Les carottes sont cuites. Les militaires ont mis fin au pouvoir du Président Roch Christian Marc Kaboré. Annoncé comme une rumeur, le coup d’état a été officiellement consommé dans le pays des hommes intègres. Les putschistes l’ont confirmé à travers une déclaration lue dans la soirée du lundi 24 janvier 2022. Cinq grandes décisions ont été prises par le nouveau gouvernement. Il s’agit de la suspension de la constitution, de la dissolution du gouvernement et de l’Assemblée nationale, de la fermeture des frontières terrestres et aériennes jusqu’à nouvel ordre et de l’instauration d’un couvre-feu de 21heures du soir à 5heures du matin. Le virus de l’instabilité politique prend peu à peu de l’ampleur en Afrique de l’ouest.
En effet, le pays était en ébullition depuis la nuit du samedi 22 au dimanche 23 janvier 2022. Des tirs ont été entendus au camp militaire Sangoulé Lamizana de Ouagadougou, capitale du Burkina-Faso et plusieurs autres localités du pays. A travers un communiqué publié le dimanche dernier, le gouvernement avait reconnu « l’effectivité des tirs dans certaines casernes » mais avait démenti les informations véhiculées sur les réseaux sociaux tendant à faire croire à une prise de pouvoir par l’armée. Une thèse qui n’avait alors pas été vérifiée. La suite des événements, nous la connaissons. Le président Christian Kaboré est renversé par les militaires dans la matinée du lundi 24 janvier 2022.
Selon les arguments avancés par la junte militaire, ce coup d’état est intervenu en raison « de la dégradation continue de la situation sécuritaire qui menace les fondements de la Nation et de l’incapacité manifeste du pouvoir Roch Kabore à unir les burkinabè pour faire face efficacement à la situation et suite à l’exaspération des différentes couches sociales de la Nation ». Dans le communiqué lu sur la chaîne de télévision Rtb par Paul-Henri Sandaogo Damiba, président du mouvement ayant mené le coup d’état militaire, le gouvernement burkinabè et l’Assemblée Nationale (An) sont dissous jusqu’à nouvel ordre. De même, les frontières terrestres et aériennes sont fermées pour le moment. Nécessité donc pour les pays limitrophes de se mettre en quarantaine.
Comme à son habitude, la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), a protesté foncièrement contre cette action des soldats burkinabés avant de les inviter à retourner dans leurs casernes et à maintenir une posture républicaine tout en privilégiant le dialogue avec les autorités.
Elu en novembre 2020 pour un second mandat de 5 ans à la tête du Burkina-Faso, Christian Marc Kaboré sort par la petite porte. En attendant, la situation est tendue au pays des hommes intègres.
Daniel KOUAGOU