ENTERREMENT DU PLACENTA CHEZ LES BAATOMBU ET FON : Focus sur les rites et pratiques autour d’un organe vital pour l’enfant

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De par le monde, le placenta est considéré comme un organe vital pour le nouveau-né. Il se forme spécialement durant la grossesse, pour assurer le développement du fœtus et expulsé environ 30 minutes après l’accouchement. Cependant, le processus de son enterrement varie d’un peuple à un autre. Dans ce dossier, un focus est fait sur sa spécificité chez les Baatombu et les Fon.

Olivia LIMA (Stg)

Le placenta est un organe important dont le soin a un impact direct sur la mère et l’avenir de l’enfant. Formé dans le ventre de la mère pour assurer la protection de l’enfant, le placenta assure l’échange d’oxygène et de gaz carbonique, l’élimination des déchets, le transfert des éléments nutritifs, la synthèse de certaines hormones, la protection et l’immunité.

Selon la sage-femme de l’hôpital Sainte Bakhita de Natitingou, Liliane Sipoty, «Le placenta est une annexe du fœtus. Et quand on dit annexe, se sont des formations temporairement à protéger, à nourrir, à oxygéner l’embryon puis le fœtus durant la vie intra-utérine», a-t-elle précisé. Ainsi, il est l’organe d’échange entre la mère et le fœtus. « Et quand on parle d’échange, ce sont des échanges transplacentaires. Tansplacentaire, c’est-à-dire qu’à travers le placenta, il assure une activité métabolique et endocrine qui s’occupe de l’équilibre hormonal de la grossesse», a-t-elle ajouté.

L’enterrement du placenta chez les Fon

L’enterrement du placenta est un rituel à respecter chez les Fon. Il est impératif de s’assurer qu’il est bien enterré, pour ne pas détruire dès la naissance, le bonheur du nouveau-né. « Une fois à la maison après avoir récupéré le placenta à l’hôpital, on cherche un endroit frais, de préférence à l’alentour d’une douche. Cela traduit que l’enfant aura toujours la fraîcheur dans sa vie. On creuse un trou, si c’est un garçon on cherche 18 fois les tiges de feuilles d’hysope. Si c’est une fille, ça fait 14 fois. Donc pour les garçons, cela fera 18 et pour les filles 14. Ceci, en fonction du nombre de côte. Ensuite, on met d’abord, la moitié des tiges de feuilles d’hysope. On met le placenta en s’assurant qu’il n’est pas renversé. Il est souvent accompagné d’une corde, c’est donc elle qui doit être en haut sinon c’est grave. On couvre le placenta avec la moitié des tiges de feuilles restantes et on ferme bien le trou. Il faut toujours prier après avoir fermé le trou pour la paix du nouveau-né», a expliqué André Tobossi un sage.

La particularité chez les Baatombu

Chaque culture, sa richesse et sa valeur. Le placenta est également pour les Baatombu, un organe sensible à préserver. L’enterrement de cet organe est, et demeure une coutume nécessaire. «Après l’accouchement, on récupère le placenta pour l’enterrer à un endroit frais. Depuis les temps anciens, on l’enterre près de la douche. De nos jours, cette pratique est toujours en vigueur néanmoins tous ne l’a pratique pas. Tout le monde n’enterre pas le placenta. N’importe qui ne le récupère pas et l’enterrer dans un trou comme les excréments d’un animal. On positionne le placenta avec une certaine maîtrise. Chez les Baatombu, on pose des morceaux de marmite en poterie. On prie ensuite pour la paix, pour que l’âme de l’enfant soit heureux, qu’il ne soit pas attaqué par les mauvais esprits. On ferme le trou et cela reste un mémorial. Une fois que l’enfant grandit, on peut lui montrer», a clarifié Sylvie Kora une sage Baatoonu.

Le côté spirituel du placenta

Le placenta est un organe très sensible et précieux. Il participe dès le ventre de la mère au suivi de l’enfant. À sa naissance, il contribue au bonheur de l’enfant. Élie Lima, spiritualiste, donne des précisions sur cet organe très important. «Le placenta est en quelque sorte, l’âme de l’enfant. C’est une partie de l’enfant qui lui procure la paix dans la vie, lorsqu’il est bien enterré. L’enterrement est capital et précieux pour les africains. Il représente l’avenir de l’enfant. Le destin de l’enfant provient du placenta, donc on doit bien prendre soin de celui-ci», a-t-il confié.

Manière particulière de manipuler le placenta

Une fois expulsé, c’est-à-dire hors du ventre de la mère, il ne perd pas sa valeur. Le placenta continue d’assurer une grande fonction chez la mère ainsi que chez le nouveau-né. Les sages-femmes ont l’obligation de l’entretenir avec délicatesse. «Après la délivrance, c’est-à-dire la troisième période de l’accouchement, on a le décollement et l’expulsion du placenta. Donc quand la sage-femme sort le placenta de l’utérus, elle doit le décontaminer. C’est-à-dire, qu’elle prend le placenta après l’avoir examiné, elle le met dans de l’eau de décontamination. C’est souvent de l’eau de javel diluée à un certain pourcentage. Après cela, on le met doucement dans un plastique ou un pot, avant de le remettre aux parents», à en croire la sage-femme. Pour des exceptions où la femme se retrouve sans famille après un accouchement, «dans le pot, on met le placenta sous le lit de la femme en attendant l’arrivée des parents».

Des conséquences lorsque le placenta est négligé

Lorsque le placenta est mal enterré, la mère et le nouveau-né ne sont pas épargnés des inconvénients. Le spiritualiste énumère quelques conséquences. «Lorsque le placenta est mal enterré, l’enfant n’aura pas de paix dans sa vie. Il n’aura pas les aptitudes des membres de sa famille en ce sens où, son placenta n’a pas été enterré comme ceux de sa famille. Il peut toujours être malade ou toujours avoir des problèmes. Il est aussi possible que la mère ne conçoive plus si le placenta de l’enfant précédent, est enterré de façon renversée», a-t-il fait savoir.

Conseils aux futurs parents

Au regard de ses conséquences et de son importance, il est important de prendre soin du placenta. «Les jeunes de nos jours doivent savoir comment enterrer le placenta. Ce n’est pas une question de modernité qui a pris le dessus pour qu’on n’abandonne nos traditions. Nous parents, nous sommes appelés à initier nos enfants sur l’enterrement du placenta, parce que nous pouvons partir à tout moment. Si nos enfants sont bien portant aujourd’hui, c’est parce que nos parents nous ont appris à bien faire ce rituel d’enterrement du placenta», a conseillé le spiritualiste. Dans cette même logique, André Tobossi a affirmé que « Les jeunes qui ne savent pas enterrer le placenta, doivent nécessairement se rapprocher de leurs parents ou des anciens pour pouvoir bien le faire. Lorsque le processus d’enterrement n’est pas respecté, le nouveau-né n’aura pas un avenir meilleur».

Le bon entretien du placenta contribue à l’épanouissement des futurs cadres de la société.

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