LITTÉRATURE/LE LIVRE ET LE NUMÉRIQUE : Un mariage nécessaire, selon le documentaliste Didier Voïtan

1 an ago | Written by
10 251 vues
0 0

 

Dans un monde en évolution digitale, favorable aux livres numériques, bon nombre de lecteurs se demandent la place à reverser aux livres en papier. À cette préoccupation, le documentaliste-informatiste Didier Voïtan pense que le livre et le numérique se complètent. Il l’a fait savoir à travers sa chronique littéraire intitulée, “Le livre et le numérique: un mariage nécessaire”. Lisez ci-dessous l’intégralité de son opinion.
Athalie GBAGUIDI (Stg)

 

CHRONIQUE LITTERAIRE
Titre : Le livre et le numérique: un mariage nécessaire
Des dessins figuratifs à l’imprimerie de Jean Gutenberg en passant par les tablettes en bois sans oublier les papyrus puis les parchemins, le livre n’a de cesse connu des changements dans le temps. La révolution du livre est en marche avec l’apparition au 21 siècle de la forme numérisée du livre papier. Mais depuis, le temps semble l’arrêter.

Prédit pour disparaître depuis plus de 20 ans, le livre papier affiche visiblement une résilience à ce qu’il importe d’appeler le nouvel ordre mondial : le digital.
Pendant combien de temps, cette résistance pourrait-elle tenir ?
La question vaut son pesant d’or dans un contexte où le livre papier occupe toujours le devant de la scène en dépit des mutations constantes que connait le monde. L’avenir du livre pourrait-il s’écrire toujours en papier ?

Bien de raisons semblent nous conforter dans cette thèse quoique fragile.

La raison principale de cette résilience trouve son essence dans la préférence des lecteurs pour le livre papier. Le livre imprimé représente même plus de 90% de vente de livres en France par exemple.
En plus, d’autres facteurs justifient la prévalence du livre papier. Nous pouvons citer en autres :

Les méthodes d’apprentissage de la lecture notamment en Afrique privilégiant le livre papier.

La personnalité et l’aspect fortement culturel matérialisés par la présence significative voire imposante du livre papier dans les rayons de nos bibliothèques.

Indépendamment de son contenu, le livre imprimé procure des sensations. Le livre se voit, se sent et se touche autant qu’il se lit.
De par son caractère pratique, le livre papier ne dépend pas de la technique pour être lu. Nul besoin de batterie, de connexions internet et d’écran cathodique. On peut l’emporter dans un sac à dos et le lire partout même au milieu d’un désert ; nous diront les ardents défenseurs du livre papier.

Toutefois, remarquons que les pratiques évoluent de manière accélérée, les perceptions changent avec le temps. Ce qui était une vérité hier, ne l’est plus aujourd’hui. La stratégie de l’autruche consistant à feindre de ne pas voir le danger n’arrange ni les auteurs, ni les éditeurs, ni même les libraires et les bibliothécaires ; bref tous les acteurs du livre.
La survie apparente du livre papier ne doit pas occulter la réforme nécessaire dans l’industrie du livre surtout en Afrique.

La révolution numérique que connaissent les autres secteurs du monde tend à la généralisation qui conduira à coup sûr à un changement de modèle. Le statut des futurs demandeurs des productions livresques changera avec l’émergence assurée d’une nouvelle forme de consommation technologique dominée par la digitalisation.

Les prémices de cette révolution

culturelle à venir sont déjà perceptibles avec le développement par les libraires de nouvelles manières de vendre avec des boutiques en ligne ; les Bibliothèques avec désormais les bibliothèques en ligne ; les éditeurs avec la promotion digitale de leurs titres ; les auteurs avec la publication sur internet de leurs œuvres…….. Loin d’une menace, la révolution numérique du livre doit être vue et perçue comme un atout clé pour faciliter et satisfaire le nouveau marché éditorial.
Les acteurs du livre en Afrique sont-ils déjà prêts à ce changement qui induit forcément des bouleversements dans nos pratiques ?

Sans être un révolutionnaire extrémiste, les spécialistes du livre au Bénin doivent approfondir les réflexions sur comment actualiser les services liés aux livres afin de lever les barrières de la digitalisation. Les nouveaux outils de communication constituent une opportunité pour le livre et le secteur du livre. Bien utilisés, ils peuvent transmettre le goût de la lecture, notamment auprès de nouveaux publics surtout les jeunes : premiers accros et consommateurs des NTICs. Le livre papier ne s’en sortira pas affaibli mais renforcé.

Plus besoin d’être réticent ou opposé au numérique ; plutôt consentir à ce mariage nécessaire entre le livre papier et le digital. Le numérique est l’avenir du livre imprimé. Il ne le remplace pas, il le complète.

Le digital offre de multiples avantages qui expliquent sa progression d’années en année. Vu en tant que tel, la rivalité entre livre papier et livre numérisé n’a plus sa raison d’être. On doit s’ouvrir à la modernité sans pour autant faire disparaître le livre papier. La combinaison des deux aura le mérite d’offrir à nos cibles au profil varié l’opportunité de trouver leur compte.
Dans de nombreuses situations, on aime pouvoir disposer de ses livres préférés, mais il n’est évidemment pas possible d’emporter avec soi toute sa bibliothèque, même partiellement. C’est là qu’une tablette se révèle par exemple utile.

Somme toute, ce qui peut plus menacer les livres imprimés, ce ne sont pas les livres numériques mais une numérisation sauvage du monde contemporain.

Une vidéo bien réalisée n’aura jamais la même profondeur et le même impact à long terme qu’un livre bien rédigé et bien imprimé. Et cela, c’est avant tout une affaire de culture, au sens large.
Didier VOITAN, documentaliste-informatiste, Directeur Bibliothèque CAEB Parakou

Article Categories:
A la une · Littérature

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Daabaaru