GROS ORAGES DANS LE SEPTENTRION : Les prémices d’une saison pluvieuse torrentielle . Voici les premières prévisions du professeur Eustache Bokonon Ganta . « Il faudrait s’attendre à une année bien remplie et s’attendre à un débordement des cours d’eaux», prévient le climatologue

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GROS ORAGES DANS LE SEPTENTRION

Les prémices d’une saison pluvieuse torrentielle

. Voici les premières prévisions du professeur Eustache Bokonon Ganta

. « Il faudrait s’attendre à une année bien remplie et s’attendre à un débordement des cours d’eaux», prévient le climatologue

Le centre et le nord Bénin sont caractérisés par un climat tropical avec une saison sèche de novembre à avril et une saison des pluies de juin à septembre. Mais depuis le début du mois de mars, le Nord Bénin enregistre de grosses pluies. Qu’est ce qui peut justifier cet état de chose ? Est-ce déjà le début de la saison des pluies ? Si oui comment serait-elle caractérisée ? Quelles sont les dispositions à prendre au niveau des agriculteurs ? Faut-il commencer les travaux champêtres ou pas ? Pour répondre à ces interrogations, votre journal est allé à la rencontre de l’enseignant-chercheur à l’Université de Parakou, le directeur du laboratoire de climatologie de la Faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines (Flash), professeur Eustache Bokonon Ganta. Lisez-plutôt.

Wahabou ISSIFOU

Daabaaru : Depuis un certain temps, le septentrion a enregistré quelques pluies partielles. Dites-nous, est-ce déjà le début de la saison pluvieuse ?

Professeur Eustache Bokonon Ganta : En fait, nous sommes en début avril et selon les derniers documents de très bonnes qualités qui ont été élaborés et diffusés au niveau du ministère de l’environnement avec l’appui de la Giz, on s’aperçoit que nous sommes normalement au début de la saison des pluies. En fait, il s’agit de la grande saison des pluies. Mais ce début est caractérisé par ce que nous appelons une transition humide avant l’installation des grosses pluies continuent. Dans ce cas c’est la saison des pluies, vous enregistrez des pluies entre tous les cinq jours, ensuite tous les trois jours, ensuite pratiquement tous les jours jusqu’à ce qu’on enregistre la pluie de trois jours continue. Actuellement nous sommes dans la série des pluies éparses, dispersées, ce n’est pas encore le gros rouleau compresseur de la mousson qui nous arrive avec des pluies continues sur toute l’étendue du territoire ; notamment en ce qui concerne les régions de Parakou où nous sommes. Mais il y a eu de très gros orages, très violents. Les orages sont caractéristiques de l’avancée de la mousson. Ces orages précèdent l’installation des grandes saisons pluvieuses. Actuellement au sud tous les paysans ont commencé par emblaver les champs parce que sinon ils seraient en retard. Cette année pluvieuse a commencé précocement. On a eu les pluies de manges comme on le dit généralement même si cette année les manges sont un peu déficitaires, on a eu deux grosses pluies qui ont suivi et il y a à peu près huit jours qu’on a enregistré une très violente pluie sur deux jours. Hier même on a eu quelques ondées qui ont crachoté un peu partout dans la ville de Parakou, mais ce ne sont pas encore les pluies continuent qui caractérisent la pleine saison pluvieuse. Mais cela ne veut pas dire que la saison agricole ne devrait pas commencée. Il y a des travaux préparatoires qu’il faut faire…C’est une année qui commence tôt et une saison qui va être durable même s’il y a des échéances de quatre à cinq jours entre les différentes pluies.

On constate que la chaleur n’a pas diminué

Non, la chaleur ne peut pas diminuer d’abord. Une des conditions pour qu’il pleuve c’est qu’il ait beaucoup de chaleur pour accroître l’évaporation des plans d’eaux, des zones d’eaux et des forêts et marécages. Et cette évaporation fournie de la vapeur d’eau à l’atmosphère. Mais comme nous avons eu un harmattan très poussiéreux, sévère cela offre la deuxième condition ; c’est des noyaux des condensations des petites particules fines qui permettent d’enrôler la vapeur pour pouvoir les transformer en grain d’eau. Donc avec le refroidissement d’altitude nous avons les conditions installées pour qu’il y ait de bonnes pluies déjà de toutes les façons.

Nous sommes au 3 avril, à quelle date on peut déjà commencer par enregistrer les pluies continues?

On devrait avoir d’ici quelques jours encore de grosses pluies, ce n’est pas du charlatanisme mais c’est le fonctionnement normal de la gestion de mousson au Bénin et il faut attendre vers mai, c’est surtout en mai que nous avons des pluies continues et qui peuvent tous les trois jours descendre parce que le rouleau vient de l’océan et en ce moment là, l’anticyclone de sainte Hélène qui nous envoie les gros nuages est remonté vers les côtes du Gabon donc très proches de chez nous.

Alors depuis quelques années déjà nous constatons que les saisons pluvieuses sont de plus en plus orageuses. Est-ce que cela va s’amplifier cette année ?

Il y a des chercheurs qui ont, à partir de prévision sur une longue période déjà et à partir de la loi de Gumbel qui prédit le retour des phénomènes exceptionnels, ils disent que déjà il va y avoir a peu près une situation pareille à 2010. C’est une prévision ; attendons pour voir, mais ce qui est sûr cette année a commencé très tôt avec de gros orages et on sait que ce sont les orages qui gonflent les cours d’eaux. Les pluies normales régulières ne gonflent pas les cours d’eaux. Les orages provoquent beaucoup de pluies en un temps record et c’est cela qui gonfle les cours d’eaux. Plus une année est orageuse, plus vous avez la chance d’avoir des débordements de cours d’eaux et une saison bien établie.

Est-ce qu’on doit s’apprêter à avoir des inondations ?

En tout cas moi j’avais déjà commencé à en parler depuis décembre qu’il faudrait s’attendre à une année bien remplie et s’attendre à un débordement des cours d’eaux, au moins en ce qui concerne la région de Parakou ici. Et puis parce qu’il va y avoir beaucoup d’eaux au nord comme au sud, nous devons avoir les systèmes récurrents que nous avions eu avec l’Okpara, l’Ouémé, avec l’intensification des débordements de cours d’eaux dans les basses zones. C’est une année qui ressemble à d’autres qu’on a déjà connu, au plan climatique bien entendu.

Un message à l’endroit de la population, quelles sont les dispositions qu’elle doit prendre ?

En fait, les inondations ne sont pas mauvaises pour tout le monde. Les inondations sont peut-être mauvaises pour les paysans qui ont installé leurs champs dans les bas-fonds, dans les zones basses et qui n’ont pas eu le temps de récolter précocement. Les inondations sont bonnes pour les pêcheurs parce que tous les plans d’eaux sont ensemencés, les poissons reviennent et autres. Les inondations sont bonnes pour l’agriculteur lorsque l’eau s’est retirée, les sols sont fertiles et produisent beaucoup de bonnes céréales, de bonnes récoltes. Un peu comme dans la basse vallée de l’Ouémé, eux ils font trois récoltes de maïs par an, voyez ça c’est lié à l’inondation. D’abord pour une première saison ensuite quand les eaux envahissent tout le monde, les eaux se retirent. Donc ils ont à peu près tout le temps le maïs de trois à quatre mois. Ils ont trois saisons, donc les inondations ne sont pas mauvaises pour tout le monde. La seule chose qu’il faut faire, c’est surveiller…Les populations maîtrisent ça déjà. C’est une question disons, d’être attentif aux différents signes de la nature, il y a des signes qui indiquent la nature des eaux, il y a des signes déjà qui annoncent des vents violents et autres donc les populations sont au courant de ces événements mais pendant longtemps nous les avons empêchées de les utiliser en leur disant que ce sont les prévisions météorologiques modernes qui sont la chose qu’il faut poursuivre. Maintenant il faut renouer avec les savoirs endogènes pour que les populations revisitent leurs stratégies endogènes et puissent les appliquer bien entendu en enlevant tout ce qui est mysticisme et autres pour que ce soit plus opérationnel. C’est ce à quoi le laboratoire de climatologie travaille…

Votre mot de la fin ?

Je crois que cette année 2020 malgré tout ce que ça circule comme pandémie va nous apporter beaucoup à manger, ça je suis totalement persuadé. Et on prie pour qu’il n’y ait pas de dégâts liés aux catastrophes hydro climatique.

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Daabaaru