ÉDITO
Le Bénin, malade d’excès d’intelligence ?
Comme dans un couple, lorsque les deux partenaires se croient tous intelligents, c’est le foyer qui en fait les frais. De même lorsque dans un pays les citoyens, les partis politiques, les religieux, les laïcs, chacun se voit comme le seul et l’unique détenteur de la science infuse, le développement reçoit forcément un coup.
En ce moment où tout le monde déplore l’impasse politique en cours dans le pays, la sortie de la crise devient plus difficile tout simplement parce qu’aucune partie prenante de cette situation ne pense céder pour faire triompher la paix. Chacun ne voit que la justesse de ses propositions de sortie d’impasse et jamais la pertinence de l’avis des autres.
Or, dans le passé, le Bénin a pu étonner le monde grâce à cet esprit de concession de certains grands hommes qui ont marqué l’histoire de ce pays. Inutile de rappeler ici le courage avec lequel le feu général Mathieu Kérékou a accepté les clauses de la conférence des forces vives de la Nation de février 1990, malgré la marge de manœuvre dont il disposait pour remettre en cause cette assise nationale.
Mais aujourd’hui, tout le monde s’accorde sur les failles de la loi fondamentale de la Nation. Cependant pour y corriger chaque partie se croit très intelligente pour ne pas subir la ruse de l’autre partie. Du coup, chaque fois que la question est soulevée, on soupçonne toujours une idée opportuniste pour ne pas y arriver.
Ainsi, l’intérêt national est sacrifié sur l’autel des égos et des intérêts inavoués des uns et des autres. C’est d’ailleurs ce qui semble se dégager actuellement des négociations en cours au niveau du parlement pour des élections législatives apaisées et inclusives. Visiblement, chaque partie dans cette crise œuvre dans un esprit de défense excessive de sa position tout en oubliant l’intérêt général. Par conséquent, chacun fait étalage de sa mauvaise foi pour entretenir l’impasse d’une manière ou d’une autre en s’inspirant de sa riche intelligence.
Une fois encore, les députés se rencontrent le jeudi prochain à l’Assemblée Nationale pour la recherche du consensus, mais aucun signe ne présage d’une solution à l’horizon. Alors, il va falloir que chacun puisse faire fi de son égo et de certains intérêts partisans pour que triomphent la patrie et la démocratie.
A la sortie de cette crise, il n’y aura ni vainqueur, ni vaincu; mais c’est le Bénin qui en sortira grand et fort.
Edouard ADODE