S’il y a un fait qui n’échappe pas à l’attention des Béninois depuis 2016 et sur lequel ils sont unanimes, c’est bien l’incroyable métamorphose de Cotonou. Une transformation de la capitale économique qui se matérialise par la construction d’infrastructures modernes tant routières, marchandes, artistiques que touristiques. Mais cette modernisation de Cotonou, appréciée à sa juste valeur même à l’international, n’est pas sans conséquences sociales. Ceci au regard des expropriations qui en découlent souvent. Le récent cas du quartier Houeyiho où plus d’une centaine d’habitations, commerces et écoles seront rasés pour y ériger une gare routière en dit long.
Houeyiho bientôt rasé pour abriter une gare routière
En effet, dans ce quartier du 11ème arrondissement, 15 hectares soit au total 260 parcelles sont déclarées d’utilité publique par la mairie à travers la décision n°2024/N°083/Mcot/Cc/Se/Cj-Dade/Ssla-Sedof, en date du 25 septembre 2024.
Mais les propriétaires terriens et les présumés propriétaires de terriens n’ont été officiellement informés de la décision qu’en février 2025 par les autorités municipales. C’est du moins ce qu’ils ont fait savoir lors de leur sortie de presse le 21 avril 2025. Dépassés par la situation, ils crient haro et demandent aux autorités de revenir sur leur décision.
Casser des œufs pour faire des omelettes
Avant Houeyiho, plusieurs autres quartiers comme Togbin et Fiyégnon ont été rasés dans le cadre de l’aménagement de Cotonou. Des habitations, commerces, écoles et bien d’autres édifices ont été détruits par des Caterpillars sous le regard impuissant des propriétaires qui se retrouvent du jour au lendemain à la case du départ. Et avec cette nouvelle décision d’expropriation, l’on peut dire que ce sont de nouvelles victimes de la modernisation de Cotonou déjà en cours qui sont en train d’être constituées. Même si des indemnisations sont prévues pour dédommager les expropriés, cela n’enlève rien au fait que ce sont des souvenirs de plusieurs années qui vont être détruits, mais aussi des investissements mis en œuvre à travers les commerces, les écoles et autres. Les victimes devront donc tout reprendre et tout reconstruire à zéro.
N’est-ce pas le prix à payer pour construire un avenir meilleur pour les générations futures ? C’est clair qu’aucun développement n’est possible sans dommage collatéral. Quand bien même la réalité est triste, l’on doit se rendre à l’évidence qu’il est impossible de faire des omelettes sans casser les œufs. Néanmoins, dans un souci de paix sociale, il serait souhaitable que pour de tels projets, les autorités aillent à la table de discussion avec les personnes impactées, afin de recueillir leurs besoins et d’évaluer les conséquences de la mesure. Cela ferait moins de victimes.
Samira ZAKARI