CONDUCTEURS DE CAMIONS GROS PORTEURS AU BENIN : Un métier de grands risques et de grands vices

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CONDUCTEURS DE CAMIONS GROS PORTEURS AU BENIN
Un métier de grands risques et de grands vices

 

Des poids lourds au niveau du parking de Sntn Parakou

Chargés de convoyer les marchandises qui quittent le port autonome de Cotonou vers l’intérieur du pays et vers les pays de l’hinterland, les conducteurs de camions gros porteurs côtoient assez de dangers dans l’exercice de leur fonction. Ces hommes qui passent le clair de leur temps sur les voies inter-Etats des jours et des mois parcourent au quotidien de véritables chemins héroïques pour satisfaire leurs besoins vitaux et à ceux de leurs familles. Ces hommes qui mettent leurs vies en dangers dans l’exercice de ce métier, développent au même moment des déviances sexuelles et la dépendance à certains stupéfiants. Un tour sur les parkings de Parakou et la route inter-Etats Parakou-Malanville, permet de se rendre compte des aléas de ce métier qui absorbe des milliers de jeunes béninois, et nourrit des millions de bouches au Bénin.

Edouard ADODE

Les chauffeurs des camions gros porteurs constituent des maillons importants de la chaîne économique du Bénin et de la sous-région surtout dans l’espace l’Union Economique Monétaire de l’Afrique de l’Ouest (Uemoa). Ils participent au transport des biens économiques du port autonomes de Cotonou vers l’intérieur du pays et les pays limitrophes du Bénin par voies terrestres. Puisque le réseau ferroviaire est quasi inexistant dans cette région, ceux sont ces vaillants hommes qui assurent le déplacement des biens économiques vers les populations au prix de leur vie. Ce métier apparemment facile, expose ceux qui le pratiquent à de graves dangers qui leur coûtent parfois la vie. Ils sont pour la grande partie des hommes âgés 25 à 50 ans qui exercent ce métier au Bénin. Ils sont pour la plupart nantis d’un permis de conduire catégorie C et D, en plus d’un permis de conduire le Communauté Economique des Etats de L’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Ils travaillent sur les grandes routes inter-Etats. Dans la journée comme dans la nuit, ceux-ci sont une fois sur les routes, livrés aux intempéries et autres dangers. Peu d’entre eux sont propriétaires des camions qu’ils conduisent, donc ils sont pour la plupart des employés des sociétés de transport. Bien que ce métier nourrisse son homme, les conditions de son exercice ne sont guère reluisantes. Comme le témoigne Hyacinthe Aballo, conducteur de gros porteur rencontré sur un parc gros des porteurs de Parakou, « j’ai un Salaire de 80 000f cfa, il y également des à côtés qui sortent par moment qui ne sont pas mal. Quand même avec ce métier, j’arrive à subvenir convenablement aux besoins de ma famille ». Pour la plupart, ils gagnent entre 50 000 fcfa et 200 000f cfa selon les employeurs et selon leur ancienneté dans le métier. Mais, ils vivent plus des sous qu’ils arrivent à trouver dans les transports parallèles, qu’ils font à l’insu de leurs employeurs. Toutefois, ce sont des travailleurs qui vivent au quotidien. Rares sont ceux d’entre eux qui arrivent à épargner pour une retraite paisible.

Un travail qui expose à la polygamie et à des maladies

Dans le rang de ces chauffeurs, peu sont ceux qui vivent avec une seule femme. Au cas où on en trouve, ils sont pour la plupart infidèles à leurs conjointes. Cette situation s’explique par le fait que les chauffeurs gros porteurs passent peu de temps dans leurs maisons. Etant sur la voie à tout moment, ils sont obligés d’avoir des femmes dans près que toutes les grandes villes du Bénin pour satisfaire leur libido. « Moi, j’ai actuellement deux femmes au village. Mais j’ai trois femmes qui m’ont fait d’enfants dans trois autres villes. Une est ici à Parakou, une autre à Malanville et la troisième à Niamey au Niger ». confirme Codjo Agbokou chauffeur gros porteur résident à Bohicon en transit sur Diffa au Niger. « Au début, je n’avais jamais pensé avoir autant de femmes, mais à ma grande surprise tout comme de l’amusement, c’est arrivé. Il arrive des moments je passe deux mois sans voir ma famille à Bohicon », a-t-il ajouté. Ces hommes sont exposés à des maladies sexuellement transmissibles du fait qu’ils se voient obliger de sortir avec plusieurs femmes dans plusieurs endroits selon leurs trajets. L’absence de ceux-ci dans leurs vrais foyers expose leurs conjointes à des situations d’adultère. « C’est vrai, j’ai vu les femmes de plusieurs collègues les abandonner à cause des voyages. Moi, mes deux femmes sont avec mes parents au village, là elles se sentent un peu sous la surveillance », explique Abdoulaye, chauffeur gros porteur. Ainsi, ceux qui se marient nouvellement sont parfois obligés de voyager avec leurs femmes.
Du point de vue gastronomique, les chauffeurs sont sujets de plusieurs maladies gastrites parce que pour la plupart du temps, ceux-ci ne mangent qu’auprès des bonnes dames tout au long de leurs trajets. Ignorant tout des conditions de cuisson de ces mets, ils souffrent souvent de maux de ventre, de l’hémorroïde, de la diarrhée, et d’autres maladie du foie. Du fait qu’ils passent de longues heures assis, les maux de hanches et des renflements des pieds sont les pathologies auxquelles, ils sont le plus confrontés.
Pour mieux tenir la route, beaucoup sont ces chauffeurs qui font recours aux stupéfiants s’exposant ainsi à plusieurs maladies voire même la mort.

Les premières victimes de braquages et d’accidents de circulation

Transportant des marchandises qui coûtent des millions, les conducteurs de gros porteurs font fréquemment objet de braquage et de vol de marchandises. Lorsque ces cas se présentent, ils ont d’office de mailles à partir avec la justice au cas où les braqueurs épargnent leur vie. Très souvent, ils sont victimes des accidents de circulation qui les rendent infirmes pour toute leur vie, ou même causent la mort de nombreux d’entre eux. Au cas où, ceux sont eux qui sont coupables d’un cas d’accident, ils subissent régulièrement la vindicte populaire. Raison pour laquelle plusieurs cherchent des voies et moyens pour se sauver dans ces cas, « vous voyez cette bague, c’est un gris-gris contre accident, j’ai aussi un talisman à la hanche, çà là, si jamais un accident arrivait, moi je disparais pour me retrouver dans la brousse », confie Aboudoulaye.
Chaque voyage se présente comme une rude épreuve morale pour épouses, enfants et parents de ceux qui exercent ce métier. Comme le témoigne Chimène Zossou épouse d’un chauffeur de gros porteur, « chaque fois que mon mari prendre le camion et voyage, je me mets à prier pour que Dieu le protège jusqu’à son retour. C’est un travail difficile, mais voilà que c’est ça qu’il a appris ». En plus de tous ces risques, peu de ces chauffeurs sont déclarés à la caisse nationale se sécurité sociale (Cnss) pour une retraite digne du nom. En cas de maladie ou d’infirmité suite à un accident, ils sont pour la plupart abandonnés à leur propre sort.
Ainsi, se présentent les difficultés liées à ce travail très important pour l’économie nationale. Alors, il urge que les défenseurs des droits des travailleurs puissent songer faire quelque chose pour ces vaillants soldats économiques. L’Etat doit penser au plus vite, à la construction des chemins de fer pour réduire la peine de cette catégorie de travailleurs.

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Comments

  • Je veux accompagné j’ai permis b

    Paul 21 février 2021 3 h 51 min Répondre
  • courage au conducteur poids lourds

    houessanou 14 janvier 2022 18 h 51 min Répondre

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