GESTION DES BOUES DE VIDANGE A PARAKOU : L’environnement et la santé de la population en péril !

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GESTION DES BOUES DE VIDANGE A PARAKOU

L’environnement et la santé de la population en péril !

La santé des populations dépend fortement de leur cadre de vie. L’entretien et l’emplacement des latrines sont aussi des facteurs non moins négligeables pour un environnement sain. Cependant, dans la ville de Parakou la gestion des latrines des maisons et le traitement des boues de vidange constituent pour l’heure de véritable casse-tête chinois pour autorités et propriétaires de maisons. En attendant la concrétisation de la promesse du projet gouvernemental visant la construction d’une station de traitement des boues de vidange à Parakou, la situation s’empire avec le fort accroissement démographique que connait la ville au grand dam de la santé des populations et de l’environnement.

Wilfried AGNINNIN (Stg)

La gestion des boues de vidange constitue un casse-tête pour les autorités en charge de l’hygiène dans la ville de Parakou. Elles n’arrivent pas à contrôler véritablement l’état des toilettes au niveau des ménages. D’ailleurs les ménages sont moins informés des structures en charge de vidanges des latrines.

Boukari, militaire retraité résidant à Parakou en a cherché en vain et même s’est rapproché de la mairie, mais il n’a pas pu avoir gain de cause. « Nous rencontrons d’énormes difficultés pour la vidange de nos toilettes. On a bien envie de faire la vidange de nos toilettes, mais nous n’arrivons pas à trouver des structures de collecte. A plusieurs reprises, je me suis rapproché de la mairie, mais je n’ai jamais eu satisfaction à ma préoccupation », a-t-il déploré. Ce militaire à la retraite, n’a jamais curé sa latrine. « Je n’ai jamais vidé mes toilettes. Il y a de cela des mois que mes toilettes sont pleines. Actuellement je suis en train de construire une autre toilette, car la première n’est plus utilisable », a fait savoir Boukari. Cependant, il fait usage des produits de traitement des boues de vidange pour atténuer les odeurs. De son côté, Fadjali procède bien à la vidange de sa latrine, mais ces derniers temps il a recherché les structures en charge de ce service sans satisfaction. Fadjali est aussi dépassé du coût. « Pour mettre mon entourage à l’aise, je suis obligé de vider mes toilettes à chaque fois que le besoin se fait sentir. Je me rapprochais de la mairie auparavant mais depuis quelques temps la voirie de la mairie semble ne plus être compétente quant à la question des boues de vidanges dans la ville. Vraiment ce n’est pas chose facile non seulement le déplacement que cela engendre mais aussi le coût élevé qui est à 35000F », se décourage t-il.

Difficultés de traitement des boues de vidange à Parakou

Dans une troisième ville à statut particulier avec plus de 35.000 habitants, sans aucune infrastructure adéquate pour le déversement, le traitement et la valorisation des boues de vidange, cela pose un véritable problème. Même si des dispositions sont prises depuis toujours pour changer la donne, il en demeure pas moins que les populations végètent dans un environnement malsain.

Le directeur du foncier et de l’environnement de la mairie de Parakou Sidi Mama Chabi Mikaïla Tounkou en est conscient de la situation. Selon lui, la gestion des boues de vidange dans la ville de Parakou se fait suivant un mode traditionnel. « La gestion des boues de vidange à Parakou se fait de manière traditionnelle parce que Parakou ne dispose pas pour l’instant d’une infrastructure qui permet le traitement et la valorisation des boues de vidange. Et sur ce, une fois les fosses vidangées, les boues sont déversées à l’air libre mais loin des habitations. Puisque la mairie a veillé qu’on arrête de les verser là où ça se versait au niveau de la zone industrielle pour trouver un autre espace plus loin », a-t-il expliqué.

Tous les ménages n’ont pas les moyens, de répondre au coût de prestation de la méthode de pompage avec des camions vidangeurs va reconnaitre le directeur. « Alors quand la fosse est pleine ils essayent de l’enfermer ou de creuser de trou, de les vider dans ce trou puis fermer. Ce qui ne garantit pas l’hygiène, car ces matières fécales sont sources de beaucoup de maladies et avec la prolifération des mouches » a-t-il martelé. Pour Sidi Mama Chabi Mikaïla Tounkou, plusieurs démarches auprès des partenaires techniques et financiers ainsi qu’au niveau de l’État pour la construction d’une infrastructure ou station ultra moderne de traitement des boues de vidange, sont entreprises.

Dans cette démarche, il poursuit, « la mairie a pu identifier un site de 20 hectares qui va recevoir les infrastructures de traitement de boues de vidange dans le deuxième arrondissement à Wobékouga. Ce site a déjà fait objet d’une étude d’impact environnemental et social dont nous attendons du ministère le certificat de conformité environnemental. Il y a quelques retouches à faire par rapport à ce dossier la mairie s’y attelle pour être en règle. Le dossier évolue et d’ici là nous aurons notre infrastructure en bonne et dure forme ».

Des mesures palliatives de l’Acovimap

L’Association Communale des Vidangeurs Manuelles de Parakou (Acovimap) en collaboration avec la mairie et le système décentralisé financier Bethesda procède à la vidange des latrines au sein des ménages. Cependant, bon nombre de ménages passent des années sans vider leurs latrines des excréments naturels. Pour le président de l’Acovimap Cosme Bade, le processus pour vider sa latrine est simple et ne coûte presque rien et les ménages peuvent vider leurs latrines à la mesure de leur bourse. « A l’aide de notre machine à pompe diaphragme et un tricycle qui a huit bidon, trois bidons de 90 litres et cinq bidons de 60 litres, on vide le Wc. Les huit bidons font 10 mille franc. On avait un camion vidangeur à pompe, mais c’est gâté actuellement. Si les excréments ne sont pas lourds on peut prendre 9 mille franc », a éclairé Cosme Bade.

Selon le président, la destination de ces boues est bien précise. « Après cette étape, les boues de vidanges sont transférées et déversées dans un site aménagé par Bethesda pour la circonstance et situé à Boko un arrondissement de la commune de N’Dali. Ces boues seront par la suite exploitées comme engrais chimique pour les semences ». La demande de la clientèle se fait toujours désirer du côté des ménages a fait savoir Cosme Bade, « C’est au début qu’on trouvait des clients. Maintenant, c’est peut-être une à trois fois le mois qu’on en trouve. Nous, nous sommes disponibles 24h/24 pour faire le travail. Et s’ils vident, ça peut faire un an après avant qu’ils ne fassent une autre vidange », se désole-t-il.

La police sanitaire veille au grain

La police sanitaire agit selon la loi 87-015 portant code d’hygiène en République du Bénin. Pour le Chef Brigade (Cb) de la police sanitaire du Borgou Kandi Chabi Sare, des descentes inopinées sont faites au sein des ménages, marchés, établissements publics et privés pour vérifier le cadre de vie des habitants de ces lieux. « Les sanctions sont appliquées selon le degré de l’infraction. Et ça part de 2000 franc à 1 million voire deux », a expliqué le chef brigade. Selon lui, le cadre de vie des populations a changé comparativement auparavant. Cependant, il reste encore à faire, reconnait le Cb.

En attendant qu’une solution soit trouvée, les populations continuent leur chemin de croix.

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