ETAT DES LIEUX DES MÉDIAS EN LIGNE À LA SENUM 2024 : Malgré les défis, Barnabas Orou Kouman rassure de l’avenir prometteur de la presse en ligne 

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L’Union Nationale des Médias en Ligne du Bénin (Unamel-Bénin) est valablement représentée à l’édition 2024 de la Semaine du Numérique (Senum) le mardi 5 novembre 2024. À travers une riche communication devant des autorités à divers niveaux, partenaires et visiteurs, le président Barnabas Orou Kouman a fait l’état des lieux des médias en ligne au Bénin d’hier à aujourd’hui. À l’en croire, la presse en ligne a de beaux jours devant elle, malgré les défis auxquels elle fait face non seulement avec la force de la désinformation aujourd’hui mais aussi les exigences de l’organe de régulation qu’est la Haac. Voici ci-dessous sa communication. 

Samira ZAKARI

Médias en ligne du Bénin : de l’ombre à la lumière ! »

Par Barnabas OROU KOUMAN, Président de l’Union Nationale des Médias en Ligne du Bénin (UNaMEL-Bénin)

Introduction

L’histoire des médias en ligne au Bénin a véritablement commencé juste après 2010, avec l’avènement d’Internet et la démocratisation de son accès. Avant cela, les Béninois s’appuyaient principalement sur des médias traditionnels tels que la radio, la télévision et la presse écrite. Ces médias, bien qu’importants, étaient souvent limités par des contraintes de distribution, des préoccupations politiques et de spontanéité dans la publication et la diffusion des contenus.

L’émergence des premiers médias en ligne a consacré une belle ouverture sur le sous-secteur. Des plateformes comme 24h au Bénin, Benin Web TV, La Nouvelle Tribune ont ouvert la voie, proposant des contenus variés allant de l’actualité politique à des analyses économiques et culturelles. Cela a notamment permis à des voix qui étaient auparavant peu écoutées de se faire entendre et a offert au public, un accès plus large à l’information variée.

Aujourd’hui, on dénombre plus de 100 médias en ligne qui partagent l’espace numérique au Bénin. Cependant, autant qu’ils sont ces médias, ils ne jouissent pas tous d’une existence légale. Car, jusqu’en décembre 2023 dernier seulement, aucun média en ligne n’était officiellement reconnu par la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC). En effet, après une procédure ouverte en 2021, la sixième mandature de la HAAC, présidée par Rémy Prosper Morétti, n’a qu’une cinquantaine de ces médias. Alors que certains médias travaillent dans un cadre légal reconnu, d’autres, non autorisés, continuent d’opérer en ligne, naviguant souvent dans l’ombre et faisant face à des risques .

État des lieux 

A ce jour, le caractère indispensable du rôle que jouent les médias dans la société béninoise n’est sans doute plus à démontrer. Ils sont devenus des plateformes de choix pour l’information, offrant des analyses, des reportages et des commentaires en temps réel. Grâce à leur présence sur les réseaux sociaux, ces médias permettent une interaction directe avec les lecteurs et les consommateurs, un ingrédient essentiel pour le maintien du dialogue autour des enjeux sociopolitiques.

Mais malgré cette prépondérance, l’environnement médiatique au Bénin reste complexe. La censure, l’autocensure et le code du numérique, ajoutés à l’observance stricte du code de déontologie constituent une vulnérabilité à des sanctions restrictives qui deviennent parfois pénales.

La capacité des médias à relayer des nouvelles rapidement et à toucher un large public est devenue cruciale dans un contexte où la désinformation peut se propager tout aussi vite.

Les défis rencontrés

Les médias en ligne au Bénin sont confrontés à plusieurs défis majeurs :Réglementation Floue : Le cadre juridique régissant les médias en ligne est encore en développement. La HAAC impose des règles qui peuvent freiner l’innovation et la diversité des voix. Les médias autorisés doivent respecter des critères stricts pour maintenir leur statut légal, tandis que ceux qui ne le sont pas évoluent souvent sans protection, ce qui les rend vulnérables à la répression.

Accès à Internet : Bien que l’accès à Internet ait considérablement augmenté au cours de la dernière décennie, des disparités subsistent. Les régions rurales sont souvent laissées pour compte, limitant l’accès à l’information pour une partie significative de la population. Ce fossé numérique exacerbe les inégalités en matière d’information et d’engagement civique.

Viabilité Économique : La majorité des médias en ligne dépendent des revenus publicitaires, ce qui peut s’avérer insuffisant pour assurer leur durabilité. Les modèles économiques actuels sont souvent fragiles et nécessitent des révisions. La recherche de financements diversifiés, comme les abonnements, les dons ou le crowdfunding, est devenue essentielle pour assurer la pérennité de ces médias.

Qualité de l’Information : Avec la prolifération des médias en ligne, la question de la qualité de l’information se pose. Alors que certains médias s’efforcent de respecter des normes journalistiques élevées, d’autres privilégient la rapidité au détriment de la véracité. Cela peut mener à la diffusion de fausses informations, ce qui nuit à la crédibilité des médias en ligne dans leur ensemble.

L’ascension des médias en ligne

Malgré ces défis, l’ascension des médias en ligne au Bénin est remarquable. Ces médias ont su s’adapter et se renouveler, devenant des acteurs clés de l’information.

Rôle des Réseaux Sociaux : Les réseaux sociaux sont devenus des vecteurs majeurs pour la diffusion d’informations. Ils permettent aux médias en ligne de toucher un public plus large et d’interagir directement avec leurs lecteurs. Les plateformes comme Facebook, Twitter et Instagram facilitent le partage d’informations et favorisent l’engagement citoyen. De nombreux médias utilisent ces outils pour relayer des nouvelles en temps réel et encourager le dialogue avec leurs audiences.

Initiatives Locales : Des médias comme Cotonou Bonheur et Benin Web TV se sont distingués par leur capacité à offrir un contenu pertinent et engageant. Ils abordent des sujets d’actualité qui résonnent avec les préoccupations locales, allant de la politique aux questions sociales. Leur succès repose sur leur compréhension des dynamiques locales et de leur capacité à s’adapter aux besoins de leur audience.

Impact Sociétal : Les médias en ligne ont également joué un rôle crucial dans des mouvements sociaux et des campagnes de sensibilisation. Par exemple, ils ont contribué à mobiliser l’opinion publique sur des questions telles que la corruption, les droits humains et la santé publique. Leur capacité à relayer des témoignages, des analyses et des appels à l’action a renforcé leur rôle en tant que catalyseurs de changement social.

Lumières sur les médias en ligne

Il est essentiel de mettre en lumière certains médias qui se distinguent par leur engagement et leur impact.

Études de cas : Prenons l’exemple de Benin Web TV. Ce média a su se forger une réputation en offrant des reportages d’investigation et des analyses approfondies. Leur engagement pour une information de qualité a été reconnu, tant au niveau national qu’international. Ils ont remporté plusieurs prix pour leur travail, illustrant ainsi le potentiel des médias en ligne à produire un journalisme d’investigation rigoureux.

Initiatives de formation : Des programmes de formation, tels que ceux offerts par Journalisme et Numérique, se sont multipliés pour renforcer les compétences des journalistes en matière de vérification des faits, de narration numérique et d’utilisation des outils numériques. Ces initiatives sont essentielles pour améliorer la qualité de l’information produite par les médias en ligne et pour préparer la prochaine génération de journalistes.

Collaboration : La collaboration entre médias, ONG et institutions éducatives a permis d’améliorer le paysage médiatique. Des projets conjoints favorisent le partage de bonnes pratiques, renforcent la formation des journalistes et promeuvent des standards éthiques. Ces partenariats contribuent à créer un environnement plus robuste pour le journalisme en ligne.

De l’illégalité à la reconnaissance légale

Pendant de nombreuses années, le secteur des médias en ligne au Bénin a évolué dans un flou juridique, laissant place à des pratiques variées et souvent douteuses. Sans cadre de régulation, la distinction entre sources fiables et informations biaisées est devenue de plus en plus difficile

Cependant, en 2023, un grand changement est intervenu après une longue procédure ouverte par la HAAC. Sous la présidence de M. Rémy Prosper Morétti, la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) a lancé un processus d’enregistrement qui a reconnu une quarantaine de médias en ligne. Cette initiative a notamment constitué une étape définitive vers l’organisation et la légitimisation du sous-secteur.

L’enregistrement de ces médias ne se limite pas à une simple formalité administrative. Il représente un engagement à respecter les normes professionnelles et éthiques, garantissant ainsi que le public ait accès à une information vérifiée et fiable. La sixième mandature de la HAAC a clairement joué donc un rôle clé dans cette transition, qui a établi un environnement médiatique sain, où la liberté d’expression coexiste avec la responsabilité et la qualité de l’information. En facilitant cette reconnaissance, la HAAC a contribué à restaurer la confiance du public dans les médias en ligne, permettant ainsi à ces derniers de sortir de l’ombre pour exercer aujourd’hui, dans la pleine légalité.

 

Perspectives d’Avenir

L’essor d’Internet a profondément transformé le paysage médiatique au Bénin. Les médias en ligne, tels que les sites d’information, les web radios et les web tv, sont devenus des sources incontournables d’information pour de nombreux Béninois. Cette transition a permis une plus grande diversité des voix et des opinions, favorisant ainsi la liberté d’expression. Les plateformes numériques ont également joué un rôle clé dans la mobilisation sociale, permettant aux citoyens de s’organiser et de faire entendre leurs préoccupations sur des questions politiques et sociales.

Cependant, cette évolution n’est pas sans défis. La désinformation constitue un enjeu majeur, exacerbé par l’absence de régulation stricte et par la rapidité avec laquelle les informations circulent en ligne. De plus, la censure reste une préoccupation, avec des lois parfois restrictives qui menacent l’indépendance des journalistes. Sur le plan économique, beaucoup de médias en ligne luttent pour trouver des modèles viables, se heurtent à la concurrence des médias traditionnels.

Malgré ces défis, l’avenir des médias en ligne au Bénin semble prometteur. L’innovation technologique, comme l’intelligence artificielle et le développement d’applications, pourrait révolutionner la production et la consommation d’informations. Une éducation accumulée à l’information est essentielle pour aider les citoyens à naviguer dans cet écosystème complexe. En fin de compte, les médias en ligne ont le potentiel de renforcer la démocratie et d’améliorer la production de l’information crédible.

Conclusion

En conclusion, les médias en ligne au Bénin ont parcouru un long chemin depuis leurs débuts. Bien qu’ils soient confrontés à des défis considérables, leur rôle dans la promotion de la liberté d’expression et l’accès à l’information est indéniable. Ils offrent une plateforme pour la diversité des voix et contribuent à enrichir le débat public.

Je vous appelle tous à soutenir les médias en ligne, qu’il s’agisse de s’abonner à leurs contenus, de partager leurs articles ou de participer à des initiatives qui promeuvent un écosystème médiatique diversifié et dynamique. Ensemble, nous pouvons contribuer à faire sortir ces médias de l’ombre et à les amener à la lumière, où ils peuvent véritablement briller et jouer leur rôle de manière qualitative.

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