ENGOUEMENT DES PARENTS D’ELEVES POUR LES ECOLES BILINGUES AU BENIN
Le signe du grand dégoût des béninois à la langue française
.Vers la recolonisation du Bénin par le Nigéria ?
Les écoles bilingues créées par les nigérians vivant au Bénin poussent chaque année comme des champignons dans les villes et campagnes du Bénin et accueillent des milliers d’enfants béninois qui expérimentent l’anglais depuis la maternelle. Du coup, la plupart des parents d’élèves béninois rêvent de placer leurs progénitures dans ces écoles. Une attitude qui autrefois était uniquement notée chez certains parents nantis et lettrés. Cet engouement des béninois aux écoles nigérianes semble être en antipode à la vision de certains acteurs du système éducatif formel qui œuvrent pour que le Bénin redevienne le quartier latin de l’Afrique. Or, cette situation semble se présenter comme le signe du dégoût des parents d’élèves à la langue française.
Edouard ADODE
Habillé en chemise carrelée aux couleurs verte et blanche enfoncée dans une culotte verte, avec des chaussettes de la même couleur, le petit Anicet revient ainsi de l’école à 14h 30 et pour y retourner le lendemain à 7h30. Et pour cause, il fréquente une école nigériane vivant avec ses parents béninois à Parakou.
Ainsi, ils sont nombreux, ces parents d’élèves béninois qui optent pour les écoles bilingues pour leurs enfants dès la maternelle et ceci jusqu’au secondaire. Une attitude qui autrefois était uniquement notée au sein des populations vivant dans les zones frontalières au Nigéria. Puis après, certaines de ces écoles nigérianes ont progressivement commencé par envahir les grandes villes du Bénin surtout dans les zones où il y avait une forte concentration des commerçants nigérians. Ainsi, les premières écoles nigérianes sont remarquées sur le sol béninois dans la zone de Sèmè, à Missèbo et Akpakpa dans ville de Cotonou. Mais aujourd’hui, rares sont les villes du Bénin dans lesquelles on ne rencontre pas une école nigériane.
Raisons de l’expansion des écoles bilingues au Bénin
Pour Hilary Igwé promoteur d’une école bilingue à Parakou, les écoles nigérianes sont créées au Bénin pour permettre aux enfants des nigérians vivant loin de leur terre natale de bénéficier de la même formation que ceux de leurs frères et sœurs qui sont restés là-bas et en même temps profiter de ce qui est enseigné dans les écoles béninoises.
Ainsi, ces enfants sortent nantis des diplômes des deux Etats de sorte qu’après leurs formations primaire et secondaire, ils ont la largesse de poursuivre leurs études universitaires dans leur pays d’origine ou sur leur terre d’accueil qui est le Bénin pour ceux qui le veulent. C’est par la suite que les parents d’élèves béninois ont commencé par s’intéresser aux écoles nigérianes.
« Aujourd’hui l’anglais est une langue incontournable dans le monde et ceci dans tous les domaines. Or, la façon dont cette langue est enseignée dans les collèges béninois ne permet pas aux élèves de la pratiquer mais plutôt pour avoir des points », a justifié Justin Agbodjo parent d’élèves à Parakou. Il souligne que lui particulièrement prouve régulièrement le besoin de s’exprimer en anglais dans ses affaires mais il en est incapable malgré son niveau universitaire. Il fait remarquer qu’après quelques jours de cours dans l’école bilingue qu’il a choisie pour ses enfants, qu’il est surpris de voir les enfants s’exprimer plus aisément que lui dans la langue de Shakespeare. Arlène Mèvo enseignante de son côté fait remarquer que le Nigéria est un atout pour les béninois en matière d’échanges commerciaux, et les béninois ne pourront pleinement en bénéficier que lorsqu’ils maîtriseront l’anglais. De même, elle souligne que les grandes universités au monde exigent forcément l’anglais qui est désormais le numéro 1 des langues parlées au monde.
Hilary Igwé fait savoir que les résultats aux différents examens font que les parents béninois ont de plus en plus confiance à ces écoles. De même d’autres innovations telles que le cadre, les horaires et l’initiation à l’informatique sont autant d’atouts qui attirent les parents vers les écoles nigérianes.
Impacts de cette expansion
Avec le temps, l’enseignement de l’anglais dans les écoles maternelles et primaires au Bénin n’est plus l’apanage des écoles nigérianes. De plus plusieurs écoles béninoises se conforment à cette innovation en engageant des enseignants d’anglais qui interviennent dans toutes les classes. Plus loin, d’autres écoles privées béninoises vont jusqu’à changer leur horaire et travaillent de 7h30 à 14h30 comme les anglophones. L’Etat n’est aussi pas épargné de cette orientation. C’est ce qui justifie l’expérimentation de l’anglais dans certaines écoles primaires publiques. Une expérimentation qui fait également des merveilles et pourra être généralisée dans les années à venir.
Ainsi, à l’allure ou vont les choses, le Bénin tend à devenir comme le Rwanda qui désormais est plus anglophone que francophone.
