EDITO
La démocratie béninoise enterrée, dites-vous ?
Lors de l’approbation du septième rapport de la septième mandature de l’assemblée nationale du Bénin, le plus jeune des députés a lâché le terme. Guy Mitokpè, puis que c’est de lui qu’il est question, a avec sa fougue qu’on lui connait d’habitude, conclu que la démocratie béninoise est enterrée. Pour le suppléant de l’ancien ministre de la défense du président Patrice Talon, les lois sur le nouveau code électoral et la nouvelle charte des partis politiques sont venues chanter le requiem de la démocratie au Bénin. Puis qu’il estime que ces textes législatifs sont anti-démocratiques et liberticides. Dans son raisonnement, il a semblé indexé l’exécutif comme l’auteur de ce ‘’meurtre’’.
Mais à y voir de près, doit-on déjà parler de la mort de la démocratie béninoise?
Certes, à l’allure où vont les choses sur le terrain politique, tout porte à croire que la liberté d’expression est bafouée. Inutile de rappeler ici le cas du jeune Korogoné et autres. Même si la justice a prononcé le droit, la situation agace beaucoup de béninois. Car dans un passé récent, les béninois étaient habitués à un excès de liberté dans l’expression. Ce qui avait même poussé l’ancien chef d’Etat Boni Yayi a qualifié cette ‘’démocratie de nescafé’’. « Une démocratie qui ne peut pas nourrir le peuple est une démocratie nescafé », avait-il laissé entendre. Ainsi, à travers ce constat de l’ancien président de la République le besoin de quadrillage de l’expression au Bénin devenait une urgence.
Guy Mitokpè a dit tout haut ce que bon nombre de béninois pense tout bas. Ça, c’est à l’actif de la jeunesse béninoise. Une jeunesse qui ose.
Aussi, faudra-t-il que le respect de l’autorité soit réellement réinstauré pour le bonheur de cette démocratie que les jeunes béninois continuent d’apprendre. Car tout ne saura être accepté au nom de la démocratie.
Edouard ADODE
