Au terme du championnat national de football au Bénin, force a été de constater que les meilleurs clubs d’entre temps, ont perdu tout équilibre et sont descendus au bas du classement. Une situation qui, au regard de Béchir Mahamat s’explique à la suite de deux constats faits depuis peu. L’auteur parle notamment de la consécration des équipes à meilleures capacités financières et la chute vertigineuse des équipes légendaires. L’intégralité de son analyse ci-dessous.
Florent YAMA
« FOOTBALL BÉNINOIS : RADIOSCOPIE
Suite au championnat national Super League Pro Suite de bonne facture, deux constats objectifs s’imposent : la consécration des équipes à meilleures capacités financières ; et la chute vertigineuse des équipes légendaires, à fort potentiel humain de » supporters « , mais mal organisées.
Ces deux catégories avaient un seul point commun : les terrains ou aires de jeu. C’est-à-dire, la LOI NUMÉRO UN de la législation arbitrale en football.
Pour être en parfaite symbiose avec celle-ci, le Programme d’Actions du Gouvernement (Pag) du Président de la République, Patrice Talon pour ne pas le nommer, a décrété la dotation de toutes les communes du Bénin en stades modernes, avec des aires de jeu entièrement gazonnées.
En attendant la réalisation complète de ce projet national, toutes les équipes qui ont joué le championnat ont évolué dans des stades qui répondaient à ces recommandations de l’Internationale Board, l’Instance faîtière du football mondial, à l’anglaise.
LA MANNE FINANCIÈRE
Pour donner plus de moyens à la pratique du football, le Gouvernement a suggéré l’implication des sociétés d’État dans la gestion administrative et financière des clubs.
Coton Sport de Ouidah et Loto FC de Grand-Popo, qui avaient bénéficié de plus de moyens financiers, ont pu bénéficier cette manne financière pour se hisser, respectivement, aux deux premières places du classement final.
Tout en bas, on a retrouvé les clubs les plus populaires du Bénin, à savoir les « Buffles du Borgou » et les « Dragons de l’Ouémé ». Seul un miracle a permis aux « Requins de l’Atlantique » d’échapper à l’antépénultième place, pour ne pas compléter la piteuse trilogie des équipes les plus populaires et décadentes du football béninois. Sans oublier les « Panthères de Djougou » qui complètent le quatuor. Même si, aujourd’hui, ce club a disparu de cette élite. Et comme par extraordinaire, ces quatre équipes étaient équitablement réparties : deux équipes du Méridional et deux du Septentrion, pour ne pas faire de jaloux.
LES RAISONS DE CETTE CHUTE VERTIGINEUSE
La raison fondamentale de cette chute vertigineuse s’explique par l’absence totale de vision prospective de leurs dirigeants. Celle qui consistait, entre autres, à viabiliser leurs innombrables supporters en les constituant en Associations, quelles que soient les appellations qu’ils leur auraient données.
Cela aurait permis de les recenser, leur imposer des cotisations et certaines obligations qui leur donneraient, en même temps, des privilèges d’actionnaires. Avec, en plus, un droit de regard et d’avis consultatifs dans la gestion du club.
Estimons un nombre arbitraire de Dix (10.000) mille vrais supporters, à travers tout le pays, pour chacun de ces quatre clubs. Sans compter ce qu’auraient apporté les riches mécènes à l’interne et de la diaspora.
Si, mensuellement, chacun des Dix (10) mille supporters se cotisait pour la modique somme de Deux Mille (2000) Frs CFA , cela donnerait : 2.000fcfa × 10.000 = 20.000.000fcfa (Vingt millions) de Francs Cfa bruts.
Si on suppose :
1/ Le salaire moyen individuel des vingt-cinq joueurs de la saison est de cent cinquante (150) mille francs cfa, cela fera 150.000cfa × 25 joueurs = 3 7500.000 cfa (trois millions sept cent cinquante) francs Cfa
2/ Le salaire global des différents composants du staff de l’équipe : Trois millions (3.000.000) F Cfa.
3/ Le forfait pour les matchs à domicile et à l’extérieur : (campements et déplacements, frais de carburant, restauration, hébergement, soins médicaux, primes de matchs et autres imprévus) : Sept millions Deux Cent Cinquante (7.250.000) mille FCFA .
Le total des trois rubriques donnerait Quatorze (14) millions F Cfa
Au final, même avec un excédent prévisionnel dans les rubriques deux (2) et trois (3), le club pourrait économiser la somme de Six (6) millions F Cfa mensuels.
Même dans le cas improbable où cette dépense des Quatorze millions F Cfa serait incompressible, au bout des Douze (12) mois de l’année, chaque équipe économiserait Six(6) millions mensuels × Douze (12) mois = Soixante Douze (72) millions F Cfa.
Avec les tarifs préférentiels dont ils pouvaient bénéficier auprès des autorités de leurs municipalités, ils auraient pu s’acheter des hectares de terre et y construire de vastes domaines. En y implantant beaucoup d’infrastructures, à but lucratif, selon un plan d’investissement et de gestion bien fignolé par des experts qu’ils auraient trouvés, en leur sein.
Pour donner plus de visibilité et d’adhésions, ils auraient pu créer aussi, des structures de merchandising pour fabriquer ou faire fabriquer et vendre des produits dérivés du label de leur club respectif.
Sans compter les joueurs qu’ils pourraient « vendre » à d’autres équipes plus nanties.
Loin de moi l’idée de faire des comptes d’apothicaire. J’ai plutôt voulu démontrer qu’avec un minimum d’imagination et d’organisation, ces clubs populaires auraient pu se transformer en de très bonnes entreprises et rester très compétitifs.
Malheureusement, les seuls investisseurs étaient les Présidents et certains de leurs collaborateurs et amis. Et ils estimaient atteindre leur bonheur, à la seule évocation de leur nom, avec des louanges pour exalter leurs égos. Par des supporters qui étaient plus des griots nécessiteux qu’autre chose.
L’argent entrait d’un côté et sortait de l’autre, sans aucune orthodoxie financière.
La banqueroute s’en trouvait inéluctable et le classement à la traîne du football, irréversible.
Béchir Mahamat »