DÉCOUVERTE : Alpha Mim, l’Alpha Blondy du septentrion

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DÉCOUVERTE

Alpha Mim, l’Alpha Blondy du septentrion

Il chante le reggae, il chante l’amour, la haine, la jalousie, la vie, le destin dans plusieurs langues. De son vrai nom Mama Ibrahima Mouhamadou Awali, Alpha Mim comme c’est de lui qu’il s’agit est un artiste musicien chanteur. Enseignant de son état, il a sorti son premier album dans les années 98. Mais avant d’y arriver, c’est celui là qui interprétait les chansons du reggaeman ivoirien Alpha Blondy dans les lycées et collèges de la cité des Koburu. Et depuis lors, sa voix résonne sur les différentes chaines de radio et télévision du pays. Pour faire la lumière sur l’artiste votre quotidien est allé à sa rencontre. Il nous livre ici ses débuts, ses ambitions et profite pour annoncer la sortie de son prochain album dans quelques semaines. Lisez plutôt.

Aurore ADANDEDJAN (Stg)

Daabaaru: Pourquoi Alpha Mim?

Alpha Mim: Le nom Alpha Mim vient du simple fait que mon père fut un grand maître coranique qu’on appelait Alpha parce qu’il ne vit plus aujourd’hui. Pendant ces prédications je le suis et on m’appelait petit Alpha. C’est d’ailleurs ce nom que j’ai pris «petit alpha» et quand j’ai vu Alpha Blondy chanté je me suis dit voilà un Alpha qui chante. Et dans les lycées et collèges j’ai commencé par interpréter les chansons d’Alpha Blondi, de là le nom Alpha est venu renforcer et les gens m’appelaient Alpha Blondy du Bénin. Puis lorsque j’ai atteint l’âge de maturité, j’ai commencé moi même par écrire mes chansons. Ce qui m’a permis de prendre ce nom Alpha plus Mim qui n’est que les initiales de mon nom d’identité, le M qui veut dire Mama, le I qui veut dire Ibrahima et le M qui est Mouhamadou.

C’est quoi la musique en général, et pour vous en particulier?

C’est cette tendance qui nous permet de véhiculer de messages, de distiller de belles mélodies pour permettre à l’être humain dans toute sa dimension de pouvoir s’épanouir à travers le son, les danses et le rythme.La musique pour moi c’est juste un instrument qui me permet d’abord de pouvoir véhiculer un message, d’être en harmonie avec le peuple, essayer de dire à travers un certain nombre de mélodies, de chansons non seulement ce que le peuple vit comme difficulté, mais aussi sa joie. Donc, c’est juste un instrument qui me permet d’être en harmonie avec le peuple, afin de partager avec ces derniers les moments de joie et de malheur en abordant plusieurs thématiques dans ma musique.

D’où puisez-vous votre inspiration?

Mon inspiration, je la puise dans la nature, à travers les thématiques sur la paix, l’amour, la beauté de la nature, l’être dans toute sa dimension et la joie.

Dans quel rythme musical pouvons-nous vous classer?

Je fais du reggae mais un peu métissé à la couleur traditionnelle parce que juste, je le fais pour m’identifier des autres. Parce que le tout ne suffit pas de suivre de façon « moutonnière », les autres dans ce qu’ils font. Vous savez nous sommes à l’ère de la mondialisation. Nous sommes sinon en plein pied dans la mondialisation où chacun, chaque peuple cherche à s’afficher à travers son identité culturelle. Dans ma chanson, certes, je fais du reggae mais dans ce reggae j’essaie de puiser dans nos valeurs traditionnelles en faisant une réconciliation avec le têkê, le sinsinnou. Et d’ailleurs, c’est cela qui m’a permis de baptiser mon rythme le reggae tekxi, tekxi têkê. Tek qui vient de têkê, xi qui vient de sinsinnou ajouté au reggae pour donner à Alpha Mim sa couleur, sa particularité.

Alpha Mim a combien d’albums à son actif et le dernier remonte à quand ?

Alpha Mim a plusieurs albums, sinon 04 jusqu’à l’heure actuelle. Le cinquième est en préparation au studio et d’ici là ça va sortir. Vous savez j’ai sorti mon premier album en 1998, ça fait aujourd’hui au moins vingt ans. J’ai sorti le second, autour de 2003, le troisième en 2004, je finissais l’Université, le tout dernier je l’ai sorti en 2011. Puis après c’est le silence plat, parce que vous savez en tant que professeur de l’autre côté j’ai, à charge des élèves qui doivent aller aux examens du Bepc, Bac donc le temps est ralenti. Il faut partager le temps entre la musique et l’enseignement. Je crois qu’aujourdhui, je suis au cinquième qui ne va pas tarder à sortir.

Dites-nous quel regard portez-vous sur la musique béninoise comparativement aux autres musiques modernes du pays?

C’est vrai que jadis la musique béninoise se cherchait, nous n’avons pas une identité fixe, nous n’avons pas une musique béninoise made in Bénin par laquelle on peut identifier le béninois. Parce que cela est dû à un certain nombre de considération socioculturelle. Vous savez nous ne parlons pas tous la même langue. Au sud nous avons le Fon, ainsi de suite, au Nord nous avons le bariba et autres. Imaginez quelqu’un qui chante en bariba mais dans un rythme Zinli. C’est vrai que c’est bien mais les considérations socioculturelles vont faire que cela aura d’impact certainement négatif. Il faut travailler la psychologie béninoise pour qu’on puisse s’adapter. Aujourd’hui je pense que ça commence par venir même s’il faut reconnaître que nous n’arrivons pas à nous greffer autour du même rythme. Les registres commencent par diminuer. Ce n’est plus un truc incommensurable des rythmes qu’on ne peut pas mesurer, qu’on ne peut pas quantifier, tellement d’artistes qui chantent dans des rythmes divers. Donc je crois qu’avec le temps nous avons tous compris qu’il faut aujourd’hui une synergie d’action pour qu’on puisse trouver à notre musique «made in Bénin» un certain rythme à l’instar du N’bala du Sénégal, le Togo aussi qui a son rythme, le Nigeria et tout ça… Je crois que ça commence par venir et ça finira par s’imposer quand même.

Faites nous un avant goût de votre 5ème album en préparation.

C’est un album de dix titres qui va effleurer toute une thématique. Vous allez voir dans le répertoire toujours la paix, l’amour, le mariage et vous savez je prends du temps parce que j’écris mes chansons, je les vis de façon à ce que quand ça sort qu’on sente que vraiment c’est du bon. C’est un album de bonne facture et donc je crois que probablement, ça sortira de toutes les façons en 2019. Mais je ne pourrai savoir quand, puisqu’il faut finir l’audio, tourner les clips avant de penser à la sortie officielle ce qui est sûr vous aurez la primeur du jour exact du lancement.

Depuis l’avènement du nouveau départ le fonds d’aide à la culture est transformé en fonds des arts et de la culture, quel regard avez-vous sur ce fonds?

Il faut dire que dans les années passées c’était le fonds d’aide, vous avez vu le vocable fonds d’aide, la connotation n’était pas aussi bien. Tout porte à croire que nous sommes des mendiants. Quand on dit aide, il faut toujours assister. C’est le phénomène de l’assistanat au niveau des artistes. Les sponsors ne répondent pas. Aujourd’hui l’état a su bien comprendre que si on doit dire fonds d’aide nous même on s’insulte, on se maudit. Donc fonds des arts, cela prend en compte tout le côté artistique même de la chose. Aujourd’hui je crois avec les nouvelles réformes ça commence par venir. Avant quand on déposait les dossiers c’était un groupuscule d’individus qui tourne autour et qui contourne parfois pour se mettre la main dans la poche et puis c’est ce groupuscule qui en bénéficie. Maintenant que tu sois du Nord ou du Sud, lorsque tu déposes ton dossier et que le dossier est bien ficelé, le dossier a un certain poids, je crois que sans discrimination, sans hypocrisie le fonds agit en faveur de tout le monde. C’est ce que nous avons voulu et je crois qu’aujourdhui cela pourra permettre à nos artistes de pouvoir émerger, de s’engager dans la promotion de notre culture.

Avez-vous déjà bénéficié une fois de ce fonds ?

Pour le moment non. De toutes les façons j’en ai bénéficié quand c’était fonds d’aide à la culture. Cela m’a beaucoup aidé d’ailleurs à sortir le quatrième album. Mais avec les nouvelles réformes je n’en ai pas encore eu mais je crois que ça va venir.

Votre artiste préféré au Bénin?

J’aime tous les artistes surtout les femmes : Sessimè, Pélagie la Vibreuse, Angélique Kidjo, Amy Mako, Side la blonde, Star Glory, plein d’artistes. Quand je vais prendre des artistes aujourd’hui sur le plan masculin, les jeunes qui viennent après nous, qui se battent tant bien que mal: Barassounon, Aziz Touré, Maff Affo et bien d’autres les gens qui sont dans la fleur de l’âge. Mon modèle d’artiste aujourd’hui c’est Sagbohan Danialou.

Quel est votre plat préféré et vos divertissements ?

Moi j’aime la pâte avec sauce crincrin accompagnée du poisson fumé et du petit fretin. J’aime la musique, la télé, la lecture. J’aime suivre le ballon mais je ne joue pas.

Vos fans meurent d’envie de vous écouter à nouveau. Un mot à leur endroit.

Le seul mot c’est leur dire patience, Alpha Mim est là et ils savent bien. Vous savez bien que Alpha Mim quand il sort son album c’est de bonne facture. En réalité je mets du temps parce que je ne veux pas sortir pour vous décevoir. Je voudrais que ma sortie soit réellement une sortie grandiose qui pourra permettre de me remettre en contact avec les fans, me remettre en contact avec eux et qu’ils puissent eux-mêmes justifier les raisons qui ont motivé mon silence.

Votre mot de la fin

Je voudrais dire merci à votre journal Daabaaru qui fait beaucoup pour la promotion de la culture. Je voudrais remercier très sincèrement le Pdg de cette structure et vous souhaiter une longue vie.

Propos recueillis par Wahabou ISSIFOU

Transcription: Aurore ADANDEDJAN (stg)

Quotidien Daabaaru, le leader de la presse écrite dans le septentrion

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