Au Bénin, la fin d’année rime généralement avec la hausse des prix des produits de grande consommation sur le marché. En plus des différentes dépenses notées en cette période décisive, les consommateurs doivent faire face à la flambée incontrôlée des prix des produits. Une inflation paradoxale qui fait plus de malheureux que d’heureux. Mais cette situation récurrente qui prend l’allure d’une normalité peut être favorisée par certains facteurs, soutien l’économiste Aimé Kocou Dadégnon.
Samira ZAKARI
C’est la fin d’année et déjà sur le marché, les consommateurs sont confrontés à la hausse des prix des produits. C’est le cas par exemple de l’huile, du sucre et du blé dont les prix sur le marché ont connu une nette augmentation. Et la situation est la même chaque année comme le décrit Oscar O. «Actuellement seuls les « debouts », arrivent à acheter de l’huile d’arachide qui a doublé son prix. Mais bon, on est habitué à ça à chaque fin d’année.», a-t-il déploré.
Flambée des prix des produits en fin d’année, quelle explication ?
Plusieurs facteurs peuvent être à l’origine de la hausse des prix des produits en fin d’année croît savoir l’économiste Aimé Kocou Dadégnon. À l’en croire, «ces facteurs peuvent être classés en deux grands groupes à savoir : les facteurs liés aux mécanismes de production et de distribution des produits (notamment le coût des facteurs de production, le transport, les taxes, etc.) et surtout les facteurs liés aux comportements des agents économiques sur le marché (la loi de l’offre et de la demande, les spéculatives, etc.).
Pour ce qui concerne les facteurs liés aux mécanismes de production et de distribution des biens et services, il faut noter principalement que les producteurs et commerçants tiennent compte des coûts de production de leur biens et services pour fixer le prix». Ainsi, ces coûts de production comprennent la main-d’œuvre, les matières premières, les machines, etc. Ils incluent également les frais de transport et des taxes diverses pour les commerçants.
Par ailleurs, «En ce qui concerne les facteurs liés aux comportements des agents économiques sur le marché, il faut reconnaître que dans la pratique économique, lorsque la demande d’un bien augmente, son prix augmente également. C’est exactement ce qu’on constate à l’approche des fêtes de fin d’année où on note une forte augmentation de la demande de nombreux produits, notamment les jouets, les produits alimentaires, les décorations, les vêtements et bien d’autres.
De même, les prix des matières premières utilisées pour fabriquer les produits peuvent augmenter à la veille des fêtes. Par exemple, «les prix de la main d’œuvre, de l’énergie, du pétrole, et des métaux peuvent influencer les coûts de production des biens», a expliqué le spécialiste qui ajoute par la suite que la forte demande des produits, les entreprises peuvent être amenées à augmenter leur capacité de production, ce qui peut engendrer des coûts supplémentaires liés à la main-d’œuvre (heures supplémentaires, embauche temporaire) et aux matières premières. Ces coûts selon l’économiste Aimé Kocou Dadégnon, entraînent souvent l’augmentation des prix des produits.
De même, parallèlement, l’inflation généralisée dans certains secteurs (notamment l’agriculture et l’industrie) peut contaminer les autres secteurs et faire monter tous les prix. «En somme, la hausse des prix à l’approche des fêtes de fin d’année résulte d’une combinaison de facteurs liés à l’augmentation de la demande, aux coûts de production, à la logistique, aux taxes diverses auxquelles font face les commerçants, à l’inflation, ainsi qu’aux comportements spéculatifs des agents économiques. Tout cela crée une pression à la hausse sur les prix, que les consommateurs ressentent particulièrement lors des achats pour les fêtes», a précisé le spécialiste qui indique que la pression baisse et les prix reviennent à la normale après les fêtes. Mais, les entreprises (producteurs et commerçants) ont eu le temps de maximiser leurs profits en capitalisant sur la demande accrue de leurs produits.
Face à cette situation qui occasionne plus de dépenses que d’habitude, l’économiste Aimé Kocou Dadégnon pense que «les pouvoirs publics peuvent veiller à la transparence dans la fixation des prix de manière à empêcher les surenchères. Ils peuvent aussi encourager la production locale pour réduire les coûts de transport et l’inflation importée. Les autorités peuvent également réduire les taxes douanières sur les produits de grande consommation en cette fin d’année». Toute chose qui sera une aide aux populations à mieux faire face à cette période de grandes dépenses.