Un couple se plaçant bague au doigt
Les mariages forcés et précoces sont des faits de société qui touchent les jeunes filles mineures. Malgré les sensibilisations des autorités à divers niveaux, la pratique continue silencieusement dans les contrées du Bénin en violation des droits humains. Pourtant, elle n’est pas sans conséquences sur les victimes qui en sortent avec des séquelles à vie.
Ramziath OSSENI (Stg)
12 millions de filles sont mariées de force avant l’âge de 18 ans chaque année dans le monde selon le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (Unicef). Au Bénin, le phénomène à la peau dure et fait des victimes silencieuses. Les mariages forcés et précoces sont une mauvaise pratique traditionnelle qui prive les filles de leurs droits laisse sur elles, de lourdes conséquences.
Régis Debléo sociologue donne quelques explications sociologiques du phénomène. Selon lui, le mariage forcé et précoce entraîne de graves conséquences sur la vie des victimes. «Tout d’abord, elles peuvent être victimes des violences psychologiques. Comme par exemple, on peut citer la perte de confiance en soi-même, des angoisses liées à la rupture familiale. Elles manifestent également des sentiments de honte et de culpabilité. Dépourvues de toute éducation sexuelle, elles peuvent être aussi victimes des violences conjugales de la part de leur mari souvent plus âgés ».
Par ailleurs, les grossesses non désirées qui découlent de ces unions peuvent avoir de graves répercutions sur la santé des victimes et conduire dans certains cas, à la mort selon le sociologue. « Les maladies sexuellement transmissibles telles que le Vih/Sida, l’hépatite B et C sont mortels. En plus, les victimes subissent le harcèlement moral, la pauvreté », a-t-il ajouté. De même, les mariages forcés et précoces empêchent les femmes de sortir de la pauvreté. Roukayath Taïrou informaticienne et explique que « tel que le monde évolue aujourd’hui, personne ne peut forcer les filles à se marier contre leurs volontés. En plus, le Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme (Hcdh) et l’Organisation Mondiale de la Santé (Oms) luttent pour ces genres de mariages. Donc désormais elle savent où aller se plaindre pour ces genres de situations ».
Compte tenu de ces conséquences dommageables sur la vie des victimes, les autorités à divers niveau mènent une lutte contre le phénomène à travers les sensibilisations des parents. Toute chose qui permet un changement des mentalités même si tout n’est pas encore parfait. Pour lutter contre les mariages forcés et précoces, le Président exécutif de l’association Wendia Fáabà Ouchamou Lafia Bio Yerima propose des actions telles que « les séances de sensibilisation à l’endroit des populations; les focus groupes pour prendre les impressions des membres de la communauté sur les mariages précoces et forcés; les activités de clarification des valeurs des leaders religieux et communautaires et des séances de plaidoyer à l’endroit des autorités pour la répression. Pour éviter ces mariages les concernées peuvent se plaindre au guichet et chez les responsables et assistants sociaux ».
Cependant, des efforts restent encore à faire pour lutter efficacement contre ce phénomène.