COUPS D’ETAT EN AFRIQUE DE L’OUEST : La Cedeao a-t-elle échoué dans son rôle de maintien de la stabilité régionale ?

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L’ampleur des coups d’Etat en Afrique de l’Ouest tend à faire constater l’échec de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) dans son rôle de maintien de la stabilité régionale. En effet, au regard des situations sociopolitiques de différents pays qui ont conduit à la prise de pouvoir par des forces armées, l’on est tenté de se demander la réelle capacité de la Cedeao à jouer ce rôle conféré par ses Etats membres en 1990.

Depuis le coup d’Etat en Guinée le 5 septembre 2021, force est de constater que la Cedeao semble s’écarter du dialogue et des vœux des populations à la base pour s’attacher à ses mécanismes de gestion et de règlement de conflits. Cette posture met en péril l’objectif qu’elle s’est fixée, car un médiateur ne prend pas partie dans la gestion d’une crise. Il serait aisé de reprocher à l’institution l’usage du même mode de gestion lorsque des crises politiques mettent en péril la paix et la sécurité dans l’espace communautaire.

Aucune crise n’éclate sans une multitude de signes précurseurs. C’était le cas au cours des années 1990, et cela l’est encore actuellement. La longue succession d’événements survenus au Mali, en Guinée Conakry et au Burkina-Faso auraient déjà pu attirer l’attention de l’organisation. D’une tentative forcée de maintien au pouvoir, en passant par un référendum constitutionnel, pour aboutir à un mécontentement populaire généralisé, il était évident que les éléments étaient en place pour favoriser un renversement de ces régimes.

Même si la situation malienne n’est pas identique à celle guinéenne, les retombées de la situation sécuritaire dans le nord du pays avec son lot de morts, de déplacés et de violences ont tôt fait de décrédibiliser le pouvoir de Bamako, créant ainsi le terreau dans lequel le Colonel Assimi Goïta et les siens ont planté leur action.

A l’épilogue de chacune de ces situations (politique en Guinée et sécuritaire au Mali) qui a été un coup de force, la Cedeao n’a pu réagir que par la voie des sanctions tout en réclamant le retour à un ordre constitutionnel dans les meilleurs délais.

En vérité, de quels autres moyens dispose l’organisation ?

Le récent coup de force au Burkina, dans un contexte similaire à celui malien, accueilli avec enthousiasme et liesse par les populations permet à suffisance de se rendre compte de ce que l’organisation régionale a tout intérêt à se mettre en phase avec les aspirations et besoins réels et actuels des peuples des pays membres. L’immixtion des pays étrangers (intervention de la France à la suite du coup d’État au Burkina) n’est pas de nature à arranger et crédibiliser les interventions et décisions de l’organisation régionale.

Conséquence, la Cedeao se retrouve aujourd’hui avec en son sein, des Etats exclus des instances de décisions et de gouvernance, en marge, officiellement, des échanges commerciaux et monétaires ; parfois au mépris des retombées de ces sanctions infligées par l’organisation régionale sur les populations de ces Etats.

Il est vrai que la Cedeao s’était fixée comme premier rôle, la création d’une union économique et monétaire ouest-africaine avant d’intégrer le maintien de la stabilité régionale au titre de ses rôles. Mais sans le second objectif, le premier ne peut se concrétiser car c’est dans un climat de paix que le développement économique peut être une réalité. Il urge donc que la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) évolue dans ses mécanismes afin de les arrimer aux réalités et aux contextes politique, économique, social et par dessus tout sécuritaire de son espace.

Ce n’est qu’à ce prix qu’elle pourra contribuer à nouveau et efficacement au maintien de la stabilité régionale, et ce faisant, promouvoir la coopération et l’intégration pour une union économique et monétaire forte.

Adéniyi Gildas AFFOUDA (Stg)

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