EDITO : Un client pas comme les autres !

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Un client pas comme les autres !

Tout comme les chauffeurs de taxi tombent parfois sur certains passagers qui au-delà d’entrer dans leur véhicule, trouvent une place dans leur vie et y restent pour toujours, le métier d’avocat semble ne pas échapper à ce principe. C’est ce qu’on peut comprendre de la réaction de maître Joseph Djogbénou face aux critiques exacerbées qui soupçonnent une connivence entre l’actuel président de la cour constitutionnel et le chef de l’Etat Patrice Talon.

Si la carrière professionnelle de maître Djogbénou entant qu’avocat devrait s’arrêter ce jour, il n’aurait pas regretté avoir été avocat, tout juste à cause d’un seul client qui a changé sa vie. Ainsi, il reconnait qu’il ne sera jamais question de trahir ce client quelle que soit la position à laquelle il est parvenu aujourd’hui. Alors, étant devenu président de la cour constitutionnelle Djogbénou se dit toujours prêt à garder sa proximité avec son client l’actuel Président de la République Patrice Talon. « La proximité, l’amitié n’est pas un délit et on doit l’assumer. Ne donnons pas à nos enfants cette impression que c’est la trahison qui est la valeur essentielle », a laissé entendre sur la télévision nationale l’éminent homme de droit.

Même si cette déclaration est un signe de refus de l’hypocrisie dans laquelle végètent la plupart des hommes politiques du Bénin, elle peut également donner lieu à des craintes justifiées en ce qui concerne l’indépendance de cette cour constitutionnelle et la qualité des décisions qu’elle rend. Puisque quand on parle d’amitié, on ne saurait occulter le sentimentalisme qui parfois ne fait pas bon ménage avec la loi. Or, la cour constitutionnelle étant un organe de régulation des autres institutions étatiques y compris l’exécutif, la tâche sera très difficile pour maître Djogbénou s’il doit appliquer la rigueur de la loi à son client selon l’adage juridique, « dura lex, sed lex » (dure est la loi, mais elle reste la loi).

Certes, ce client a changé la vie de cet avocat, mais le président de la cour constitutionnelle doit faire l’effort de mettre une barrière rigide entre lui et le président de la République lorsqu’il est question des affaires de l’Etat. Ainsi, il entrera triomphalement dans l’histoire de la cour constitutionnelle qui n’a jamais connu un pratiquant du droit privé à sa tête.

Edouard ADODE

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