ÉDITO : Talon a tourné dos à la révision !

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ÉDITO

Talon a tourné dos à la révision !

L’une des questions qui ont plus agité la classe politique au Bénin est celle de la révision de la constitution. Compte tenu de la caducité de certaines de ses dispositions, la loi fondamentale du Bénin nécessite un toilettage, et ceci était une évidence depuis le deuxième mandat du feu général Mathieu Kérékou. Toute la classe politique est d’ailleurs d’accord sur ce point.
Cependant en ce qui concerne le processus et le moment opportun de cette révision, les acteurs politiques ont souvent du mal à s’accorder. Après l’échec de Boni Yayi sur ce chantier, l’espoir était placé en Patrice Talon pour l’accomplissement de ce rêve de la classe politique puisque ce défi faisait partie des réformes les plus visibles que le candidat Patrice Talon avait exhibées au peuple pour être élu en 2016.
Mais très tôt à l’entame de ce chantier salutaire, les suspicions ont étouffé le projet dans l’œuf ceci à deux reprises avec un petit pas en avant lors de la toute dernière tentative.
Dans cette situation, le pouvoir en place n’avait plus d’autre choix que d’avoir la majorité absolue de députés à l’Assemblée nationale pour accomplir ce projet.
Aujourd’hui la majorité absolue est effectivement acquise pour la mouvance. Cependant, la révision de la constitution semble encore plus difficile voire même impossible à réaliser sous le règne de Patrice Talon s’il devrait s’en tenir à son seul mandat. Le chef de l’État a tourné dos à la révision de la constitution sans le vouloir et même sans le savoir. Tout simplement parce que l’actuelle Assemblée nationale étant contestée par la classe politique et une bonne frange de la population, a désormais la lourde mission de gagner en premier la confiance du peuple par des lois purement sociales capables de changer le quotidien des béninois. Or, pour parvenir à gagner la confiance du peuple, ce ne serait pas une tâche facile surtout avec les violences post électorales qui ont été enregistrées ces derniers temps dans certaines localités du pays. Alors, la pacification des populations de ces régions et ceux qui se sentent touchés d’une manière ou d’une autre par les actes de violence de la période électorale, peut prendre le reste du temps du mandat de Patrice Talon.
Dans ces conditions, les députés de la huitième législature de l’Assemblée nationale ne pourront jamais prendre le risque d’évoquer une quelconque révision de la constitution de peur de rendre encore électrique le climat sociopolitique déjà tendu du fait des élections exclusives du 28 avril dernier, et dont le fruit est l’installation de cette législature dont la légitimité sera contestée jusqu’à sa fin.
Par conséquent, la révision de la constitution est à jamais éloignée de Patrice Talon et même de son successeur.

Edouard ADODE

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