente de l’essence frelatée ici à tel prix », a-t-il invité.
Déjà dans l’informel, ces jeunes vendeurs indélicats semble empirer leur situation par ces actes qui doivent être bannir du rang des vendeurs de l’essence frelatée. Alors, les associations de ces vendeurs doivent privilégier la sensibilisation afin d’assainir le secteur pour que la confiance puisse régner entre consommateurs et vendeurs.

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