Comme un coup de massue, les désormais anciens travailleurs de la Société Nationale de Commercialisation des produits Pétroliers (Sonacop) ont été collectivement licenciés dans le cadre de la politique de redressement de cette société d’État qui est à terre depuis fort longtemps. Ces derniers auraient souhaité une mesure de dégraissage qui paraîtrait moins sévère que celle du licenciement. Mais l’administrateur nommé par le gouvernement pour conduire les travaux de ce redressement a simplement voulu tout remettre à plat pour mieux voir.
Le sort de la Sonacop n’est guère surprenant car tel a toujours été le cas des sociétés commerciales étatiques au Bénin. Point besoin de rappeler les conditions de disparition de la Banque Commerciale du Bénin (Bcb), celle de la Société Sucrière de Savè (3S) ou encore le Complexe du Textile du Bénin (Coteb) pour ne citer que celles-là. Sans être un oiseau de mauvaise augure, il est clair que les sociétés d’État que sont la Société Béninoise d’Énergie Électrique (Sbee), le Port Autonome de Cotonou et autres n’étaient pas loin de ce sort si Patrice Talon n’avait pas pris le taureau par les cornes en faisant recours aux expatriés malgré les murmures des béninois animés d’un sentiment anticolonialiste.
Ainsi, il est clair que la bonne gestion du bien public n’est pas encore dans l’esprit du béninois. Sinon, comment comprendre qu’aucune des sociétés commerciales étatiques au Bénin ne fasse des résultats reluisants à même d’apporter un plus au budget de l’État ? Bien qu’elles soient commerciales, ces sociétés ne roulent souvent qu’avec des lourdes pertes pour finir en faillite après que l’État y ait englouti des sommes colossales pour leur maintien en vie.
Au même moment, les béninois nommés à la tête de ces sociétés faisaient la pluie et le beau temps avec un train vie extraordinaire. Jadis, ceux sont ces responsables des sociétés commerciales étatiques qui bloquaient les rues de Cotonou pour des cérémonies grandioses d’anniversaire, de décès ou de mariage. D’ailleurs, ils étaient de véritables collectionneurs de belles femmes dans tous les quartiers de la métropole. Pour ce qui concerne la Sonacop de manière singulière, il suffisait d’être tout simplement un proche d’un responsable de cette société pour bénéficier des tickets valeurs qui donnaient gracieusement droit au carburant dans les stations Sonacop. Ainsi, les nombreuses femmes et concubines de ces responsables en bénéficiaient allègrement de même que les amis de leurs fils et filles.
Aujourd’hui, ce sont des centaines de familles qui en souffrent et bloquant ainsi le chemin de l’emploi à d’autres jeunes qui pourraient trouver leur gagne-pain si tout allait bien. Oui, la Sonacop est morte, mais son crime restera sur la conscience de ces vampires qui ont sucé tout son sang sans songer aux générations à venir.
Toutefois, avec le pouvoir de la rupture, cette société pourra renaître de ses cendres pour le bonheur des milliers de jeunes béninois à la recherche du travail. Ce serait un autre grand exploit historique à l’actif du chef de l’État Patrice Talon qui d’ailleurs pourra bien réussir ce miracle.
Edouard ADODE