HYMNE NATIONAL DU BENIN : Plus le temps passe, plus les paroles s’envolent ! .Que reste-t-il de l’Aube Nouvelle ?

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HYMNE NATIONAL DU BENIN

Plus le temps passe, plus les paroles s’envolent !

.Que reste-t-il de l’Aube Nouvelle ?

Parmi les symboles d’une Nation, l’hymne se présente comme le plus fort à travers lequel tout un peuple se reconnait. Au Bénin, l’hymne national est appelé l’Aube Nouvelle, et est exécuté lors des cérémonies officielles de l’Etat ainsi qu’à la montée ou à la descente des couleurs nationales. Ce chant qui revêt assez de sens semble être de plus en plus négligé par une bonne frange de la population surtout les jeunes. Ainsi, la tonalité, la rythmique et les paroles de ce chant de ralliement sont plus méconnues aujourd’hui qu’hier. Cette situation interpelle la conscience de chaque béninois pour la restauration de cette valeur nationale.

Samiratou ZAKARI

L’hymne national est une importante caractéristique identitaire et culturelle d’un pays. Au Bénin, il est appelé Aube Nouvelle et l’abbé Gilbert Dagnon en est l’auteur. Cet hymne a été adopté et chanté pour la première fois le 1er août 1960 lors de la première célébration de l’indépendance. Après que le Dahomey soit devenu République populaire du Bénin en 1975, l’hymne national a été conservé mais a connue quelques modifications au niveau des mots « Dahomey » et « Dahoméen » ont été respectivement remplacés par les mots « Bénin » et « Béninois ».

Des messages véhiculés par les textes de l’hymne national

L’objectif ultime de l’hymne national est de mettre en valeur le pays par rapport au reste du monde en mettant en exergue ses aspirations et ses croyances. L’Aube Nouvelle comme les hymnes nationaux de tous les pays retrace à travers les textes l’histoire de tout le peuple, fournit la plus forte et la plus claire déclaration d’identité nationale. « L’aube nouvelle nous reflète en quelques sorte ce qu’a été notre pays au temps de nos amazones (Bio Guerra, Kaba, Béhanzin). Ça nous rappelle tout ces souvenirs là », a confié le fonctionnaire à la retraite Thomas Maurice. Du troisième en passant par le deuxième et le premier couplet, l’Aube Nouvelle appelle les fils du Bénin à l’union, leur rappelle les richesses de leur sol, de croire en l’avenir pour vivre heureux dans l’abondance, tout en ayant à l’esprit le bien-être de la postérité.

L’importance de l’hymne national hier à aujourd’hui

L’hymne national est d’une importance capitale car il porte un aspect symbolique. Il représente en effet la signature de tout le peuple. Autrefois, la simple mélodie de l’hymne national avait le potentiel de consolider davantage les valeurs et l’esprit communautaire à l’intérieur du pays, tout en renforçant son image identitaire à l’extérieur. Thomas Maurice confie que l’Aube Nouvelle est une chanson sacrée vu son importance qui rappelle aux béninois leurs origines. « En notre temps, on était fier d’appartenir au Bénin quand on chante notre Aube Nouvelle, quand on écoute les messages qu’il transmet. Toute l’histoire et l’importance de l’hymne national nous étaient enseignées dans l’administration coloniale et on avait conscience de tout cela. Et même quand il y a des différends entre nous, on mettait tout de côté et on se mettait véritablement au travail pour construire notre cher Dahomey qui nous est très cher, comme le recommande notre hymne », a-t-il déclaré.
Il ajoute, « même quand les joueurs vont à une compétition, on dit souvent qu’ils vont pour défendre les couleurs nationales et là, c’est du drapeau et de l’hymne national qu’il s’agit »

Malheureusement l’Aube Nouvelle perd aujourd’hui toute son importance dans le rang des béninois surtout des jeunes. Nombre sont les béninois qui aujourd’hui ne maîtrisent pas le texte de l’Aube Nouvelle. Sur 6 personnes interviewées dans la ville de Parakou sur la compréhension de l’hymne national, à peine deux maîtrisent les 2 premiers couplets. Pire encore, il y a des béninois qui n’ont jamais su que l’hymne national du Bénin s’appellent ‘’Aube Nouvelle’’. Quant au troisième couplet, il semble être réservé uniquement aux curieux en dehors des instituteurs qui s’efforcent de le connaître vaille que vaille par obligation pédagogique. De même, la rythmique et la tonalité ne sont plus uniformes. Chacun chante l’Aube Nouvelle à sa manière soit par fantaisie ou par méconnaissance des normes d’exécution de ce chant sacré. Ce désintéressement des béninois pour leur hymne a bien des raisons.

Des raisons

Pour Thomas Maurice, tout est une question d’éducation. « Si nous, à l’époque coloniale on nous parlait de l’importance à accorder à l’hymne national, ce n’est plus le cas maintenant. C’était une tradition pour nous d’aller au mât chaque matin et de chanter l’Aube Nouvelle dans les administrations, on a été éduqué ainsi dans l’administration coloniale mais il n’y a plus cette rigueur aujourd’hui même dans les écoles », a-t-il déploré.
Karim Lafia instituteur à la retraite quant à lui constate, « l’Aube Nouvelle a bercé notre enfance nous, et à l’école ont nous l’apprenait avec chicotte en main. Mais aussi la profondeur du message des textes nous motivait à l’apprendre avec plaisir. Mais aujourd’hui, les jeunes ne veulent rien savoir de l’histoire de leur peuple, et même à l’école les enseignants ne mettent pas la rigueur qu’il faut dans l’apprentissage de ce chant et même l’histoire du Bénin est passée en brève alors qu’elle devait faire objet d’une attention particulière. Cette situation est déplorable et montre à quel point les béninois sont en perte de valeur ».

Au vue des innombrables richesses à tirer de l’Aube Nouvelle et de l’histoire de cet hymne, il faut une prise de conscience de tous les fils de ce pays afin de corriger le tir. Pour cela, Thomas Maurice appelle les uns et les autres à une prise de conscience afin que le Dahomey d’hier retrouve toute sa lettre de noblesse d’antan.

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