Depuis plusieurs semaines déjà, le nouveau coronavirus bat son plein et évolue à une vitesse de croisière au Bénin. Selon les dernières informations publiées par le gouvernement en date du 29 juin dernier, le Bénin compte 1199 cas confirmés, avec 845 personnes sous traitement, 333 guéris et 21 décès.
Ceci en dépit des dispositions prises par le gouvernement pour préserver la santé des citoyens et lutter contre la propagation du virus. Ainsi, malgré cet engagement de l’État, le pays a franchi la barre des 1000 cas avec plus d’une dizaine de décès y compris des personnalités du pays. Mais si la pandémie a pu prendre une telle tournure en semant la peur dans le rang des béninois, c’est parceque certains facteurs y ont contribué notamment quelques failles dans la gestion de cette crise sanitaire par les autorités.
Les facteurs favorisant
En premier lieu, la mauvaise méthode de communication sur l’évolution de la pandémie a conduit à un relâchement dans l’observance des gestes barrières par les citoyens. Face à un virus aussi dangereux que la Covid-19, il est inconcevable que les autorités ne puissent pas donner les vrais chiffres sur le nombre de personnes contaminées notamment au niveau départemental. À la date d’aujourd’hui, il est impossible de donner avec exactitude le nombre de personnes infectées par le coronavirus dans les 12 départements du pays. Et les autorités sanitaires à même de le faire semblent se montrer de plus en plus réticentes quand il s’agit de donner des statistiques.
Ainsi, les citoyens vont et viennent sans se faire le moindre souci puisque pour eux, le niveau de la maladie n’est pas encore à craindre dans leur localité. Aussi au niveau de l’État central, les chiffres sont-ils donnés chaque jour par le ministre de la santé. Les seules images de personnes sous traitement dans les centres de prise en charge n’ont été publiées que par la télévision du service public. Le Bénin connait chaque jour des cas du coronavirus, mais le gouvernement n’a jusque là pas pu donner aux béninois la vraie identité de ces personnes décédées ni diffuser la procédure d’enterrement dans le contexte actuel de coronavirus alors que cela est très important pour amener les citoyens à prendre conscience de l’existence de l’ennemie.
Pourtant ailleurs, les autorités sont allées jusqu’à publier sur les chaînes de télévision les corps des personnes décédées du coronavirus. Des visages masqués des personnes infectées et étant sous traitement dans les hôpitaux, ont été aussi diffusées par différents organes de presse. Mais pourquoi pas au Bénin ? Pourquoi vouloir cacher des vérités sur cette maladie considérée comme la plus dangereuse du siècle ?
Et pourtant les populations étant des Saints Thomas, attendent avoir des preuves palpables pour croire à l’existence de la maladie car pour certains, le coronavirus est juste une autre invention des blancs, la maladie n’existe pas, vu que personne dans leur entourage n’est touché et aucun site de traitement des malades ne leur a pas été montré en tant que tel. Alors, le respect des gestes barrières est totalement bafoué dans son ensemble par les béninois. Les béninois ont repris avec leurs vieilles habitudes comme les accolades, les regroupements de personnes. Toute chose qui donne l’avantage au virus de se multiplier.
L’autre facteur aussi important est la levée du cordon sanitaire et la réouverture des lieux de culte, bars, restaurants et buvettes.
Après des semaines de mise en pratique, le gouvernement béninois a autorisé le 11 mai dernier la levée du cordon sanitaire établi autour des villes de Cotonou, Abomey-Calavi, Allada, Ouidah, Tori-Bossito, Kpomassè, Toffo, Zè, Sô-Ava, Aguégués, Sèmè-Podji, Porto-Novo, Akpro-Missérété, Adjara, et Atchoukpa (commune d’Avrankou) précédemment établi pour réduire la propagation du virus. Malheureusement depuis la prise de cette décision par l’État central, l’effectif des personnes atteintes de la maladie du coronavirus a connu une montée.
Ce qui n’a d’ailleurs rien de surprenant puisque les populations des villes prises en compte dans le cordon sanitaire ont désormais la liberté de voyager dans n’importe quelle ville sans être contrôlées. Aussi le virus pouvant-il séjourner dans l’organisme d’une personne sans que celle-ci ne s’en rende compte, la propagation s’est faite de façon rapide et discrète compte tenu de la violation des mesures barrières surtout dans les lieux de culte et au niveau des transports en commun. Dans ces lieux de cultes, la distanciation sanitaire, le port de cache-nez et le lavage systématique des mains ne sont pas du tout respectés.
Que faut-il donc faire ?
Face à cette situation dont la fin n’est pas pour demain, il est impérieux que le gouvernement prenne ses responsabilités en revoyant surtout sa manière de communiquer. Et pour cela, les autorités doivent très souvent diffuser des images des personnes touchées par le coronavirus pour amener les citoyens à prendre au sérieux cette pandémie. Si ce premier essai est à saluer, il n’en demeure pas moins que ceci doit se faire par plusieurs organes de presse. Aussi, la communication doit-elle se faire plus proche de la population à la base à travers des sensibilisations. Et pourquoi pas ramener le cordon sanitaire si cela est nécessaire pour limiter la propagation de la Covid-19 qui évolue à une très grande vitesse. C’est ainsi que le Bénin viendra à bout de cette maladie.
Samira ZAKARI