DIFFICULTES DE MOBILISATION DES RESSOURCES PROPRES A SEGBANA : La commune victime de sa proximité avec le Nigeria . Le maire Orou Zimé Tian entend renverser la tendance

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Ségbana est l’une des communes du département de l’Alibori, avec une population majoritairement agricole. Du fait de sa proximité avec le Nigéria, avec qui elle collabore beaucoup sur le plan commercial, cette commune devrait être l’une des plus développées du département. Mais ironie du sort, Ségbana fait partie des plus malheureuses, malgré ses nombreuses potentialités. L’une des raisons qui expliquent cet état de choses est le faible taux de mobilisation des ressources propres de la commune depuis des décennies.

Dans une interview accordée à la rédaction du quotidien Daabaaru, l’actuel maire Orou Zimé Bio Tian pointe un doigt accusateur, la proximité de sa commune avec le Nigéria, comme l’une des causes de son sous-développement. A l’en croire, la commune a encore du mal à profiter de sa proximité avec le géant de l’Est.

En effet, malgré les stratégies mises en place par le maire, pour amener les populations de Ségbana et ceux qui y viennent pour les affaires, à contribuer au développement de la localité, les choses peines à prendre. « Après chaque récolte, les populations préfèrent aller vers le Nigéria, notamment au niveau du grand marché régional “Samia” situé à la frontière, pour évacuer leurs produits au lieu de rester ici. Elles trouvent que c’est plus avantageux, puisqu’elles arrivent à vendre chers les produits au niveau de ce marché. De même, pour ce qui est de l’animation des marchés, contrairement aux autres localités, malheureusement nous avons ce problème d’animation de marchés à Ségbana, ce n’est pas culturelle chez nous. L’ethnie Boo n’est pas très habituée aux marchés. Tu ne verras pas un marché s’animer vraiment dans la commune. On a également ce problème là qui est que, les gens à l’intérieur du Bénin, ne viennent pas acheter nos produits ici à Ségbana », a déploré le maire Orou Zimé Bio Tian en expliquant que face cette situation, les commerçants de Ségbana ont tendance à se ruer vers le Nigéria pour écouler leurs produits et pour les opérations d’achat. Ce qui n’arrange pas la commune. Selon le maire, toutes les démarches menées pour amener les forces vives de la commune à développer l’économie locale à travers l’animation des marchés de Ségbana sont vaines. Dans ces conditions, difficile d’exiger des taxes aux commerçants.

Par ailleurs, le maire a déploré le manque de parc automobile dans sa commune, pour accueillir le nombre important de camions et de véhicules qui quittent l’intérieur du Bénin pour le Nigéria. « J’avais voulu percevoir des taxes de stationnement, parce que les véhicules passent beaucoup par ma commune pour aller au Nigéria. Mais dès lors qu’on a commencé par en parler, un problème s’est posé. Pour que tu perçoives une taxe de stationnement, il faut avoir un parc d’automobile où les conducteurs vont stationner. Mais malheureusement, nous n’avons pas eu les moyens pour concrétiser ce projet », a t-il expliqué en ajoutant que « la distance entre la frontière de Ségbana et le Nigéria est trop longue, le Nord et tout l’Est de mon territoire, font frontière avec le Nigéria. On n’arrive pas à tout contrôler. Les seules taxes qu’on perçoit, c’est par rapport aux céréales notamment le maïs, le sorgho, qui quittent ma commune pour le Nigéria par exemple ».

Néanmoins, le maire a espoir qu’avec la concrétisation du projet gouvernemental de construction d’un marché régional agricole dans la commune de Ségbana précisément au niveau de la frontière, la situation changera. « Dès que la construction de ce grand marché régional par le gouvernement, sera effective, on pourra mieux maîtriser les choses. C’est un marché agricole, donc il y sera construit de grands magasins. Les grands commerçants et industriels qui sauront que leurs produits pourront être vendus au Nigéria, vont s’installer à la frontière. Et cela nous permettra d’exiger des taxes », a rassuré l’autorité communale. Aussi, faut-il dire qu’avec la construction du port sec au Nord de Ségbana, annoncée par le gouvernement, les nigériens qui allaient jusqu’à Cotonou pour acheter des produits, s’arrêteront à Ségbana pour leurs affaires et retourner chez eux. Avec ce projet, le trafic des camions sera encore plus renforcé au niveau de notre route. « Et ils seront contrôlés par la Cncb », a confié le maire, avec un visage plein d’espoir que sa commune amorcera réellement son processus de développement dans les jours à venir.

Il faut rappeler que le maire Orou Zimé Bio Tian est porté à la tête de la commune de Ségbana, à l’issue des communales et municipales de 2020.

Samira ZAKARI

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