Les femmes des réseaux FaFa Wa plaident pour leur accès à la terre et le maintien des filles à l’école dans le département de la Donga. Leur message de plaidoyer est adressé aux autorités départementales, communales et aux dépositaires des normes et valeurs endogènes. C’est à travers un atelier de plaidoyer qui a eu lieu le jeudi 27 juin 2024, à Djougou et qui s’inscrit dans le cadre du projet « Soutenir les femmes et les enfants dans les communautés cotonnières » (Sofec) phase 3 de Care Bénin/Togo.
Wilfried AGNINNIN
Dans la Donga, le taux d’accès des femmes à la terre et celui du maintien des filles à l’école sont faibles. C’est pourquoi, les femmes des réseaux FaFa Wa de ce département se sont levées à l’unisson pour changer la donne. Elles ont été soutenues techniquement et financièrement par Cargill et son partenaire la Société pour le Développement du Coton (Sodéco) à travers Care Bénin/Togo. L’objectif de cette initiative est de faciliter à ces dernières l’accès au foncier sécurisé et de maintenir les filles à l’école pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail.
Le tableau présenté par la Présidente du réseau, Ourou Adohi Salatou, n’est pas reluisant. En 2020, 2021et 2022, les taux d’abandon des filles dans la Donga sont respectivement de 15,55%; 16,62% et 16,50% alors qu’au niveau national, il est de 13,19 % en 2020; 12,62% en 2021 et 11,55%. Elle a rappelé que Fafa Wa signifie ‘’la paix est venue’’ une expression qui est une combinaison de deux langues du Bénin et du Togo (Fon et Mina), la définition de FaFa étant femme autonome, fille ambitieuse.
Dans le message de plaidoyer lu en présence des autorités, la porte-parole des filles et femmes du département de la Donga Soumouratou Moussa, a passé en revue quelques maux qui minent l’épanouissement des jeunes filles et femmes au Bénin. Elle a cité, entre autres, les Violences Basées sur le Genre (Vbg), le faible taux d’accès des filles et femmes aux ressources productives, la prolifération des écoles conventionnelles, le déplacement massif des enfants et des jeunes, et l’exposition des enfants aux pires formes de travail. Au regard de ces blocages, elle a plaidé pour, «faciliter l’accès des femmes au foncier rural tout en œuvrant pour une gestion équitable des conflits domaniaux au niveau de chaque instance foncière, mettre en application des textes et lois qui protègent la femme, sensibiliser davantage sur la scolarisation, le suivi et le maintien des filles à l’école». Soumouratou Moussa a également souhaité qu’une sensibilisation soit faite plus sur les jeunes filles et les conséquences de la migration, l’augmentation, la promotion et l’encouragement du leadership féminin. La sensibilisation des parents, des chefs coutumiers, leaders religieux, élus locaux sur le mariage précoce et forcé, la dénonciation des cas et la mise en application des textes et lois, n’ont pas été du reste.
Le représentant des Maires des communes de la Donga, Djibril Amadou et le porte-parole des propriétaires terriens, Moussouloumi Assouma, ont, tour à tour, salué l’engagement des femmes et des filles des réseaux FaFa Wa de la Donga pour la défense de leurs droits. Ils ont pris l’engagement de jouer leur partition pour l’accès des femmes aux terres sécurisées et le renforcement du maintien des filles à l’école. «Le maintien de la fille à l’école, la protection de la femme et de la fille restent notre combat quotidien», a fait savoir Djibril Amadou. Pour sa part, Moussouloumi Assouma, a souligné que « les femmes ont besoin des terrains cultivables pour augmenter leurs différentes activités économiques. (…). Les femmes veulent aussi investir dans la terre pour pouvoir en tirer profits, et non seulement subvenir à leurs besoins mais également ceux de leurs enfants, notamment les filles».
Pour sa part, le représentant du Préfet de la Donga, Salihou Harouna, a remercié les femmes des réseaux FaFa Wa pour avoir pensé initier ce plaidoyer. «Votre plaidoyer est reçu et il va être transmis à l’autorité. Elle va faire ce qu’elle doit faire pour que le droit revienne à tout le monde. Il s’agit du droit à la terre des femmes, à l’éducation des filles», a-t-il rassuré. Tout en saluant l’engagement de ces femmes, Salihou Harouna, les a invitées à poursuivre les sensibilisations au sein de leurs localités.
Affoussatou Affo facilitatrice du projet Sofec de Care Bénin/Togo a rappelé que ce projet vise à améliorer les moyens de subsistance et l’équité entre les sexes grâce aux chaînes de valeur agricole. Selon elle, l’atelier a permis aux femmes de se faire écouter par les autorités sur les difficultés qu’elles traversent en matière d’accès au foncier sécurisé et de maintien des filles à l’école.
Les femmes et les jeunes du projet Sofec 3 ainsi que les femmes des réseaux FaFa Wa du département de la Donga se sont dotées d’un plan de suivi de la mise en œuvre des engagements des autorités, propriétaires terriens et autres têtes couronnées.