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Fermeture des frontières Bénin-Niger: au nom de quoi Tiani va-t-il décider de quel partenaire le Bénin doit se séparer?

Fermeture des frontières Bénin-Niger: au nom de quoi Tiani va-t-il décider de quel partenaire le Bénin doit se séparer?

Le Président de la transition au Niger, le général Abdourahamane Tiani, a ravivé la tension diplomatique entre son pays et le Bénin à travers une série d’accusations graves portées lors d’un entretien diffusé le 31 mai 2025 sur la télévision nationale nigérienne. À la manœuvre pour justifier la fermeture prolongée de la frontière entre les deux pays, il dénonce une supposée collusion entre le Bénin et la France, et insiste sur des exigences qui interrogent sur la souveraineté des États en matière de partenariat sécuritaire. Pour lui, le Bénin devrait arrêter de coopérer avec la France au plan sécuritaire, avant une possibilité de réouverture des frontières. «La frontière avec le Bénin restera fermée tant que le Bénin ne comprendra pas que le combat que nous faisons, ce n’est pas contre le Bénin que nous le faisons, c’est contre les troupes françaises de déstabilisation qui sont sur le territoire béninois et qui peuvent nous nuire», a affirmé le général Tiani, soulignant ainsi que son principal grief réside dans la coopération militaire entre Cotonou et Paris.

Mais depuis quand il dicte ses lois au Bénin dans le choix de ses alliances ou ses partenaires ? Rien dans les normes diplomatiques ne donne ce droit au Président nigérien. Le Bénin, en tant qu’État souverain, reste libre de définir ses priorités stratégiques et sécuritaires, notamment dans une sous-région en proie au terrorisme. Collaborer avec la France, les États-Unis, le Nigéria ou toute autre puissance relève d’un choix politique légitime du gouvernement béninois. Le général Tiani est allé plus loin dans ses propos, évoquant la présence supposée d’agents français chassés du Niger mais désormais installés au Bénin et au Nigéria. Lesquels, selon lui, collaboreraient avec des groupes terroristes comme Boko Haram ou l’Iswap. «Ces agents ont proposé à ces groupes de mener une guerre ouverte contre les autorités nigériennes», a-t-il déclaré, accusant même les forces spéciales françaises de superviser des centres de formation djihadistes dans des zones béninoises comme Porga, le parc W et la Pendjari.

Il affirme également que le Bénin aurait acquis plus de 100 drones de type Dji Matrix, équipés de vision nocturne, et les aurait remis à des groupes armés opérant dans des régions frontalières du Nigéria. Aucune preuve n’a cependant été apportée à ces allégations, que les autorités béninoises n’ont d’ailleurs pas tardé à démentir fermement.

En dépit de ses propos très durs, le président nigérien a exprimé un intérêt pour le dialogue, saluant les démarches des anciens présidents Nicéphore Soglo et Boni Yayi, venus en médiateurs. Toutefois, cette ouverture reste conditionnée à la cessation de ce qu’il considère comme des menaces, «tant que les forces étrangères seront présentes au Bénin et à proximité de notre frontière, nous ne pouvons pas nous sentir en sécurité».

Au-delà de cette rhétorique, la question de fond reste posée : le Niger peut-il imposer au Bénin un choix de partenaires ? Non. Si la coopération sous-régionale est essentielle, elle ne saurait s’appuyer sur des diktats. Le Bénin, engagé dans une lutte difficile contre le terrorisme, doit continuer à choisir librement ses alliés, dans le respect des principes de souveraineté et de bon voisinage.

La Rédaction