De Yayi à Talon, ce qui a changé
Arrivé deuxième au premier tour du scrutin présidentiel de 2016, Patrice Talon contre toute attente, s’est fait élire président de la République du Bénin le 20 mars 2016. A Porto-Novo le 6 avril de la même année, il prête serment et devient ainsi le successeur de Boni Yayi. Placé sur le signe de la rupture, le pouvoir Talon vient de boucler deux années à la tête du Bénin. Deux années de gestion qui n’ont rien à voir avec la gestion Yayi.
Barnabas OROU KOUMAN
Le bilan des deux ans de gestion de Patrice Talon sera biaisé s’il ne tient pas compte des réalités du pays à son accession au pouvoir. Ainsi, il convient de souligner que Patrice Talon a succédé à Boni Yayi. Le dernier élu président de la République du Bénin en 2006, avait un style de gestion basé sur le sociale.
Le pouvoir Yayi
Dix ans au pouvoir, Boni Yayi a fait du Bénin un pays où l’argent circulait grâce à la pratique du populisme. Il ne passait un seul week-end sans que des meetings de remerciements, des cérémonies de prières à l’endroit du chef de l’Etat, des marches de soutien et des cérémonies grandioses de lancements des travaux, d’inauguration ou pose de première pierre, ne s’organisent. Ces pratiques qui appauvrissaient le gouvernement, enrichissaient par contre les hommes politiques et les populations en général.
A côté, Yayi était un président très présent aux côtés des populations, il vivait le quotidien du peuple et le soutenait à chaque fois. Les nombreuses mesures sociales faisaient de lui un « papa bonheur » .
Cependant, beaucoup de malversations, d’actes de mauvaises gestion, de corruption et de favoritisme étaient à noter durant ses deux mandats. La politisation à outrance de l’administration publique, la promotion de la médiocrité par des nominations injustes ont caractérisé le changement et la refondation.
La gestion de Patrice Talon
Venu au pouvoir avec pour idéal « la rupture » , Patrice Talon a adopté une méthode totalement contraire à celle Yayi. Plus de populisme, adieu les cérémonies de remerciements, les messes et les cérémonies de prière à l’endroit du chef de l’État, les marches de soutien. Plus de cérémonies de lancement ruineuses et folkloriques, plus de poses de première pierre non plus.
Patrice Talon est un président très effacé, même sur les écrans de télévisions. Peu d’assistance aux populations, peu de communion avec le peuple. Même sur la scène continentale et internationale, l’homme se fait rare.
Préoccupé par les réformes qui doivent selon lui être la base de tout développement, le pouvoir de la rupture a tendance à oublier le côté social. Les réformes engagées font appel au à des mesures antisociales. Ne pouvant faire des omelettes sans casser les œufs, l’envie ardent d’assainir tous les secteurs occasionne des décisions très dures à accepter par le peuple. Des annulations, suspensions, révocations et limogeages ont été le quotidien des béninois.
Après ces mesures très lourdes et courageuses, le chef de l’Etat se lance dans la lutte contre la corruption, les malversations et la mauvaise gestion. Des audits, poursuites, arrestations et emprisonnements s’en sont poursuivis.
Ce qu’il faut retenir
Au vu de tout ce qui précède, il est claire que de Yayi à Talon, beaucoup de choses ont changé. La gestion qui a été celle de Boni Yayi a eu ses forces et bien évidemment ses faiblesses. Après deux ans, la gestion de Patrice Talon nous livre peu à peu, ses côtés positifs et ceux négatifs. De l’une à l’autre, le plus important, reste et demeure le bien-être du peuple béninois. Il est impérieusement nécessaire que Patrice Talon exploite les aspects positifs de la gestion de son prédécesseur pour parfaire la sienne.