DOPAGE EN MILIEU SPORTIF : Quand la recherche de performances et du gain devient une obsession . « Il est plus qu’important de bannir cette pratique pour une meilleure santé individuelle et publique », Dr Abdoul-Djalilou Tégnami

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C’est une pratique qui a de nombreuses conséquences sur ceux qui s’y adonnent. Le dopage, comme c’est de cela qu’il s’agit, consiste en la consommation des substances chimiques ou des actes médicaux définis par les organismes ad’hoc afin d’augmenter les performances physiques et mentales d’un sportif. Pourquoi des sportifs s’adonnent-ils à cette pratique ? Quelles sont ses conséquences sur leur santé ? Comment le prévenir ou renoncer à cela ? Le médecin généraliste Docteur Abdoul-Djalilou Tégnami apporte des éléments de réponse à travers cet entretien exclusif. Lisez plutôt.

Wahabou ISSIFOU

Daabaaru : Que peut-on comprendre par dopage?

Dr Abdoul-Djalilou Tégnami : Il existe ce qu’on appelle la conduite dopante et le dopage à proprement parler. La conduite dopante signifie le fait de consommer des produits en vue d’affronter un obstacle, qu’il soit réel ou ressenti. Elle ne se limite pas à la pratique sportive : la prise de produits avant un examen, une présentation devant un public, un entretien d’embauche ou une déclaration amoureuse, relève du même principe. Chez les sportifs, la conduite dopante commence par l’utilisation de substances autorisées : vitamines, caféine, bicarbonate de soude, médicaments homéopathiques ou de phytothérapie, etc… La prise de ces produits relève de la volonté d’obtenir des résultats plus rapidement et relève donc d’une certaine forme de tricherie. Elle peut déboucher sur la prise de produits autorisés plus spécifiques à l’usage sportif (par exemple des suppléments diététiques).

Le dopage, quant à lui, est l’usage de substances interdites. Ses objectifs sont l’amélioration de l’entraînement et des performances. Le dopage n’est pas seulement une tricherie. Il constitue un risque majeur pour la santé des personnes qui s’y livrent.

Pourquoi certains joueurs s’adonnent-ils à cette pratique ?

Avec le dopage, les sportifs peuvent gonfler leurs muscles, avoir plus de souffle, moins de courbatures ou moins de stress. Certains sports sont plus touchés que d’autres, comme l’athlétisme, le culturisme, le cyclisme, le football, le rugby, la boxe. Ce sont des sports où il faut de la force et de l’endurance, et où les champions touchent beaucoup d’argent s’ils gagnent des compétitions ou battent des records. Parfois, ce sont les entraîneurs qui les incitent à se doper, parce que le public et les sponsors demandent toujours plus de performances.

Quelles peuvent être les conséquences du dopage ?

Le risque d’effets indésirables diffère d’une substance à l’autre et inclut entre autres : les bouffées de chaleur ; la fatigue ; les éruptions cutanées ; les cancers ; l’Avc et parfois la mort.

Par exemple les anabolisants, comme la testostérone ou « hormone mâle ». Ces hormones permettent de synthétiser le muscle. Dans le même temps, prendre de la testostérone expose à faire des Avc, des infarctus, des cancers du foie. Ils exposent à l’agressivité et à la dépression. Chez les hommes, il peut y avoir une impuissance et une infertilité. Chez la femme, de l’acné, des troubles menstruels, une pilosité exacerbée et des cancers du sein entre autres.

Autre exemple avec les stimulants comme la cocaïne. Elle va améliorer la concentration, réduire la sensation de fatigue ou de faim faisant ainsi perdre du poids. Mais sa consommation peut entraîner des troubles psychiques, tels que des hallucinations. Le dépassement du seuil de la fatigue peut aller jusqu’à l’épuisement, voire jusqu’à la mort par dérèglement de tout le corps humain qui n’est plus à l’écoute de ses besoins.

Enfin, nous avons tous entendu parler de l’Epo, cette hormone humaine que nous synthétisons tous de manière naturelle, via le rein, et qui sert à la synthèse de globules rouges. L’administration d’Epo de synthèse va donc augmenter le volume sanguin et permettre à l’athlète de tenir plus longtemps son effort ou d’effectuer des accélérations plus intenses. Les effets secondaires sont surtout liés à l’augmentation brutale de la viscosité sanguine qui a un effet néfaste au niveau de la circulation. Ainsi au niveau cardiaque, la viscosité sanguine fatigue le cœur et favorise le phénomène de mort subite pendant l’exercice. Autres effets moins impressionnants mais tout aussi réels, l’Epo expose à un risque d’hypertension artérielle, de thromboses pulmonaires et cardiaques et des cas d’encéphalopathie ont également été décrits.

Les compléments alimentaires qui contiennent des protéines peuvent, à haute dose, fatiguer votre rein.

Quelles sont les méthodes pour le prévenir ?

Pour prévenir le dopage il faut :

1. Développer chez les athlètes une attitude favorable envers la non-utilisation de substances, méthodes et produits dopants dans les sports en axant l’intervention sur les avantages associés à un tel comportement.

2. Sensibiliser les proches des athlètes quant aux capacités de ces derniers à réaliser de bonnes performances sportives sans avoir à utiliser de produits dopants.

3. Renforcer les capacités psychologiques des athlètes à se surpasser dans les sports en dépit du fait qu’ils peuvent se considérer d’une certaine façon comme désavantagés parce qu’ils ne prennent pas de produits dopants.

4. Réduire le trafic de substances dopantes et l’usage d’agents de dopage interdits, renforcer les contrôles antidopage et améliorer les techniques de dépistage, garantir l’efficacité des sanctions prises contre les faussaires.

Comment renoncer au dopage lorsqu’on devient accro ?

Le dopage conduit-il à la toxicomanie, c’est-à-dire à l’usage régulier de drogues illicites ? La réponse est nuancée.

Chez un sportif en pleine carrière, la conduite dopante est très différente de la conduite toxicomane. Contrairement aux toxicomanes, les sportifs manifestent peu de dépendance physique aux produits interdits qu’ils consomment, mais plutôt une dépendance psychologique à la performance et au sport en général. De plus, le dopage fait fréquemment appel à l’usage simultané de nombreux produits alors que la toxicomanie ne concerne souvent qu’un ou deux produits. Ainsi, arrêter le dopage sera couplé d’une prise en charge psychologique et d’un suivi médical particulier.

Des conseils en guise de mot de la fin ?

Le dopage est un type de drogue, il est souvent difficile de s’arrêter même si on souhaite retrouver le droit chemin. Il est plus qu’important de bannir cette pratique pour une meilleure santé individuelle et publique.

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