FOOTBALL/ ZOOM : Réal Sports de Parakou, un club pas comme les autres

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.« Si nous avons travaillé pour venir là c’est pour y rester aussi longtemps que possible », dixit le président Irénée Toundé Yébadokpo

Le Réal Sports de Parakou est un club de la cité des Kobourou. Il fait partie des rares équipes ayant traversé la régionale pour l’élite sans fléchir, ne serait-ce qu’une saison. Un club qui se distingue par sa devise. Ainsi depuis 2012, année de sa création, le Réal Sports de Parakou a fait un parcours pas des moindres avec des joueurs très jeunes et pétris de talent. Dans un entretien exclusif, le président du club, Irénée Toundé Yébadokpo, fait ici le récit atypique d’une équipe qui force l’admiration. Lisez plutôt.
Wahabou ISSIFOU

Daabaaru : Dites-nous quand et comment est né le Réal Sports de Parakou ?

Irénée Toundé Yébadokpo : Je dirai que l’équipe existait en embryon avant que le 12 décembre 2011 nous n’allions en assemblée générale constitutive pour porter sur les fonts baptismaux de façon officielle cette équipe qu’on appelle le Réal Sports de Parakou. Voilà comment l’équipe est née de façon officielle et après cela nous avons essayé de faire les formalités administratives nécessaires. Nous sommes constitués en association, nous nous sommes affiliés à la Fédération Béninoise de Football, c’est après cela que nous avons eu la chance de participer à notre premier championnat amateur en juillet 2012. Nous avons fait notre baptême de feu au cours du mois de juillet 2012. Nous avons participé à ce championnat amateur, nous avons fini troisième derrière nos ainés qui existaient avant nous à savoir Béké Football Club et Okpara Football Club qui étaient déjà les habitués de la compétition. Et à cette époque il fallait qualifier deux pour la division supérieure. Donc Béké ayant fini première, Okpara ayant fini deuxième, les deux ont été promues en ligue 3.
Ensuite une crise est née, mais les activités de l’équipe ne se sont pas arrêtées.
En 2013, les crises ont commencé, les choses ont commencé par piétiner, fort heureusement que la Ligue du Borgou à une tradition, même si les gens sont en crises, le football dans le Borgou et précisément à Parakou n’est jamais en crise. Les équipes travaillent, les enfants ont envie de jouer au football et face à cette jeunesse qui s’en veut on ne peut pas rester insensible et les dirigeants d’alors de la ligue de football du Borgou ont trouvé l’idée géniale d’instituer la coupe de l’indépendance et cette coupe a été jouée en 2013. Nous avons participé à cette coupe en 2013 et nous avons été victorieux le 1er aout 2013 face à Entente de Kandi. Voilà comment nous avons commencé tout doucement, la crise s’éternisait, on pensait que ça allait vite finir, malheureusement les choses ont continué, les tiraillements au niveau du côté exécutif, donc nous avons trouvé comme palliatif d’aller jouer les tournois de proximité et les tournois dans les autres départements. Ce qui nous a amené à participer à un tournoi dans la commune de Covè où on a remporté le titre pour revenir et c’était en septembre 2014. Après, en octobre nous avons été invités à Abomey pour participer au tournoi à Sèhogan, où nous avons eu la chance de remporter encore ce trophée en battant l’équipe Fifatin de Bohicon. Au final 2 buts à 0, je me rappelle comme si c’était hier et s’était sous la houlette du coach Zama Raoul à qui nous avons fait appel en son temps en 2013. Il est venu nous rejoindre en 2013 parce qu’en 2011-2012 c’était le coach Carvalho Dégila qui était avec Serges Aho, ils étaient tous, deux coachs qui gardaient l’embryon de l’équipe en ce moment là. Après octobre 2014, on a participé encore au tournoi au Festico à Tchaourou, nous avons été encore vainqueur. On était en final face à Entente de Kandi, on était parti aux tirs au but, 5 tirs contre 4 et on a remporté ce trophée et je dirai que ces tournois ont été un élément déclencheur parce qu’en une année, remporté trois trophées, cela a motivé les enfants, ça nous a aussi galvanisés nous les dirigeants. Nous nous sommes dit qu’on est sur le bon chemin, on peut foncer, on peut continuer. Ce qu’on a compris très tôt et nous n’avons pas baissé les bras et je profite de cette occasion pour remercier tous ceux qui ont travaillé avec moi au niveau des différents bureaux exécutifs que j’ai eu à diriger par rapport au Réal sport de Parakou. Ça n’avait pas été facile et personne ne croyait en nous mais nous, nous y croyons fermement. Mais, si les résultats ne suivaient pas on ne pouvait pas continuer, on allait se décourager. Donc nous avons continué notre chemin, 2015 que j’ai terminé et vous-même vous le savez très bien, quand j’ai terminé il y a eu une petite transition. En 2016 les gens ont organisé le championnat amateur, régulièrement nous avons été champion encore face à notre équipe sœur de l’Alibori et Antenne Kandi toujours et nous les deux, nous nous sommes montés en division supérieure en 2017. Championnat 2017-2018 nous avons joué la D3, nous avons été champion, nous sommes montés en D2.

Comment sont nées les pépites de Réal Sports ?

Je voudrais vous rappelez que pendant que nous étions en amateur déjà, nous avons déjà mis en place un projet qui visait à préparer la relève au niveau de Réal Sports de Parakou et très tôt nous avons mis en place une équipe que nous avons dénommé U17, c’était sous la houlette de notre consultant et de notre directeur sportif monsieur Béchir Mahamat qu’on ne présente plus dans le monde du football et monsieur Pierre Hinvi qui est notre directeur sportif en son temps, aujourd’hui président de As baobab à qui je tire un coup de chapeau. Nous avons mis en place les U17 et la volonté de bien faire nous animait. On a dit ok à chaque saison on va descendre d’un pallié. Lorsque nous sommes venus en D3 on a mis en place les U15. Nous sommes qualifiés champion pour venir en D2. Une fois en D2, on a mis en place les U13. Donc au niveau de Réal Sports de Parakou aujourd’hui, les U17 ayant passé à U20, nous avons quatre catégories. On a les U20, les U17, les U15 et les U13 aujourd’hui avant de monter dans l’élite du championnat nationale du football béninois. Voilà comment notre parcours a été.

C’était avec l’aide de plusieurs entraineurs avertis !

Bien sûr, je n’oublierai pas de citer les différents coachs qui sont passés. J’ai cité au départ Zamba Raoul. Après lui, il y avait le coach Traoré qui avait tenu Okpara en son temps qu’on avait sollicité à un moment donné pour suppléer au départ du coach Zamba Raoul. Après Traoré nous avons fait venir un entraîneur qui n’est plus de ce monde paix à son âme, feu Hangbé Hubert un ancien international qui avait gardé l’équipe en formation du centre Cifas, et tout ceci je le rappelle ce n’était pas nos démarches personnelles. C’était sous la direction éclairée de notre consultant Mahamat Béchir qui à chaque fois nous propose les coachs que nous devons prendre. Hormis le coach Zamba Raoul tout ce qui a suivi c’est lui qui était à l’œuvre. Donc Hangbé Hubert a fait avec nous, d’ailleurs c’est lui qui nous a fait monter en D3. Après cela nous avons fait appel au coach Agbégninou Patrick qui nous a fait monter de la D3 en D2 et de la D2 en D1. Mais il y avait eu aussi pendant que le coach Agbégninou Patrick était là le passage d’un grand monsieur un coach ghanéen qu’on appelle Jonas Emissa qui a beaucoup donné au Réal Sports de Parakou en un an qu’il est resté avec nous. Il a beaucoup donné à ce club vous-même, vous devez le constater que pendant que nous étions en D3, quand l’équipe joue, Réal finissait toujours fort ses matchs. C’est grâce à ce monsieur. Il a impulsé le faith sprint des anglais aux enfants. Et les catégories d’âge qu’on lui avait confiées aussi il s’en occupait pas mal et on était satisfait de tout ce qui se faisait. Malheureusement l’environnement ne lui a pas été trop favorable pour qu’il reste longtemps avec nous mais je lui dis merci là où il est. Votre journal est à l’international il est lu de partout dans le monde je crois qu’il sera fier que nous parlions de lui aujourd’hui.

Est-ce que vous avez eu un regret à un moment donné ?

Oui c’est vrai, beaucoup de choses m’ont marqué négativement mais une fois que l’objectif a été atteint, il fallait oublier les choses négatives et capitaliser toute chose qui a été positive et regarder l’avenir avec beaucoup plus de sérénité. Parce que si vous vous attardez à ruminer ce que vous auriez dû digérer plus tôt ce serait fatal pour vous donc il faut toujours mettre le passé derrière soi, gérer le présent et faire des projections sur le futur. Nous sommes arrivés en ligue 1 nous étions attendus mais nous n’avons pas répondu à l’appel de nos supporters, de nos sympathisants, de nos admirateurs, nous étions passés à côté et vous pouvez le constater ou vous l’avez constaté avec moi à la phase aller nous avons raté notre pré-saison, nous n’avons pas fait les choses comme cela se devait. Il y a eu beaucoup de chose qui n’ont pas été à leur place on a commencé avec beaucoup de difficultés et nos choix n’ont pas été efficients ce qui a affecté considérablement les résultats que nous avons eu au cours de la phase aller. Le revers est aussi là mais nous l’avons conjugué au passé aussi parce que nous avons pu faire très rapidement les analyses, on s’est remis en cause et nous avons projeté de faire des choix et avant que nous n’arrivions à la crise du coronavirus vous avez constaté que l’équipe a commencé par sortir progressivement la tête de l’eau. Nous étions pratiquement treizièmes ou premier non relégable. Notre position ne nous confortait pas et cela ne réjouissait personne dans la ville de Parakou et surtout dans les autres contrés de Parakou où les gens nous admirent beaucoup. On nous aurait vus dans le top 5 du tableau malheureusement nous étions à la traine. Mais Dieu merci, à la reprise après le mercato lorsque nous avons déjà recruté des joueurs les ayant appelés en renfort, on a recruté un autre entraîneur parce que entre temps l’entraîneur Ibrahim da Silva qui était avec nous avec Nouhinto Antoine qui était son adjoint, on a estimé que les objectifs qui leur ont été fixés n’ont pas été atteints et il était de bon ton qu’on s’assayent et qu’on fasse le point et qu’on prenne les décisions qui s’imposent. Et Dieu merci ils l’ont compris, ils ont été très galants et on s’est séparé en douce. Nous avons fait d’autres choix, on a fait venir un entraîneur plus capé, plus huppé, qui a de l’expérience, qui a du vécu, bon cela nous a aidé un temps soit peu. Les joueurs ont commencé par faire sortir la tête de l’eau et à la fin, nous nous sommes retrouvés pratiquement à démarrer le championnat, la reprise avec un nul, deux victoires, une à domicile, une à l’extérieur et nous sommes allés perdre au cours de notre dernier match. Mais les sept points engrangés sur les douze possibles nous ont permis en réalité de nous relever et nous nous sommes retrouvés à la onzième place. Si le championnat devrait s’arrêter aujourd’hui vous-même vous comprenez que nous sommes à l’abri parce que personne n’avait la joie et personne n’aura la joie de nous voir descendre alors que nous sommes venus déjà en ligue 1. Si nous avons travaillé pour venir là c’est pour y rester aussi longtemps que possible.

Est-ce que votre devise a eu un impact sur les huit années de votre parcours ?

Oui la devise a eu un impact sur le parcours des huit années que nous avons eu à vivre avec cette équipe. Nous avons dit Discipline-Rigueur-Application et que cela vous souvienne que tout ce qu’on fait dans la discipline réussit, et maintenant lorsque vous êtes disciplinés et que vous mettez la rigueur, et au-delà de la rigueur on parle de s’appliquer ce sont des mots à l’extrême. Ce ne sont pas de vains mots. Ça impose beaucoup de contraintes individuellement et collectivement. Aujourd’hui tout le monde est d’accord avec moi que le Réal Sports de Parakou est une institution pas que pour le football. Mais aujourd’hui nous avons le Basket Ball, nous avons le volley-ball, nous avons presque toutes les catégories d’âge mais pas les seniors parce que ce n’est pas comme en football. La catégorisation au niveau du football est différente. Nous sommes dans le basket, nous sommes dans le volley-ball et bientôt nous allons amorcer d’autres disciplines. C’est une institution de football mais si on ne met pas le sérieux qu’il faut on n’y arrivera jamais. On n’a pas créé cela pour plaisanter, nous avons créé cela pour donner la joie de vivre à la jeunesse sportive de la ville de Parakou, pour donner la joie de vivre à tous les sportifs du Bénin parce que si nous faisons des merveilles en dehors du territoire national ce serait pour le bonheur de tous les béninois. Tout le monde va voir un jour Réal disputer une compétition africaine que ce soit dans le basket-ball, le volley-ball ou le football. Donc c’est une institution on est là pour faire du beau, on est là pour faire rêver, on n’est pas là pour plaisanter c’est pour cela que nous avons choisi la discipline, la rigueur et l’application pour notre devise.

En cette période où tout est au repos, comment l’équipe gère la situation, au niveau des joueurs surtout ?

Pendant cette période où tout est au repos nous avons parlé aux joueurs parce que le mot d’ordre du gouvernement, c’est qu’il n’y ait pas de grand rassemblement et je ne sais pas qui nous sommes pour nous opposer aux injonctions de l’Etat. On doit se plier, donc nous nous sommes pliés à cela mais nous avons recommandé à nos joueurs de travailler individuellement, que chacun travail de son côté pour qu’il puisse maintenir sa forme. Les coachs aussi on leur a parlé et on leur a donné de petits programmes qu’ils peuvent exécuter. Maintenant au niveau du bureau exécutif nous sommes en train de réfléchir parce qu’il faut trouver des mesures d’accompagnement à ces enfants parce qu’ils seront actuellement sans moyens et Dieu aidant, on leur avait payé leur salaire avant la crise, maintenant ils auraient déjà épuisé les réserves. Il faut voir dans quelle mesure les accompagner. Nous avons discuté de cela au sein d’un petit noyau du bureau exécutif et pas plus tard qu’hier nous avons échangé avec quelques cadres de l’équipe et nous sommes à pied d’œuvre pour pouvoir leur permettre d’entrer en possession de ces petits accompagnements qui puissent leur permettre d’affronter les exigences qui les attendent par ce repos forcé auquel ils sont confrontés.

Votre mot de la fin ?

C’est de remercier tous ceux qui de près ou de loin nous soutiennent et leur demander de ne pas baisser les bras, nous avons besoin d’eux, le Réal Sports de Parakou a besoin de tout le monde. Et je voudrais une fois encore lancer un appel aux autorités de la ville, qu’ils soient regardant vis-à-vis de cette équipe là. L’équipe n’est pas la propriété d’un individu ou bien la propriété d’un groupe d’individus ; nous avons mis en place un projet pour la ville et je continue de le dire, tant que la ville serait derrière nous, nous ferons beaucoup de choses parce que nous avons la volonté de faire grandir cette ville à travers le sport en général et le football en particulier.

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Daabaaru